Trop de sportifs dans Koh-Lanta ? "Stop aux préjugés, il ne faut pas obligatoirement être un athlète pour participer"
La nouvelle saison de "Koh-Lanta : Le feu sacré" continue ce mardi 28 février 2023 sur TF1. Mais l'édition est déjà la cible de critiques, notamment en ce qui concerne la diversité des corps des aventuriers. Si plusieurs tranches d'âge sont représentées, tous les candidats sont minces, et d'apparence sportive. De quoi susciter des interrogations concernant le processus de casting et les exigences physiques de la production.
Après une longue absence, "Koh-Lanta" a fait son retour sur TF1 le 21 février 2023 pour une nouvelle saison, toujours animée par Denis Brogniart, placée sous le signe du "feu sacré". Au programme, 20 candidats, et déjà une première élimination : Célia, la doyenne des Jaunes, qui a été éliminée à cause de son manque de force physique. Chaque saison du jeu d'aventure est en effet marquée par la même dynamique : les premiers éliminés sont toujours les personnes plus faibles physiquement. Mais le choix n'est pas toujours facile, et pour cause : depuis plusieurs saisons, les internautes dénoncent un manque de diversité des corps dans "Koh-Lanta". C'est-à-dire que la grande majorité des aventurières et aventuriers sont des personnes minces et musclées.
Vidéo. La Minute de Denis Brogniart
Une comparaison avec "Survivor" qui fait mal
Par le passé, "Koh-Lanta" a pourtant connu plusieurs candidates et candidats en surpoids, qui ne correspondaient pas nécessairement au physique que l'on pourrait imaginer pour un apprenti Robinson. Ce n'est plus le cas depuis maintenant quelques années : si tous les participants ne sont pas nécessairement des grands sportifs, ils ont tous des corps normés. Une sacrée différence avec la dernière saison de "Survivor", le pendant américain de l'émission. Et pour cause, cette dernière a été marquée par la participation de Karla Cruz Godoy, une femme obèse, et de Noelle Lambert, une athlète paralympique amputée de la jambe gauche au-dessus du genou. Deux femmes qui sont allées très loin dans l'aventure, ont remporté de nombreuses épreuves individuelles, et qui ont été éliminées aux portes de la finale.
Sur les réseaux sociaux, les détracteurs de "Koh-Lanta" n'hésitent pas à affirmer que l'émission ne recrute que des athlètes. Des propos démentis par Julien Magne, directeur des programmes ALP (Adventure Line Productions, la société de production de "Koh-Lanta", ndlr). Interrogé par nos soins, ce dernier l'affirme : "Le profil d'aventuriers dans "Koh-Lanta" n'est pas fait sur un niveau physique ou sur un niveau sportif. On ne va pas chercher un niveau sportif minimum." Simplement des gens dont l'état de santé permet de participer à une émission aussi exigeante physiquement.
Des tests améliorés depuis le décès d'un candidat
Le directeur des programmes l'explique : "Ce qui est important de se dire, c'est qu'il ne s'agit pas de tests sportifs, dont le but serait de connaître le niveau des candidats. Ce sont des tests médicaux, pour essayer de déceler des pathologies ou des faiblesses qui seraient incompatibles avec l'aventure, ou qui mettrait leur santé en danger." Des tests qui ont toujours existé, mais qui ont été renforcés il y a dix ans de cela, après la mort de Gérald Babin sur le tournage de la saison 13. "Avant 2013, on était l'émission de télé où le process médical était le plus poussé. En 2013, le décès de Gérald Babin était dû à une pathologie cardiaque non-détectable, puisque lui, comme tous les autres, avait passé des tests physiques et médicaux avant le départ. En 2014, après cet événement tragique, nous avons pris la décision de renforcer encore davantage le protocole médical, en s'appuyant sur l'INSEP (l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance, ndlr), et avec cette expertise, nous avons monté un nouveau protocole. On est passés d'une expertise équivalente à l'ultra-endurance à un protocole identique par ceux suivis par les sportifs de très haut niveau."
Des tests qui ne concernent pas tous les candidats qui tentent leur chance au casting, mais seulement les pré-sélectionnés pour la compétition : "Lors de la phase de tests, on voit une centaine de candidats qui auront une visite médicale avec un médecin, qui est le seul à avoir accès au dossier médical de l'aspirant aventurier. Chaque année, dans cette phase, il y a plusieurs candidats qui sont déclarés inaptes par le médecin. D'autres sont déclarés inaptes par les psychologues, à l'issue d'un entretien psychologique. Ensuite, nous faisons une pré-sélection d'environ 40 personnes qui vont aller passer des tests médicaux pour avoir une photographie globale de la santé physique des aspirants."
Des tests médicaux pointilleux en plusieurs étapes, qui comportent notamment :
un examen DEXA (détection de l’ostéoporose et évaluation de l’indice de masse grasse)
une impédancemétrie (mesure de la souplesse du tympan)
une spirométrie avec courbe (mesure de la respiration)
une audiométrie (mesure de l’état d’audition)
une ergovision (test de la vue)
un ECG de repos
un test d’effort maximal avec mesure de la consommation maximale d’oxygène
un bilan sanguin complet
Des analyses qui peuvent d'ailleurs parfois sauver des vies, ainsi que le précise Julien Magne : "À l'issue de cette nouvelle vague de tests, il y a de nouvelles personnes qui sont déclarées inaptes. Mais parfois, en faisant ces batteries de tests, on a pu aider des gens à déceler des pathologies qu'ils n'auraient pas pu déceler en temps normal."
Pas de tests d'aptitude physique pour participer à Koh-Lanta
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, si les candidats sont bel et bien testés sur différents terrains (course, natation...), pas besoin pour ces derniers d'obtenir des résultats irréprochables pour avoir leur place dans l'aventure. "Ce ne sont pas du tout des tests de capacité d'endurance ou de natation. La preuve, chaque année, il y a des candidats qui ne sont pas à l'aise dans l'eau, qui savent nager en piscine mais qui paniquent en mer, comme cela avait été le cas pour Ahmad", précise la production.
Cette saison en a d'ailleurs été la preuve, avec le choix de programmer l'épreuve du parcours du combattant en guise de toute première épreuve, alors que les candidats sont encore en pleine possession de leurs capacités physiques. Et même sans la faim et la fatigue accumulées, plusieurs candidats n'ont pas réussi à aller jusqu'au bout. "Il y a beaucoup de préjugés et d'idées reçues, mais la réalité, c'est qu'il ne faut pas être un athlète olympique, un sportif émérite avec un niveau d'endurance dingue pour faire Koh-Lanta. Oui, il y a des sportifs dans l'émission, mais ce n'est jamais la majorité, et ça, c'est valable dans toutes les saisons, car nous voulons des aventuriers qui soient représentatifs de la population française."
Quid d'un aventurier handicapé ?
Les candidats handicapés sont rares dans "Koh-Lanta", mais ils existent. Cela a été le cas par exemple pour Tugdual, en 2017, qui avait attendu son élimination pour révéler aux aventuriers et au public qu'il était borgne, et qu'il ne voyait que d'un oeil. En 2015, Isabelle, une candidate mal-entendante et dotée d'un appareil auditif, a elle aussi tenté sa chance.
Et pour Julien Magne, aucune règle ne s'opposerait à la participation d'un aventurier ou d'une aventurière ayant une prothèse, comme cela a été le cas pour Noelle dans "Survivor" : "Il s'avère qu'on a très peu de personnes avec un handicap qui postulent. La seule condition étant que le handicap soit adapté à l'aventure, sans risque de mettre la personne en danger. Il serait tout à fait possible d'avoir un candidat ou une candidate avec une prothèse, par exemple. Mais on ne choisira évidemment pas une personne juste parce qu'elle est handicapée, il faut que la motivation et les autres critères soient respectés."
Vidéo. Koh-Lanta : quelles mesures ont été prises par la production pour éviter tout nouveau cas de tricherie ?
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