Fary victime de "discrimination" dans "On n'demande qu'à en rire" : "Au fond de moi, j'en veux à Laurent Ruquier par rapport à ce moment-là"
Fary a commencé à jouer ses sketches très tôt, alors qu'il était au lycée. Avant de rencontrer le succès qu'on lui connaît, l'humoriste a vécu de nombreux échecs. Ainsi, il garde un mauvais souvenir de sa participation à l'émission "On n'demande qu'à en rire" sur France 2. Mais au-delà des prestations dont il n'est pas satisfait aujourd'hui, il s'est souvenu d'un épisode teinté de racisme qui l'a profondément marqué.
Avant de remplir des salles comme le théâtre du Châtelet, Bercy ou même de se produire à Roland-Garros, Fary a connu des difficultés dans sa carrière d'humoriste, démarrée très tôt. Invité dans le podcast "Canapé Six Places" de l'influenceuse Léna Situations, l'artiste s'est souvenu d'un épisode de sa vie qui lui a laissé des séquelles : sa participation, à à peine 18 ans, à l'émission "On n'demande qu'à en rire", sur France 2.
""On n'demande qu'à en rire" m'a vraiment violenté"
Alors qu'il joue devant des petits groupes de personnes, encouragé par sa professeure d'histoire-géographie de seconde, Fary fait ses premières apparitions à la télévision, qu'il considère comme des "échecs" dont il garde un douloureux souvenir. ""On n'demande qu'à en rire", au tout début de ma carrière, je crois que c'est le gros truc qui m'a vraiment violenté, parce que je n'étais pas prêt. C'est ce genre d'émission où on te donne l'impression que tu peux arriver et faire quelque chose de brillant sorti de nulle part, avec peu d'expérience", a-t-il expliqué. Dans l'émission, plusieurs humoristes se succèdent avec un thème imposé dans un temps imparti. Ils doivent séduire trois jurés, qui leur attribuent une note à la fin de leur sketch. L'artiste doit obtenir un score minimum pour pouvoir participer une nouvelle fois au programme.
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Un système que Fary, avec du recul, juge très étrange. "Comment est-ce que tu notes une blague ? C'est quoi le barème ? Qui va noter la blague ? Parce que moi, si je suis un humoriste, je peux dire, 'il te manque ci, il te manque ça, peut-être que si tu fais ci ça peut être mieux', mais je ne peux pas noter. Ça n'a pas de sens", a-t-il affirmé, relevant également la différence de niveau entre les artistes se produisant sur le plateau : "Ça (les notes; ndlr) c'était déjà un truc assez violent, mais en plus, dans "On n'demande qu'à en rire", les gens ne savaient pas à quel point il y avait des écarts d'expérience. Par exemple, moi j'avais le même âge que Kev Adams, mais Kev Adams, avant "On n'demande qu'à en rire", il avait déjà fait l'Olympia, et moi c'étaient mes premières scènes."
"Tu fais quasiment partie des accessoires"
Une scène en particulier a marqué Fary : "En réalité, quand j'y repense, c'est tragique. (...) Je fais un sketch sur Sexion d'Assaut, ça marche plus ou moins. Tu sens qu'il y a un groupe qui est pas mal derrière moi. Jean Benguigui est agacé, parce qu'il y a 4 jeunes hommes noirs qui rigolent particulièrement, un peu plus que les autres. Donc lui, parce qu'il voit des noirs rigoler, il se dit 'bah c'est ses potes'. Déjà, c'est un truc de fou. (...) Mais c'était des mecs du public. Il disait 'oh ça va, la claque'. La "claque", c'est quand tu invites des amis à toi dans le public, pour qu'ils rigolent et que ça engendre des applaudissements, que ça chauffe le public. (...) Moi la fois d'après, je refais un sketch, ça marche plus ou moins bien et j'arrive à les attraper. Jean Benguigui donne sa note et se fait un peu huer par le public. Il dit 'oh ça va, la claque'. Je lui dis 'c'est marrant que vous disiez ça, parce qu'on a fait en sorte d'éparpiller les noirs dans le public, pour que vous ne pensiez pas ça'. Il me dit 'tu n'as pas le droit de dire ça !' Il commence à s'énerver contre moi en disant 'je sais reconnaître une claque quand j'en vois une, c'étaient tes amis.'"
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Mais ce qui a le plus blessé Fary semble être la réaction de Laurent Ruquier, pour qui il a avoué avoir une certaine admiration : "J'étais un peu fan de Laurent Ruquier, il a toujours ce truc, un peu "médiateur"..." Sauf que l'animateur du programme de France 2 "prend parti pour Jean Benguigui". L'artiste décrit la scène : "Il dit 'c'est vrai que la dernière fois, ils vous ont applaudi parce que c'étaient vos amis.' Et moi je suis en mode 'wow, vous êtes en train de dire que ce sont mes amis parce qu'il y a quatre renois dans le public ?' C'était fou." Aujourd'hui encore, Fary ne semble pas avoir pardonné le présentateur de ne pas l'avoir défendu : "Laurent Ruquier, jusqu'à aujourd'hui, tout au fond de moi, je lui en veux par rapport à ce moment-là de façon assez intense, même si on a de bons rapports, moi j'ai toujours gardé ce truc-là."
"C'est une dinguerie ce qu'ils ont fait !"
Avec son jeune âge et sa petite expérience du métier, Fary a ainsi estimé qu'il n'avait pas les armes pour se défendre à l'époque : "Tu te dis, ils sont grands, expérimentés, connus, peut-être que c'est moi qui ai tort. Ou peut-être que c'est comme ça que ça doit se passer. (...) J'avais 18-19 ans, mais en fait, personne ne t'accueille comme quelqu'un de 18-19 ans à la télé. Eux, leur préoccupation c'est l'animateur, les stars, toi tu fais quasiment partie des accessoires." Et d'ajouter : "J'étais le coupable, celui qui faisait semblant que ce n'étaient pas mes amis, alors que clairement, c'était un amalgame discriminatoire. Plus j'y repense en vieillissant, plus je me dis 'en fait, c'est une dinguerie ce qu'ils ont fait !'"
Malgré ça, le jeune humoriste a persisté dans cette voie : "Ça n'a pas été un échec à l'échelle de ma carrière, parce que j'aurais pu m'arrêter après ça, tellement ça a été violent, mais c'est ce qui m'a donné envie de me prouver à moi-même et de prouver à des gens que je pouvais faire ce métier. Et du coup, ça m'a quand même servi au final. Mais je l'ai vécu, à ce moment-là, comme un gros échec."
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