TABOU - Ils ont quitté leur partenaire parce qu'ils n'aimaient pas l'apparence de leurs sexes : "J'avais l'impression de faire l'amour à un poulpe"
Si l'on parle souvent des critères physiques que certaines personnes recherchent chez un·e partenaire sexuelle, il y en a un qui est presque oublié : celui de l'apparence des parties génitales. Pourtant, des hommes et des femmes ont déjà dit stop à une relation, parce que le pénis ou la vulve de leur amant·e ne leur plaisait pas.
On dit souvent que les complexes liés à l'apparence des parties génitales sont renforcés par la pornographie, où la plupart les hommes sont dotés de pénis esthétiques et volumineux, et toutes les femmes de petites vulves aux lèvres bien rangées. Parce que leur sexe ne ressemble pas aux représentations, certaines personnes optent pour la chirurgie, que ce soit pour se faire circoncire à l'âge adulte, se faire agrandir le pénis, ou pour subir une nymphoplastie.
Mais, outre le manque de représentations de ce à quoi un sexe peut ressembler, les commentaires des partenaires sexuels peuvent avoir un impact terrible sur la confiance en soi. Pourtant, certaines personnes assument d'avoir quitté quelqu'un simplement parce que ses parties génitales ne leur plaisaient pas.
Vidéo. Aline Boeuf : "Le tabou menstruel participe aux clichés sexistes que l’on a sur les femmes avec par exemple ’t’es chiante parce que t’as tes règles’"
"Tu vois, quand tu ouvres un paquet de gâteaux et que tout s'effrite ?"
Jérôme*, 39 ans, se définit lui-même comme un séducteur. "J'aime draguer, j'aime le sexe. Je ne veux pas d'enfant, je n'ai pas spécialement envie de me marier, je préfère enchaîner les relations. Alors forcément, pour moi, l'apparence physique compte plus que le reste." Le trentenaire en a conscience : "C'est très réducteur, oui, mais quitte à avoir quelqu'un dans mon lit, autant que la nana me plaise. Ce n'est pas sa personnalité à qui je vais faire l'amour".
S'il n'a pas mis un frein à beaucoup de relations pour des histoires de vulves, il se souvient d'une femme en particulier. "C'était l'amie d'une amie. Elle était sublime. Mince, blonde, de grands yeux bleus... Quand elle a accepté de passer la nuit avec moi, j'ai eu l'impression d'avoir touché le jackpot, mais j'ai déchanté quand je l'ai déshabillée. Tu vois quand tu ouvres un paquet de gâteaux et que tu te rends compte qu'ils sont tous cassés à l'intérieur, que tout s'effrite ? C'est exactement ce que j'ai vécu. Elle avait une chatte... indescriptible. Honnêtement, je ne savais même pas qu'une vulve pouvait ressembler à ça, ça partait dans tous les sens. Je ne savais pas où mettre mes doigts."
Une apparence qui l'a "dégoûté", avoue Jérôme. "Je n'ai pas pu aller plus loin. J'ai simulé un mal de ventre soudain, et je suis parti. On s'est recroisés à plusieurs reprises, mais je n'arrive plus à la trouver aussi attirante qu'avant", conclut-il.
"Il n'était pas circoncis, ça m'a dégoûtée"
De son côté, Céline* a aussi eu affaire à un sexe dont l'apparence l'a rebutée. "J'ai l'habitude de sortir avec des Maghrébins", explique la jeune femme âgée de 26 ans. "Du coup, tous mes partenaires sexuels ou presque étaient circoncis. Je trouve ça beaucoup plus beau, plus propre aussi. Mais je ne pensais pas que ça serait un critère qui pourrait être si important pour moi...", avoue-t-elle, gênée.
Il y a quelques mois, elle matche sur un site de rencontre avec un jeune homme âgé de 30 ans. "Je le trouvais charmant, il était drôle, on avait une vraie alchimie. J'avais autant hâte de passer des heures à discuter avec lui que de le déshabiller." Pourtant, lorsque les deux amants se retrouvent nus, c'est la déception. "Je me suis retrouvée nez à nez avec un pénis non circoncis, et j'ai eu un mouvement de recul", se souvient-elle. "Je ne savais pas comment le toucher, j'avais l'impression qu'il y avait un excès de peau. J'avais un peu peur de lui faire mal. Et quand j'ai voulu m'approcher pour le sucer, ça m'a dégoûtée. J'ai dit stop."
Son partenaire a été très compréhensif : "Il m'a dit qu'on pouvait attendre si je n'étais pas encore prête à faire l'amour. On a passé la soirée à se câliner, mais il ne me faisait plus aucun effet. On ne s'est plus revus. C'est dommage, mais c'est comme ça".
"J'avais l'impression de faire l'amour à un poulpe"
"Parfois, je me demande si je n'ai pas quitté la femme de ma vie simplement parce que je n'aimais pas l'apparence de sa vulve", admet Sylvain*, 33 ans. "Je suis tombée sur une nana d'enfer sur Tinder, mais j'étais en vacances à l'autre bout du monde quand on a commencé à discuter cet été. Résultat, on a pas pu se voir tout de suite, mais on a échangé des centaines de messages, on s'appelait, c'était incroyable. On avait aussi commencé à s'envoyer des nudes, mais j'avais remarqué qu'elle s'arrangeait toujours pour dissimuler sa vulve. Et je pensais que c'était par pudeur."
Lorsqu'il retrouve sa belle quelques semaines plus tard, la rencontre est sauvage. "On s'est sautés dessus. Le verre qu'on avait prévu de boire a été oublié à la seconde où on s'est embrassés. Elle m'a pris par la main, m'a embarqué chez elle, et m'a déshabillé à peine la porte fermée avant de me faire une fellation incroyable. Mais quand j'ai voulu lui rendre la pareille, elle n'a pas voulu. J'ai compris pourquoi en découvrant sa vulve : elle avait des lèvres gigantesques. Ça m'a un peu perturbé, glisse-t-il avant d'avouer, penaud : "Quand je l'ai pénétrée, j'ai eu l'impression de faire l'amour à un poulpe, j'ai vite débandé".
Le lendemain, c'est par message que le jeune homme dresse la situation avec sa partenaire. "Je ne sais pas si j'aurais été aussi honnête avec elle si elle n'avait pas abordé le sujet d'elle-même. Elle m'a expliqué être très complexée par l'apparence de sa vulve. Je lui ai avoué que j'aurais préféré qu'elle me prévienne pour que je puisse me préparer psychologiquement, mais elle m'a rétorqué que son corps ne devrait pas être un tel traumatisme pour moi." Leur relation naissante s'est achevée à ce moment-là : "Elle n'a jamais voulu me revoir", regrette Sylvain.
Pour rappel, les pénis comme les vulves peuvent avoir toutes sortes d'apparences différentes, et aucune n'est plus valide qu'une autre. Si les chirurgies génitales peuvent être tentantes, elles ne doivent pas être pratiquées uniquement dans le but de répondre à un critère de beauté normée.
VIDÉO - Charles Edouard, albinos : "Je ne me trouvais pas beau, j’avais honte de moi"
À lire aussi :
>> Emily Ratajkowski a mis du temps à apprécier le sexe, et elle n'est pas la seule
>> Sexe et politique : "Coucher avec une personne de droite, c'est coucher avec l'ennemi"