Elles préfèrent les femmes aux hommes depuis le confinement

(Crédit photo : Getty Images)
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Pour certains, le choc du confinement a donné lieu à une série de changements dans le mode de vie et dans l’apparence. Pour d’autres, c’est le couple qui a été bouleversé et de nombreux nouveaux célibats ont été dénombrés. Mais chez certaines, la révolution a été plus grande encore : dans le monde d’après, elles ont choisi de laisser tomber les hommes pour ne plus sortir qu’avec des femmes.

Anna a 32 ans et elle est graphiste. Elle a largué son compagnon au tout début du confinement : “Cela faisait trois ans qu’on était ensemble et on stagnait. On avait nos habitudes mais je n’étais plus trop sûre qu’il y avait de l’amour.” C’est quand elle a décidé de chercher quelqu’un avec qui se remettre en couple que le doute s’est installé : “J’ai crée un profil sur une application de rencontre et je me suis mise à recevoir des tonnes et des tonnes de notifications contenant des approches hyper lourdes. En fait, je me suis rendue compte très vite que les hommes en général m’ennuyaient.”

Elle modifie alors profil et de signifie qu’elle ne recherche que des relations avec les femmes : “Je ne me suis jamais considérée comme bisexuelle. J’ai eu quelques histoires avec des copines mais rien de vraiment sérieux. Mais j’ai fini par réaliser que si mes relations les plus longues avaient été avec des hommes, c’est surtout parce que c’était la chose la plus évidente à faire.”

(Dé)construire son orientation sexuelle

Au début, elle doute. “Je commençais de zéro ou presque avec absolument aucune maîtrise des codes. Mais ma démarche était sincère et j’espérais vraiment que je saurais prouver que je n’étais pas là en touriste, que finalement ce choix conscient était aussi le reflet d’une réflexion sur le long terme et d’un engagement personnel quasi politique.” Après plusieurs échanges infructueux, Anna fait la connaissance de Marie. Elles se voient régulièrement pendant un mois et demi mais cette dernière n’est pas sûre de ses sentiments et préfère mettre fin à la relation. “Je ne lui en veux pas du tout, c’est exactement le choix que j’ai fait quand j’ai décidé de laisser tomber les hommes : celui d’enfin m’écouter et de respecter mes désirs”, nous dit la célibataire. Les deux femmes restent amies et Anna tombe peu à peu amoureuse de Sofia, la coloc de son ex.

J’ai beau être complètement dingue d’elle, je veux nous donner le temps. Mais je sais que, pour moi, les hommes c’est fini.

Aujourd’hui, Sofia et Anna débutent une histoire qu’elles veulent sereine et sincère. “J’ai beau être complètement dingue d’elle, je veux nous donner le temps de construire quelque chose de solide sur le long terme. Alors on avance à petits pas.” C’est un processus qui a pris plusieurs mois, mais la jeune femme parle de cette période comme d’une aventure de recherche de soi : “Je peux dire qu’en arrêtant de suivre bêtement le schéma couple hétéro - rupture - dating - couple hétéro, je me suis trouvée. Je ne me donne pas d’étiquette aujourd’hui mais je sais que, pour moi, les hommes c’est fini.”

Affirmer sa bisexualité

Jennifer, 27 ans, mûrissait l’idée de tourner le dos aux hommes depuis quelques temps déjà : “J’étais inscrite sur une application de rencontre depuis le mois de novembre 2019. Quand le confinement a été annoncé, je voyais plus ou moins un homme par semaine. Pour du sexe dans le meilleur des cas mais souvent pour des rendez-vous sans grand intérêt. Les types qui me plaisaient en ligne se dégonflaient souvent IRL, étaient moins beaux, moins drôles, moins cultivés que ce qu’ils laissaient croire en quelques messages. Et moi je ne comprenais pas pourquoi, malgré mes recherches assidues je ne trouvais pas l’amour”, explique la jeune femme. Avant de poursuivre : “Enfermée chez moi, j’ai commencé à me dire que je ne cherchais peut-être pas de la bonne manière et même juste parmi le bon groupe de personnes. J’ai fait la liste des qualités que je cherchais chez mon partenaire idéal et là, sur le papier, il était évident qu’il me fallait plutôt une amoureuse.”

Quand j’ai réalisé que je me cachais une partie de moi à moi-même depuis des années, j’ai eu honte.

Jennifer se définit comme bisexuelle depuis le lycée mais a, à son palmarès amoureux, bien plus d’histoires avec des hommes qu’avec des femmes. Elle explique que pour elle il s’agit d’un schéma : “Toutes tes copines sortent avec des garçons, commentent et s’extasient devant la beauté des mecs et toi tu te retrouves à faire pareil. Tu finis par te cacher pour mater des femmes. À ne jamais en parler. Finalement, et même si tu trouves très facilement des partenaires sexuels masculins, c’est en pensant à des femmes que tu te masturbes. Quand j’ai réalisé que je me cachais une partie de moi à moi-même depuis des années, j’ai eu honte.”

Ça a changé mon approche des gens et le rapport que j’ai à mon corps. Je me sens libérée.

Elle décide alors de bouleverser ses habitudes de drague et “d’apprendre à séduire des femmes”. C’est sa vie toute entière qui est bousculée : “Ça a changé mon approche des gens, ce que j’attends d’eux et d’elles. Ça a changé le rapport que j’ai à mon corps. Je me sens libérée.” Si elle ne cherche pas l’amour aujourd’hui c’est parce qu’elle veut d’abord se trouver tout à fait elle-même. “Je sais que l’amour viendra parce que je me sens, chaque jour qui passe, de plus en plus prête à aimer quelqu’un. C’est un sentiment nouveau pour moi.”, conclut-elle.

Ce temps de flottement a été bénéfique pour Anna et Jennifer. Ces dernières ont décidé de se réinventer et de bouleverser leurs vies pour être plus heureuses. Elles assurent aujourd’hui être sur la meilleure voie pour le devenir.

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