Deux hommes créent des gants "spécial règles" et ils ont fait n'importe quoi
Alors que le débat sur la précarité menstruelle est plus que jamais d'actualité, deux jeunes entrepreneurs allemands ont été persuadés d'avoir eu une idée de génie en créant des gants menstruels. Mais, loin d'être un succès, le gant rose "Pinky" imaginé par les deux hommes a créé un véritable tollé sur les réseaux sociaux. Et on comprend pourquoi.
Le grand public n'a jamais autant entendu parler des règles que ces derniers mois, et c'est une très bonne chose. Il est grand temps de briser le tabou autour des menstruations et de rappeler un certain nombre de points : les règles ce n'est pas sale, les hommes trans ont leurs règles... Et il n'y a pas que les tampons dans la vie. De plus en plus d'alternatives existent pour les personnes qui ont leurs règles : culottes menstruelles, serviettes lavables, ou cup, toutes les options sont bonnes à prendre, en particulier si elles permettent de lutter contre la précarité menstruelle, toujours aussi difficile à vivre pour les personnes concernées.
Vdéo. Pour en finir avec la charge mentale des poils !
Les gants de la discorde
Seulement voilà, derrière les règles, il y a aussi tout un business qui peut s'avérer particulièrement juteux, et qui a le don d'attirer de jeunes entrepreneurs. Y compris quand ces derniers n'y connaissent visiblement pas grand-chose aux règles. André Ritterswürden et Eugen Raimkulow, militaires allemands, ont présenté il y a quelques jours leur "idée de génie" dans l'émission Die Höhle der Löwen (La fosse aux lions) dans l'espoir de décrocher des investissements pour un produit censé révolutionner l'hygiène menstruelle.
Le produit en question ? Pinky, un gant en plastique rose (forcément) qui permettrait aux personnes réglées de changer de serviette ou de tampon sans se salir les mains, et de s'en servir pour emballer la protection périodique de manière efficace afin de la dissimuler à la vue de tous.
Dans leur pitch, André Ritterswürden et Eugen Raimkulow affirment : "Nous comprenons vraiment les femmes", et disent avoir mené leur petite enquête pour concevoir leur produit. Comment ? En "osant regarder dans la poubelle" de leurs colocataires féminines, afin de constater que les protections emballées dans du papier toilette "ne sentent pas bon" et qu'au bout d'un certain temps, le papier hygiénique se dissout et "on voit les tampons, et ce n'est pas très agréable."
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Un objet sexiste, inutile et polluant
Dans le cadre de l'émission, les deux entrepreneurs allemands ont réussi à décrocher un investissement de 30 000 euros de la part de l'homme d'affaires Ralf Dümmel. Toutefois, très vite, leur invention est devenue la risée du web, provoquant aussi bien l'hilarité face à un tel projet, que la colère des personnes réglées, lassées de voir des hommes cis (cisgenre, personne dont l' identité sexuelle correspond à son sexe assigné à la naissance, ndlr) se faire de l'argent sur leur dos. Car leur projet de gant rose a forcément un prix : pas loin de 12 euros pour 48 gants, soit bien plus cher que les classiques gants à usage unique, qui peuvent avoir exactement la même utilité, et coûtent en moyenne 8 euros la boîte de 100. Outre le côté inutile et sexiste de par la couleur de ce gant Pinky, le problème de la pollution a également été soulevé : a-t-on besoin de rajouter du plastique supplémentaire aux protections menstruelles, qui représentent déjà en moyenne 150kg de déchets dans la vie d'une personne réglée ?
Dans l'équipe de conception de ce produit qui risque de bien faire rire toutes les personnes réglées, zéro femme, sans grande surprise. Les deux entrepreneurs avancent pour leur défense qu'ils ont "consulté des personnes concernées" pour concevoir leur produit, et qu'ils sont eux-mêmes "mariés à des femmes". Bref, pas grand chose à garder de tout cela, si ce n'est une preuve supplémentaire que les hommes cis tiennent toujours autant à avoir leur mot à dire au sujet des menstruations, en particulier lorsqu'il s'agit de les dissimuler. Dans une vidéo, les deux entrepreneurs ont admis qu'ils n'avaient pas encore complètement fait le tour du sujet". Mais toutes les personnes réglées semblent d'accord sur un point : l'essentiel autour des règles est de trouver un moyen de rendre les protections périodiques plus abordables, voire gratuites pour toutes les personnes qui en auraient besoin.
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