Je milite donc je deviens lesbienne : "Avec les hommes, je n’ai eu que des relations violentes"

Je milite donc je deviens lesbienne : "Avec les hommes, je n’ai eu que des relations violentes"
Je milite donc je deviens lesbienne : "Avec les hommes, je n’ai eu que des relations violentes"

Dans les années 70, le lesbianisme politique est un courant de pensée issu du féminisme radical. Il se définit par un refus de partager des relations avec des hommes dans l’optique de combattre le patriarcat. Pour certaines femmes aujourd’hui, il est question de sortir de schémas toxiques et de se donner l’opportunité de vivre des histoires d’amour équilibrées. C’est ces histoires que nous allons raconter.

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Charlotte a 37 ans et se disait hétérosexuelle jusqu’à très récemment : "La question ne se posait même pas pour moi. Dès mes premiers flirts au collège, c’était avec les garçons. Le premier baiser, la première fois, c’était avec des garçons. Il n’y avait pas de lesbienne ni même de bi, je veux dire de personnes qui s’appropriaient ces étiquettes, autour de moi. La première lesbienne ouvertement lesbienne que j’ai rencontrée j’avais plus de 25 ans. Ce que je veux dire c’est que j’ai l’impression aujourd’hui que je n’ai pas vraiment eu le choix. Je n’ai rien essayé qui sorte de la norme. Et pendant longtemps, cette norme m’a très bien convenu."

Une rupture qui remet tout en question

Mais il y a 3 ans, au moment de sa dernière grande rupture, Charlotte fait le point sur sa vie amoureuse : "Avec les hommes, je n’ai eu que des relations violentes. Pas toujours avec des hommes qui me tapaient dessus mais surtout avec des crises de colère, des cris, de la violence psychologique. J’ai fini chacune de mes relations à passer des longs mois à me reconstruire, à arrêter de me sentir comme une merde ou avoir peur. J’ai fait des années de thérapie. À la fin, j’avais besoin de me préparer pour aller au combat. Je me reconstruisais en ayant la certitude que j’allais me faire détruire en face. Mes derniers mecs, j’étais aux anges quand ils faisaient des trucs basiques comme faire la vaisselle ou ranger leurs trucs. Et je laissais passer des comportements toxiques comme des réflexions sur mon physique ou sur ma vie en général. Je me suis habituée à l’idée que je ne méritais même pas le minimum syndical. Ce choix, il vient du fait que j’ai décidé d’arrêter d’estimer que je ne méritais pas mieux. J’ai décidé consciemment que le problème ne venait pas de moi. Ça a été dur et j’ai failli y revenir plein de fois, mais j’ai eu de la chance d’être bien entourée par mes amies."

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Pour autant, dans les moments de déprime, Charlotte manque de revenir sur sa décision : "Je me demandais si je n’étais pas complètement dans l’erreur, je n’avais aucune confiance en moi. Je n’arrêtais pas d’entendre dans ma tête toutes les petites réflexions de mes exs, et je pensais que ça ne me ferait pas évoluer en positif dans la vie de ne pas prendre sur moi et de chercher à m’améliorer. Ça a mis longtemps avant que j’admette que j’étais complètement traumatisée. Et encore plus de temps avant de me rendre compte que ce serait toujours comme ça avec les hommes. Quand j’ai commencé à aller mieux et à arrêter de me juger aussi sévèrement, je n’ai plus eu envie de revenir en arrière. Je me suis dit que c’était fini pour moi. J’ai mis un an avant d’en arriver là. Un an avant d’avoir un premier rendez-vous avec une femme. Elle était lesbienne et fière de l’être, quand moi je ne savais pas encore ce que j’étais. Je ne la remercierais jamais assez pour le temps qu’elle m’a consacré à ce moment-là."

Des rendez-vous comme une thérapie

Les deux femmes se voient tous les jours à une terrasse de café : "C’était quasiment de la thérapie. Elle m’écoutait parler de mon expérience, de mes aspirations, de mon envie d’une relation équilibrée et heureuse. Elle n’a pas cherché à me convaincre que c’était 100% tout rose avec les femmes, mais elle a été claire sur le fait que j’allais quand même moins souffrir. C’est avec elle que j’ai eu mon premier rapport sexuel avec une femme. Je me sentais en confiance et c’était génial. Rien à voir avec ce que j’avais connu avant. Pour tout dire, j’ai tout simplement eu du plaisir, alors qu’avant je n’en avais vraiment que quand je me touchais toute seule. On a tenté de se mettre en couple mais on s’est quittées sans fâcherie 2 mois après. On n'avait pas les mêmes envies pour la suite. C’est une amie maintenant. C’est quelque chose que j’ai découvert aussi avec les femmes : c’est possible de se quitter sans se déchirer, de continuer à garder une relation. Ce n’est pas le cas avec toutes, évidemment. Mais ça arrive et c’est bien."

Charlotte est actuellement célibataire : "J’ai eu plusieurs histoires plus ou moins longues mais en ce moment je suis seule. C’est un choix parce que je veux voyager un peu seule, voir ce que ça fait d’être une femme qui fait les choses en solo. Je sais que je vais me remettre en couple dans pas très longtemps, parce que j’aime vraiment partager et construire avec quelqu’un. Mais là, je profite de cette phase pour me connaître un peu mieux. Je sais qu’en tout cas, pour moi, les hommes c’est fini."

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