Le couple à l'épreuve du confinement : "J'ai endossé toute la charge mentale concernant les enfants et j'ai craqué"

Le couple à l'épreuve du confinement
Le couple à l'épreuve du confinement

Comment vivent les couples qui partagent ensemble leur second confinement ? Quelles sont leurs appréhensions, leurs arrangements au quotidien ? Le lien s’est-il confirmé ou au contraire étiolé ? Le couple à l’épreuve du confinement raconte ces couples qui tentent, malgré un contexte difficile, de faire perdurer leur amour à l’ère d’une pandémie mondiale.

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Agnès a 42 ans, est mariée et est maman de deux enfants, de 10 et 7 ans. Le premier confinement, elle en garde un goût amer : "Avec mon mari, on s’est retrouvés tous les deux en télétravail. Mais avec les enfants, il a bien fallu que quelqu’un se sacrifie pour l’école à la maison, la préparation des repas et les activités diverses et variées. Si on n’avait pas eu d’enfants, ça aurait presque été des vacances mais ce n’était pas le cas. Et naturellement, comme si c’était évident, j’ai endossé toute cette charge. Au bout d’un peu plus d’un mois, j’ai craqué et j’ai dit à tout le monde que s’il n’y avait pas d’efforts de faits, j’allais habiter chez une copine."

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La situation se stabilise un peu : le mari d’Agnès prend en charge les devoirs deux jours par semaine et les enfants contribuent à l’effort en préparant occasionnellement les repas et en participant un peu plus que d’habitude au rangement de la maison.

L’appréhension du second confinement après l’été

Cet été, la mère de famille a eu besoin de se reposer. Elle part pour la première fois en vacances toute seule : "Je n’étais pas loin, à 200 kilomètres de mon mari et de mes fils. Mais je pouvais plus supporter de vivre encore ce quotidien avec pour seule consolation qu’il faisait beau et qu’il y avait la mer. J’avais besoin de silence et surtout de ne penser qu’à moi." Elle se félicite aujourd’hui de ce choix : "Je pense qu’on le refera parce que, de leur côté, mes hommes ont partagé de super moments aussi."

Cette fois, j’ai eu l’impression de traverser l’épreuve épaulée par quelqu’un et non pas toute seule.

Mais quand vient le temps du reconfinement, La jeune femme tremble : "Après les annonces gouvernementales, j’ai passé une nuit blanche. J’avais tellement peur que ça se passe comme la première fois, avec le travail et une charge mentale démultipliée. Mon mari m’a rassurée en me disant qu’avec la continuité de l’école, il n’y aurait pas besoin de faire de garderie en plus et que je ne devais pas hésiter à lui partager mes difficultés si j’en avais." Finalement, le couple trouve son équilibre : "Notre maison est assez grande pour qu’on puisse avoir chacun un espace de travail. On s’est retrouvés le midi. Le soir, on a souvent fait le choix de se faire livrer à manger. Cette fois, j’ai eu l’impression de traverser l’épreuve épaulée par quelqu’un et non pas toute seule."

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“Les premiers jours, il rentrait de l’école en pleurant”

Quant aux enfants, ils ont abordé avec sérénité cet état intermédiaire avec des cours à l’école et moins de sorties et d’activités : "Je pensais que les garçons seraient difficiles à occuper ou que leur frustration les rendraient compliqués à vivre. Mais ils ont fait preuve de beaucoup d’empathie, dans la limite de leurs âges, et ont essayé de nous laisser du champ libre pour notre travail le mercredi par exemple. Pour compenser, on a essayé de toujours se garder du temps en soirée pour une partie de jeu de société ou de jeu vidéo en famille. On a gardé nos rituels du premier confinement avec un film et des sushis le samedi soir. Et puis, on a beaucoup parlé de ce qu’on ressentait, beaucoup plus que d’habitude."

Le plus jeune fils d’Agnès a, par exemple, eu un peu de mal à se faire à l’idée de porter un masque toute la journée : "Les premiers jours, il rentrait de l’école en pleurant. J’ai pris le temps de lui parler calmement, de lui expliquer les raisons et de chercher avec lui des masques qu’il pourrait prendre plaisir à porter. C’est bête mais ces longues discussions nous ont beaucoup rapprochés."

S'il y a un troisième confinement, on est prêts.

"Je pense que si je devais nous donner une appréciation pour ce second confinement, je dirais qu’on s’en est sortis haut la main. On apprend de nos erreurs, c’est une force. J’ai beaucoup souffert la première fois et j’ai la chance d’être entourée d’hommes pour qui le sacrifice de mon bien-être n’est pas une évidence. On a affronté ça comme une famille cette fois." Elle ajoute avec un sourire : "S’il y a un troisième confinement, on est prêts."

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