Le couple à l'épreuve du confinement : "On a décidé qu’à l’avenir, on n'habiterait plus ensemble"
Comment vivent les couples qui partagent ensemble leur second confinement ? Quelles sont leurs appréhensions, leurs arrangements au quotidien ? Le lien s’est-il confirmé ou au contraire étiolé ? Le couple à l’épreuve du confinement raconte ces couples qui tentent, malgré un contexte difficile, de faire perdurer leur amour à l’ère d’une pandémie mondiale.
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Margo et Jean sont des quadragénaires urbains en couple depuis plus de dix ans. Ils partagent depuis six ans le même appartement, aménagé pour leur confort de vie au quotidien et pour des temps de travail à domicile puisque, bien avant le confinement, le couple pratiquait déjà le télétravail une partie du temps. Margo en est bien consciente : par rapport à beaucoup, ils n’ont pas abordé le confinement avec trop d’angoisses. "Nous n’avons pas d’enfants et toute notre vie est centrée sur notre confort individuel. Évidemment qu’un confinement n’est idéal pour personne mais franchement, avec notre grand appartement parfaitement aménagé, nous aurions été bien audacieux de nous plaindre."
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Ils ont déchanté pendant le confinement
Mais la crise sanitaire s’installe et la bonne entente s’étiole : "On a découvert tous les deux que le télétravail à temps plein et imposé était bien différent du télétravail à la carte et choisi. Notre stress a commencé à augmenter et la frustration et la colère se sont exprimées. Moi, je faisais le ménage partout compulsivement pour me calmer. Jean, au contraire, a laissé parler son côté bordélique et accro au shopping en ligne. C’était ridicule, il y avait des cartons et des déchets partout tandis que moi je me baladais partout en gants Mapa avec des lingettes anti-poussières à la main. On a fini par entrer en conflit."
On a commencé à réfléchir à de nouveaux modes de vie pour préserver notre couple. On a décidé de prendre chacun un appartement.
Ce que le couple remarque, c’est qu’ils réagissent tous les deux assez mal à la notion de contrainte : "Il ne faut pas se voiler la face, on n’a pas une vie très contraignante. Alors le confinement obligatoire, les attestations, le changement d’habitudes et le stress qui s’enflamme, ça nous a plutôt mis à l’épreuve. Je ne dirais pas qu’on a pensé à la séparation mais tout doucement et chacun de notre côté, on a commencé à réfléchir à de nouveaux modes de vie pour préserver notre couple."
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L’appréhension de la cohabitation forcée
Quand le second confinement se profile, Margo angoisse : "Je n’avais aucune envie que le cirque de la première fois recommence, avec nous deux en caricatures de nous-mêmes à se regarder avec des envies de meurtre. On a décidé de s’imposer des limites, même si c’était encore des contraintes supplémentaires. Jean a pu acheter ce qu’il voulait tant que ça rentrait dans son bureau et que les cartons étaient jetés régulièrement. Moi, j’ai pu astiquer tout mon saoul mais uniquement certaines pièces de l’appartement. Ça nous a rendus l’épreuve plus facile et c’était probablement la solution la plus intelligente à défaut d’être idéale." Entretemps, le couple a pu mûrir sa réflexion sur son avenir. "Un soir, Jean m’a demandé si j’étais prête à partager un troisième confinement avec lui. Je lui ai retourné la question. On est arrivés à la conclusion qu’on en serait capables mais qu’on serait certainement plus heureux si on vivait la prochaine épreuve de ce type seuls. C’est là qu’on a décidé de prendre chacun un appartement. On a donc décidé qu’à l’avenir, on n'habiterait plus ensemble.”
Avoir un espace chacun à soi, c’est décider volontairement que le temps qu’on passe ensemble c’est du temps de qualité.
Ils ignorent encore si cette solution sera la bonne mais ce projet porte en lui l’espoir de retrouver l’équilibre, d’affronter au mieux la suite de la pandémie et d’espérer rester ensemble le plus longtemps possible. “Le plus important pour nous deux c’est que notre amour et notre complicité restent plus importants. Plus encore que les angoisses, le stress, les petites crispations et les agacements mineurs du quotidien. Ça me rendait dingue de m’énerver pour tout et n’importe quoi et lui aussi. Avoir un espace chacun à soi, c’est décider volontairement que le temps qu’on passe ensemble c’est du temps de qualité, où on est totalement disponibles. Même si c’est pour regarder des programmes nuls à la télé. Ce n’est pas une pression supplémentaire. C’est, au contraire, d’arrêter de vivre dans la pression d’être jugé sans arrêt par l’autre. Ou dans le fantasme de ce jugement.”
Les amoureux ont commencé à visiter des logements en ligne et s’apprêtent à faire leurs premières visites : "Personne autour de nous ne comprend qu’en fait on ne se sépare pas. Mais nous, ça nous fait marrer. On va habiter dans deux appartements différents justement parce qu’on s’aime. Les autres auront bien le temps de comprendre."
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