Histoires de femmes infidèles : "Certains de mes amants se sentent utilisés parce que je ne veux pas les voir plus de deux fois"

Femmes infidèles
Femmes infidèles

En mars 2019, le profil de la femme infidèle type était partagé par un site de rencontres spécialisé : 37 ans en moyenne, cadre supérieure, citadine, mariée depuis plus de cinq ans et mère de deux enfants. Différentes études tendent également à montrer que de plus en plus de femmes se tournent vers l'infidélité (elles étaient 31% à déclarer avoir déjà trompé en 2014, elles étaient 33% en 2016). Qui sont ces femmes ? Quelles sont leurs motivations ? Comment organisent-elles leurs vies ? Ce sont les questions que nous avons voulu poser à certaines d'entre elles.

Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.

Joyce, 36 ans, a toujours été infidèle : "D’aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais été fidèle en couple. Même au collège, j’embrassais des garçons différents de mon petit copain officiel. Je n’ai jamais compris la fidélité et la contrainte qu’elle implique juste pour prouver son amour. Moi j’aime fort mais je veux être libre de mon corps et de mes désirs. C’est aussi simple que ça. J’ai déjà eu la discussion autour du couple libre avec mon précédent compagnon mais ça s’est tellement mal passé que j’ai décidé, pour le compagnon que j’ai aujourd’hui, de ne pas en parler. Je vis mon infidélité dans mon coin, comme si ça faisait partie de ma routine. Je suis une femme qui va à la salle de sport une fois par semaine et qui voit un autre homme une fois toutes les deux semaines. C’est comme ça."

Vidéo. "L'infidélité féminine est plus courant qu'on ne l'imagine"

Droit au but

Joyce est une femme organisée : "Je ne ressens pas le frisson d’excitation de la conversation sexy avant de se voir. J’organise mes rendez-vous via un site de rencontre entre adultes consentants, ça évite le bla-bla de la séduction. On sait ce que je viens chercher et je sais en retour ce que les gens ont à proposer. En dehors de ça, je ne raconte pas ma vie. Je sais que certains n’aiment pas trop mais je ne vais pas changer pour eux. Je n’ai pas plus de temps que ça à y consacrer. Et je ne veux juste pas en fait. Pour moi, la tromperie elle serait là, dans le fait de partager une intimité avec quelqu’un."

Joyce essaye de ne pas voir une personne plus de deux fois : "Dans cette logique de ne pas partager d’intimité, je ne veux pas créer d’habitude avec quelqu’un. Je ne veux pas m’habituer à une odeur, à des gestes, à un corps, autre que celui de mon compagnon. J’aime le sexe et la nouveauté mais je n’ai pas besoin de faire semblant d’être amoureuse ou de partager plus que ce qu’il y a déjà. C’est important pour moi que les hommes que je rencontre respectent ça. Je le dis en général très vite : 'Je ne veux pas m’accrocher, je n’attends rien de la relation à part du bon sexe à partager ensemble une ou deux fois max. J’ai déjà eu des personnes qui m’ont dit qu’elles trouvaient ça bizarre, qui pensaient qu’elles seraient ok et qui au final se sont senties utilisées.' Je comprends ça mais je ne veux pas faire semblant ni mettre mon équilibre en danger. Je ne leur dois rien au final."

Elle ne ressent pas le besoin d'en parler

Au quotidien, elle y pense très peu : "Ça ne prend pas de place parce que je ne veux pas que ça en prenne. Je n’en parle à personne, j’ai le minimum d’échange avec les personnes. Je les retrouve chez elle ou dans un Airbnb. Je fais attention à ma contraception et à toujours utiliser une capote, je ne veux pas avoir ce genre de stress. En fait, je suis très organisée, ça peut me donner un côté froide. Mais c’est une partie importante de ma vie, celle qui me permet de lâcher du lest, d’avoir l’énergie pour tout le reste. Je vois ça comme un carburant. Si je n’avais pas ça, je ne sais pas ce qui pourrait le remplacer. Je serais peut-être plus énervée, plus irritable, moins facile à vivre. Là, je ne mets de pression à personne parce que je ne m’en mets pas non plus, c’est simple."

Elle ne se voit pas arrêter : "Je n’ai jamais envisagé sérieusement d’arrêter. J’y ai pensé quand mon compagnon a parlé de se pacser et d’acheter un appartement ensemble. Là, je me suis dit que c’était peut-être le moment de mettre ça derrière moi. Mais j’ai peur d’être malheureuse et que ça foute en l’air notre relation, ce qui n’est pas le but. Je ne sais pas ce qu’un tel sacrifice, dont il n’aura pas du tout conscience, pourra lui apporter, nous apporter. Alors je continue. J’arrêterais peut-être un jour mais je ne vois pas ce qui pourrait motiver une telle décision. Il faudrait que ce soit quelque chose d’énorme."

À LIRE AUSSI

>> Largué.e, délivré.e : "J'ai tout quitté : mon travail, mon logement, ma ville. J’avais besoin d’un nouveau départ"

>> Le Grand Swipe : "On a eu un premier échange vif, amusant où il a été rapidement question de fessée, de corsets et dentelles"

>> Pourquoi les hommes font-ils moins de nudes que les femmes ?