Histoires de femmes infidèles : "Attraper une MST, ça faisait partie du risque. J’ai joué et j’ai perdu"

En mars 2019, le profil de la femme infidèle type était partagé par un site de rencontres spécialisé : 37 ans en moyenne, cadre supérieure, citadine, mariée depuis plus de cinq ans et mère de deux enfants. Différentes études tendent également à montrer que de plus en plus de femmes se tournent vers l'infidélité (elles étaient 31% à déclarer avoir déjà trompé en 2014, elles étaient 33% en 2016). Qui sont ces femmes ? Quelles sont leurs motivations ? Comment organisent-elles leurs vies ? Ce sont les questions que nous avons voulu poser à certaines d'entre elles.

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Valérie a 54 ans, est mariée depuis 30 ans et n’a pas d’enfants. Et la première et la seule infidélité de sa vie, elle la qualifie de "tragique crise de la quarantaine" : "J’avais 43 ans quand je l’ai rencontré au travail. C’était un contractuel, un tout petit peu plus jeune que moi. On s’entendant bien au bureau, on a sympathisé mais je n’oubliais pas qu’il ne devait pas rester plus d’un an. À l’issue de son contrat, il a décroché une autre mission. J’étais ravie pour lui et aussi de garder avec moi mon "pote du bureau" comme je l’appelais, c’est là que ça a dérapé. J’ai voulu l’inviter au restaurant pour fêter son contrat et il m’a embrassé sur le parking quand on retournait à nos voitures respectives. Je ne peux pas dire que j’avais jamais pensé qu’il me plaisait mais je vivais avec, en profitant juste des bons moments et de la complicité qu’on avait. Quand j’ai compris que mon petit désir était réciproque, je me suis enflammée. Je n’ai même pas pensé qu’on pouvait en rester là. On s’est peloté dans sa voiture pendant 30 minutes et avant de partir, on a décidé d’un créneau de déjeuner où on allait se retrouver à l’hôtel.

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Un frisson de jeunesse

Valérie se laisse emporter par le désir : "Je n’ai jamais réfléchi, je ne me suis jamais posée pour établir une liste de pour et de contre. Ça ne me ressemble pas du tout de faire ça. Je suis une femme organisée, carrée, professionnelle. Cette histoire de 5 à 7 à la pause du déjeuner en partant en décalé l’un de l’autre avec des excuses bidons pour ne pas se faire choper par un collègue, c’était n’importe quoi. Mais j’avais l’impression d’être une ado. Je me sentais sur les toits du monde d’être désirée par un autre homme que mon mari. Je me suis dit que c’était peut-être la dernière opportunité d’aventure que j’aurais de ma vie alors j’y suis allée. Et sur le coup, je n’ai pas regretté."

Des rencontres sans parole

Valérie et son collègue se voient une fois par semaine pendant 6 mois : "On était très organisés et nos mensonges tenaient parfaitement la route. Et on ne prenait pas plus de risques que nécessaires : on chronométrait nos rendez-vous pour qu’ils ne fassent pas plus de 45 minutes. Il prenait une douche pour faire croire qu’il rentrait de la salle de sport. Et moi je filais à un déjeuner de travail que je calais plus tard et qui me fournissait aussi un alibi. Entre toute cette course, on s’offrait 45 minutes de plaisir pur. On ne parlait même pas, on avait pas besoin. Au moins ça fait gagner du temps."

Et puis la réalité la rattrape

Vient le jour où le collègue de Valérie lui demande de faire un test : "On n’avait jamais parlé de MST avant. Et puis on utilisait toujours un préservatif pour les pénétrations. Moi, j’étais mariée depuis longtemps et lui en couple sérieux. Je me suis dit que j’étais l’exception dans sa vie rangée comme c’était le cas pour moi mais il faut croire que non. Un jour, à l’hôtel, il m’a dit qu’il préférait qu’on parle. C’était pour me dire qu’il venait de se rendre compte qu’il était positif à l’herpès et qu’il allait falloir que je fasse un test. J’en avais jamais fait de ma vie, j’étais dévastée. C’est là que j’ai réalisé les risques que j’avais pris. J’assume mais ça a été un coup dur."

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Par son médecin, Valérie apprend qu’elle est aussi porteuse du virus de l’herpès : "Je n’avais pas encore fait de poussée donc je ne savais pas ce que c’était. Je savais juste que ça ne se soignait pas. Et surtout que j’allais devoir en parler à mon mari. Heureusement, c’est avec mon médecin de famille que j’en ai parlé. Il ne m’a pas jugée et m’a bien expliqué ce que ça signifiait et comment réagir. Mettre du pragmatisme dans tout ça a beaucoup aidé."

Pour Valérie, il est temps de stopper la récréation : "C’était bien mais je n’ai jamais été amoureuse. Je n’avais rien à défendre et j’avais juste l’appréhension de changer nos relations de travail. Je lui ai quand même dit que c’était fini entre nous et j’ai eu de la chance qu’il comprenne ma position et mon envie de continuer à travailler sereinement avec lui. Il est parti quelques mois plus tard de toute façon, à la fin de son contrat. Avec mon mari, j’ai essuyé une vraie crise. Mais je me suis excusée, expliquée et j’ai bien répété que ça ne remettait pas en cause mon amour pour lui et mon envie de finir ma vie à ses côtés. J’avais juste été conne et je m’étais prise pour une gamine. Il a compris et il a pardonné. Je ne lui ai pas transmis mon herpès mais on fait bien attention. Ce virus, je le prends avec philosophie. Pour moi, ça a été le prix à payer pour quelques heures de folie. Ça aurait pu être plus cher, j’aurais pu y laisser mon mariage. Je m’estime chanceuse, au fond."

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