Je n'aime pas Noël : le calvaire des fêtes pour les personnes endeuillées

Sad woman in christmas looking down through a windos in a rainy day
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Les fêtes de fin d'année sont l'occasion de se retrouver en famille, avec ses proches, de s'entourer des gens qu'on aime. Mais, que faire lorsque les personnes en question nous ont quitté trop tôt ? Noël a le don de ranimer la douleur du deuil, et peut vite devenir une période redoutée par celles et ceux qui sont concernés.

En dépit de la situation sanitaire actuelle, qui est toujours loin d'être au beau fixe, de nombreuses personnes voient les fêtes de fin d'année comme une bulle d'oxygène, l'occasion d'oublier la Covid-19 en se retrouvant en famille – en petit comité – et de célébrer le réveillon avec les êtres qui nous sont chers. Mais pour les gens qui n'aiment pas Noël, cette période est compliquée à aborder, et ce pour de multiples raisons. L'une d'entre elle est le deuil. Lorsque l'on a perdu une personne qui comptait pour nous, difficile de garder le sourire face aux joyeuses retrouvailles.

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"Notre petit garçon devait naître le jour de Noël"

Le sujet du deuil périnatal est revenu au centre de l'actualité ces derniers mois, après les confidences poignantes de Chrissy Teigen et de Meghan Markle à ce sujet. Et ce deuil, Natalie* et Eric* l'ont vécu de plein fouet. "Cette année, nous avions décidé de célébrer Noël en solo pour la plus belle des raisons : nous allions bientôt être parents", confie Natalie, 38 ans, qui vit actuellement à Montréal avec son conjoint. "Avec la Covid, on n'a pas vu nos proches depuis plusieurs mois, puisque nous sommes expatriés. Nos parents ignoraient donc qu'après des années de FIV, nous attendions un heureux événement. Notre petit garçon devait naître le 25 décembre : quel meilleur cadeau pour les fêtes ?"

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Malheureusement, il y a quelques semaines, au cours d'une échographie de contrôle, le couple découvre que le pire est arrivé. "Le cœur de notre bébé avait cessé de battre", explique Eric. "La grossesse était tellement avancée que Nat a été obligée d'accoucher. L'épreuve a été terrible pour nous deux, mais encore plus pour elle, à un point que je ne peux probablement pas imaginer." Les amoureux ont fait le choix de garder ce deuil pour eux, pour ne pas briser le cœur de leur famille. "Ce bébé n'existait et n'existera à jamais que pour nous", affirment-ils. "Nous comptons bien lui dédier ce Noël et tous ceux à venir."

"La dernière fois que j'ai vu ma fille, c'était juste après Noël"

La situation de Carole est quelque peu différente. Sa fille, Clémence, n'est pas décédée à l'approche des fêtes de fin d'année, mais c'est à cette période-là que cette dernière à dit au revoir à ses proches, sans savoir qu'il s'agissait d'un adieu. "La dernière fois que j'ai vu ma fille, c'était juste après Noël. Le 29 décembre 2016, elle a pris l'avion pour le Mexique, et elle n'en est jamais revenue." La jeune femme, partie à l'étranger pour un stage, a succombé à une intoxication au monoxyde de carbone, quelques mois après son installation. "Noël est une période compliquée, à la fois parce que c'est celle où elle est partie physiquement, mais aussi parce qu'après avoir vécu ça, il faut se remettre en selle pour les autres."

Avec trois autres enfants, Carole n'a pas le choix : "En tant que maman, je me force en permanence pour les fêtes. Je repousse le moment de décorer le sapin, mais je sais que je ne vais pas y couper. Le décès d'un être cher arrête ta vie, mais n'arrête pas le monde. Il faut continuer à subir les diktats du temps", et donc les injonctions à célébrer ces périodes où tout le monde se "doit" d'être heureux. Mais cette maman est très claire à ce sujet : "Mes filles ont 16 ans, mais quand elles seront parties de la maison, je ne me forcerai plus. Noël, ça sera fini pour moi." Chaque année, la mère de famille rêve en effet de pouvoir passer cette période seule, au calme, "Pas forcément triste, mais apaisée". Sauf qu’elle se retrouver à "jouer la comédie" : "Je fais des bonnes choses à manger alors que pour moi ça n'a pas de goût. Je ris mais d'un rire sans joie... Ce sont des convenances." Des convenances auxquelles elle espère n'avoir bientôt plus à se plier.

* Dans un souci d'anonymat, certains prénoms ont été changés.

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