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Des centaines d'habitants du sud du Liban ont bravé dimanche l'armée israélienne et tenté de retourner dans leurs villages, certains toujours occupés par les forces israéliennes qui ont ouvert le feu en leur direction, faisant 15 morts selon les autorités libanaises.Des correspondants de l'AFP ont vu des convois de dizaines de voitures, brandissant les drapeaux jaunes du Hezbollah libanais, converger vers plusieurs villages dévastés par la guerre entre la formation pro-iranienne, qui en ressortie affaiblie, et l'armée israélienne.En vertu de l'accord qui a mis fin le 27 novembre à deux mois de guerre ouverte, seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU peuvent être désormais déployés dans le sud du Liban, d'où l'armée israélienne était censée avoir achevé son retrait le 26 janvier.Mais Israël a annoncé vendredi que l'opération de retrait se poursuivrait au-delà de cette date limite, estimant que l'accord "n'a pas été totalement accompli par le Liban".L'armée israélienne a tiré dans plusieurs localités frontalières sur "des citoyens qui tentaient de revenir dans leurs villages", faisant 15 morts, dont un soldat de l'armée libanaise et trois femmes et des dizaines de blessés, selon le ministère libanais de la Santé.De son côté, l'armée israélienne a indiqué que ses soldats avaient tiré "des tirs de sommation pour éliminer des menaces dans plusieurs zones où des suspects ont été identifiés en train de s'approcher des troupes", ajoutant avoir "appréhendé des suspects" qui "constituaient une menace imminente".Les Casques bleus, qui ont estimé que les conditions d'un retour des habitants n'étaient "pas encore réunies", ont déclaré qu'il était "impératif d'éviter toute détérioration supplémentaire de la situation" et appelé l'armée israélienne à "éviter de tirer sur des civils en territoire libanais".- "Nous allons revenir" -Un correspondant de l'AFP a vu des centaines d'habitants dans la ville de Bint Jbeil se rassembler dans la rue principale pour prier lors d'une cérémonie religieuse, avant de se diriger en cortège vers les villages voisins.Selon lui, des dizaines d'habitants de la localité frontalière de Maïss al-Jabal se dirigeaient à pied vers le village dévasté, où l'armée israélienne est toujours déployée.Ils brandissaient des portraits de l'ancien chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, tué par Israël fin septembre, et des photos de leurs proches qui ont péri dans la guerre entre Israël et le Hezbollah qui avait contraint 900.000 personnes au Liban à la fuite et fait plus de 4.000 morts d'après les autorités libanaises."Nous allons revenir dans nos villages et l'ennemi israélien va partir, même si cela fera des martyrs", a affirmé à l'AFP Ali Harb, un jeune homme de 27 ans qui tentait de revenir dans le village dévasté de Kfarkila.Dans un autre village frontalier, Maroun al-Ras, des images diffusées par des chaînes locales ont montré des soldats libanais et des hommes brandissant des drapeaux du Hezbollah et de son allié, le mouvement Amal, à quelques mètres d'un char israélien.Parallèlement au retrait israélien, l'accord prévoit que le Hezbollah retire ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démantèle toute infrastructure militaire restante dans le sud.Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait appelé les habitants du sud sur X à "attendre" avant de revenir. "Ne permettez pas au Hezbollah de revenir et de vous utiliser (...)", a-t-il dit.- Appel aux parrains de l'accord -Le président libanais Joseph Aoun a invité les habitants à faire preuve de "sang-froid" et à "avoir confiance en l'armée libanaise", "soucieuse d'assurer votre retour en sécurité dans vos foyers et vos villages".De son côté, le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé dimanche "les parrains de l'accord de cessez-le-feu à assumer leurs responsabilités (...) et à contraindre l'ennemi israélien de se retirer des territoires qu'il occupe".Un mécanisme de surveillance réunissant la France, les Etats-Unis, le Liban, Israël et les Casques bleus, a été mis en place pour surveiller l'application de l'accord.L'armée israélienne a retiré ses forces du secteur côtier du sud du Liban mais est demeurée dans les zones plus à l'est.Disant agir en soutien à son allié le Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël au lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, où une trêve fragile est aussi en vigueur, depuis le 19 janvier.Ce front avait dégénéré en guerre ouverte en septembre dernier, Israël bombardant la capitale Beyrouth et infligeant plusieurs coups durs au puissant mouvement libanais.str-kam-at-jos/anr