Largué.e, délivré.e : "Il a réussi à me faire croire qu’il n’y avait rien en dehors de lui"

Largué.e, délivré.e :
Largué.e, délivré.e :

Vous vous rappelez de ce sentiment de vide quand il ou elle prononce l’irrévocabilité ? Pourtant, les ruptures, si elles peuvent apparaître insurmontables, nous apprennent toujours. Largué.e, délivré.e raconte ces moments de la vie où il a été question de se réinventer pour vivre une vie plus belle encore.

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Avec le recul, Aya considère qu’elle a été la victime consentante d’un système qui n’était rien d’autre qu’une prison. Rien à voir avec l’histoire d’amour qu’elle pensait vivre. "On a passé 8 ans ensemble pendant lesquels on a inventé une vie à peu près parfaite avec une maison décorée avec amour par mes soins, un adorable chien, des déjeuners en famille le dimanche, des vacances tous les ans sur le bord de la mer avec ses amis. J’avais l’impression d’être dans un film. Au fur et à mesure de ces années ensemble, il m’a conseillé de prendre un travail un peu moins exigeant en terme d’horaires donc je me suis mise à 80%. C’était possible financièrement parce qu’il gagnait très bien sa vie. Mes amies étaient super envieuses, j’avais du temps pour me faire belle et continuer à entretenir le rêve. Je pensais qu’on n’allait pas tarder à parler d’enfant. Il me disait qu’il voulait un grand mariage juste avant ça. J’avais pris l’habitude de faire des moodboards et je lui montrais mes avancées. Ça lui faisait plaisir. J’étais vraiment la petite femme parfaite."

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Du rêve au cauchemar

La rupture, elle se la prend comme un coup de poing en plein visage : "Un jour, il est rentré de la salle de sport et j’ai senti que quelque chose avait changé. Je l’ai entendu prendre une douche et avoir pensé ça : il se passe quelque chose. Quelques heures après il me disait qu’il avait rencontré quelqu’un et que c’était fini entre nous. J’étais dévastée. Il avait réussi à me faire croire qu’il n’y avait rien en dehors de lui. J’étais en train de réfléchir à comment finir ma vie quand ma soeur est venue me retrouver. Elle m’a emmenée chez nos parents et c’est là que j’ai passé l’année suivante. Du jour au lendemain, Aya doit réécrire sa vie : "Il y a vraiment eu un avant et après cette soirée là. La journée d’avant j’étais encore l’héroïne d’une comédie romantique et le soir j’étais en plein milieu d’un film d’horreur".

Elle se souvient : "J’avais perdu celui qui était tout pour moi, mes repères dans la vie, et tous mes proches sont venus me dire que c’était pour le mieux et que je n’étais pas vraiment heureuse. Les premières semaines, j’avais l’impression que c’était la pire façon d’essayer de m’aider et puis j’ai réalisé qu’ils avaient raison. Je ne maîtrisais plus rien depuis longtemps et j’étais manipulée par lui et qu’il profitait beaucoup plus de sa vie avec une petite femme toute pomponnée qui s’occupait de tout pour lui que moi avec la pression que ça pouvait représenter. Ça m’a pris du temps avant de réaliser aussi que je n’étais pas ce personnage pastel toujours souriant qu’on peut facilement présenter à son patron ou à ses parents."

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Une nouvelle vie seule et plus épanouie

La jeune femme finit par se reconstruire à sa manière : "Ce n’est pas très foufou, mais j’ai commencé à me faire tatouer pour me reconnecter à mon corps et à mon image. Ça m’a fait un bien ! Je me suis battue pour récupérer notre chien, que je ne voulais pas abandonner. Je vais courir avec lui le week-end et je rentre en sueur et toute sale et j’adore ça. Mon appartement n’a pas l’air de sortir d’un magazine de décoration, mais je l’adore et je m’y sens bien. Mon ex a été plusieurs fois en couple depuis et s’est séparé à chaque fois".

"À chaque fois, j’ai envoyé un petit message après coup à la fille en question pour lui dire que j’étais là si elle voulait parler. Je crois que ça en aidé au moins une. Moi, ça a fini de me soigner de cette histoire. Maintenant je n’envisage pas la vie autrement que seule d’abord et ensuite bien entourée de gens qui m’acceptent pour ce que je suis. J’essaye d’être engagée dans des causes qui me tiennent à coeur et je sais que plein de qualités. J’ai longtemps eu l’impression qu’on ne pouvait pas m’aimer pour moi, quand j’étais triste, sale, fatiguée, pas présentable. Et j’ai découvert d’une part que c’était possible et même que c’était le mieux. Avant, j’étais une poupée et je ne vivais et ne ressentais pas grand chose. Maintenant je suis moi et je suis heureuse."

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