TABOU - Elle a été quittée par plusieurs partenaires parce qu'elle refuse les fellations : "J'ai longtemps essayé de me forcer, au point de me rendre malade"
Certaines pratiques sont considérées comme des classiques au sein de la sexualité, et la fellation en fait partie. Mais que se passe-t-il pour les personnes qui ne peuvent, ou qui ne veulent pas sucer leur partenaire ? Manon, 33 ans, est dans l'incapacité absolue de se prêter à l'exercice. Et elle l'affirme : cela a un vrai impact sur sa vie sentimentale.
En 2012, dans un titre qui est resté depuis dans les annales de la presse, le magazine Elle affirmait : "La pipe, c'est le ciment du couple". La fellation est, dans le sexe hétérosexuel, considéré comme un indispensable dans bien des relations. Un sondage Ifop pour The Poken company, publié en 2021, affirmait que 87% des Françaises avaient déjà pratiqué la fellation.
En 2023, une enquête Harris Interactive pour XloveCam prouvait également que la fellation était plus souvent pratiquée que le cunnilingus. Résultat, pour bon nombre de personnes, difficile d'imaginer la sexualité sans fellation.
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"Pour moi, faire une fellation, c'est impossible"
"Je ne crois pas avoir déjà été en couple avec un homme, ou même avoir simplement couché avec un homme, sans qu'il ne réclame une fellation", confirme Manon*, 33 ans, qui regrette le "caractère quasi-obligatoire" de cette pratique. "Je ne sais pas si c'est une conséquence de la pornographie, ou simplement une question d'egocentrisme autour du plaisir, mais j'ai l'impression que les hommes n'ont aucun mal à réclamer une pipe, là où ils ne proposent pas spontanément de faire un cunnilingus..."
La trentenaire, elle, a une position très claire sur la question : "Pour moi, la fellation, c'est non. Impossible d'en faire. J'ai déjà essayé, et j'ai vomi à chaque fois. Je sais que des gens vont me dire que c'est parce que j'ai essayé d'y aller trop profondément, ou de faire des gorges profondes, mais ça n'a rien à voir", affirme-t-elle.
"Je souffre d'un trouble du comportement alimentaire qui s'appelle le TAR, ou l'ARFID. C'est un trouble de l'alimentation évitante/restrictive lié à des problèmes de traitement sensoriel. En gros, j'ai des problèmes avec la texture des aliments. Tu vois où je veux en venir ? Si je mange des champignons, par exemple, je vais vomir parce que je ne supporte pas la texture. Eh bien, avec un pénis, c'est pareil. C'est la texture qui me rend malade. J'ai beau prendre sur moi, ça ne fonctionne pas."
Des années à essayer de se forcer
Pour Manon, le fait d'être incapable de pratiquer la fellation a longtemps été un complexe. "J'ai longtemps essayé de me forcer, au point de me rendre malade. J'ai testé toutes sortes de stratégies : avec ou sans capote, avec des aliments pour changer le goût, avec les yeux bandés pour ne pas voir le pénis... Impossible. Pourtant, j'arrive tout à fait à sucer des godes dans certaines matières, comme le verre, par exemple. Comme quoi, c'est vraiment une question de texture, et pas d'autre chose", se justifie-t-elle.
Depuis le début de sa sexualité, la jeune femme rencontre des problèmes. "J'ai eu un partenaire que ça ne dérangeait pas plus que ça, il n'était pas fan de fellation. C'est avec lui que j'ai connu ma plus longue histoire d'amour, qui a duré quatre ans. Pour le reste, j'ai aussi bien eu droit à des mecs qui pensaient que je ne faisais pas assez d'effort, qu'à des hommes qui se vexaient que je ne veuille pas prendre leur sacro-saint pénis dans ma bouche..."
Des relations avortées et des ruptures
"Parfois, j'ai eu quelques relations où mes partenaires acceptaient de prime abord de se passer de fellation, mais qui ramenaient sans cesse le sujet sur le tapis. 'Tu ne veux pas réessayer ?', 'Peut-être que tu as juste besoin d'entraînement', 'Peut-être qu'avec moi, ça sera différent'. Le mythe de la fameuse bite magique qui peut tout changer ! A 33 ans, ils ne comprennent pas que ça fait plus de 15 ans que j'essaye, et que je ne supporte plus toutes ces injonctions à sucer."
Conséquence, plusieurs de ses relations se sont soldées par des ruptures : "J'ai déjà eu plusieurs partenaires qui m'ont avoué qu'ils ne s'imaginaient pas passer leur vie sans fellation", regrette-t-elle. "A chaque fois, je suis partagée entre tristesse, frustration et compréhension. A croire que pour eux, se faire sucer est vital."
Aujourd'hui, pour éviter les déconvenues, Manon préfère prévenir directement ses partenaires potentiels. "Je fais principalement mes rencontres sur des applications, et dès que ça commence à chauffer, je suis brutalement honnête. J'explique que je ne fais pas de fellation, et j'explique pourquoi. Parfois, j'ai des questions. Parfois, des reproches. Souvent, je me fais directement ghoster. Mais au moins, les mecs savent à quoi s'en tenir, même si je trouve ça triste de devoir en arriver là."
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