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Largué.e, délivré.e : un après-midi autour de la piscine qui chamboule sa vie

Largué.e, délivré.e
Largué.e, délivré.e

Vous vous rappelez de ce sentiment de vide quand il ou elle prononce l’irrévocabilité ? Pourtant, les ruptures, si elles peuvent apparaître insurmontables, nous apprennent toujours. Largué.e, délivré.e raconte ces moments de la vie où il a été question de se réinventer pour vivre une vie plus belle encore. Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.

Tout commence en juillet 2019. Manon est en couple depuis deux ans et passe une chaude après-midi d’été avec sa petite amie autour de la piscine des parents de celle-ci. Elle vient de retourner vivre chez ses parents après l’obtention de son diplôme et l’été s’annonce doux. Un été de transition avant de se jeter dans la vie d’active. Mais Manon n’est pas dupe, elle sent bien que sa petite amie est préoccupée. La veille déjà, ses messages avaient été distants. Ça n’avait pas empêché la jeune femme de fourrer son maillot de bain dans son sac à dos et d’espérer un discussion à coeurs ouverts au soleil. Mais quand elle tente d’aborder la question, la réponse est sans appel : “Je ne me sens plus bien dans notre couple. Je préfère qu’on arrête.”

Manon est sous le choc, comme paralysée. Elle est en maillot de bain, assise sur une chaise verte en plastique d’un salon de jardin et sa vie a basculé. En face d’elle, la femme qu’elle a aimée pendant deux ans est détachée, comme si elle était soulagée d’avoir enfin partagé une décision prise à l’avance et mûrement réfléchie. Manon ne trouve rien d’autre à dire que de demander à son ex-compagne de lui rendre le short qu’elle lui a prêté. La demande est tellement absurde qu’elles se mettent à en rire. Mais c’est pourtant la fin. Quand Manon repart chez ses parents, elle n’entend que : “Je te souhaite d’être heureuse.”

Un rendez-vous catastrophique

Quand la sidération se dissipe, Manon est submergée par l’émotion. Elle pleure des rivières et se fait porter pâle au travail. Elle venait d’avoir son diplôme et cherchait un travail dans la ville de celle qui est devenue son ex, toute sa vie et ses projets sont bousculés. Leurs fantasmes de vacances à deux aussi sont partis en fumée. Des amis cessent de prendre des nouvelles. Manon se fâche avec sa famille. Elle touche le fond.

Et puis un jour, un jour, seule dans la grande maison familiale, la jeune femme finit par prendre rendez-vous par une psychologue. Elle dit : “J’en ai marre de pleurer.” Le rendez-vous est une catastrophe. Manon ne trouve pas le soutien qu’elle espérait. Elle cherche alors à extérioriser sa peine par tous les moyens possibles. Elle écrit, en vain. Elle sort avec des amis. Elle achète les livres de développement personnel. Mais rien ne semble éteindre ce sentiment sourd d’étouffement qu’elle ressent chez elle. Elle se met alors à courir.

Manon achète une tenue de sport. Elle raconte : “Les premières fois ça a été laborieux. Et puis, petit à petit, j'ai réussi à courir de plus grandes distances. Je me sentais mieux à l'extérieur, avec mes écouteurs, toute entière concentrée sur les mouvements de mon corps et mon souffle.”

Courir pour mieux rebondir

La natation l’appelle aussi. Elle passe des heures à faire des allers-retours dans les couloirs de la piscine. Finalement, il ne se passe pas une journée sans qu’elle ne pratique un sport. C’est courir qui lui a permis de sortir la tête de l’eau. Elle se voit progresser, elle lutte contre ses limites et se sent libre. Elle finit par trouver de nouveaux projets. Manon postule à un emploi dans la ville quittée au début de l’été et où tous ses amis résident. Sa nouvelle vie commence avec ce déménagement.

Des mois après la rupture, elle avoue penser encore à ex un peu chaque jour. Elle vient aussi hanter ses nuits. C’était un premier amour et il est possible que celui-ci vive avec elle à jamais. Mais Manon revit, avant de retomber amoureuse un jour. Elle sort avec plaisir, rit, court. Son nouveau travail est valorisant et elle a prévu de commencer le bénévolat dans une association. Les jours sombres semblent bien derrière elle.

Elle a des projets aussi en course : courir les distances déjà parcourues mais en réduisant ses temps. Elle prévoie aussi de tester de nouveaux chemins de course et rêve de finir un semi-marathon voire un marathon : “Le marathon de Paris, avec ses 42 km, ce serait extraordinaire.”

Si la tristesse est encore présente, en filigrane, Manon voit déjà se dessiner un avenir plus épanoui et serein. Elle a hâte d’être heureuse à nouveau, ce qui semble être le premier pas pour y arriver.

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