Le couple à l'épreuve du confinement : "Je l’ai vu pleurer parce qu’il avait peur de me rendre malade"
Comment vivent les couples qui partagent ensemble leur second confinement ? Quelles sont leurs appréhensions, leurs arrangements au quotidien ? Le lien s’est-il confirmé ou au contraire étiolé ? Le couple à l’épreuve du confinement raconte ces duos qui tentent, malgré un contexte difficile, de faire perdurer leur amour à l’ère d’une pandémie mondiale.
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En couple depuis six ans, Laurent et Marco partagent un appartement situé en périphérie d’une grande ville. Laurent travaille comme indépendant dans la communication et Marco est professeur des écoles. Et c’est une forme de paranoïa qui a été réveillée chez eux au moment du reconfinement. Laurent raconte : "Au moment du premier confinement, nous étions tous les deux à la maison. On a eu un peu de mal à organiser nos espaces de travail au début mais une fois que j’ai sacrifié une pièce entière de l’appartement pour ses activités de classe, ça s’est très bien passé. Au second confinement, on a été vraiment tiraillés par la situation : moi, je reste chez nous toute la journée et lui sort tous les jours pour aller travailler avec des petits enfants dans des conditions qui ne sont pas toujours super sécurisantes."
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Le couple envisage alors de confiner chacun son côté de la maison, en désinfectant au maximum les espaces communs : "Marco avait la phobie de me contaminer. Il ne voulait pas que son travail soit responsable de souffrance ou de problèmes de santé de mon côté. On a beaucoup parlé de l’organisation à avoir. Parce qu’on a besoin de se toucher et de dormir ensemble pour se sentir bien, il n’était pas possible d’être totalement safe. Il a juste fait ce qu’il a pu au travail, dans les limites de ses capacités."
“Il n’a pas arrêté de dire qu’il ne se le pardonnerait jamais”
Le jeune homme explique avoir été surpris de la façon dont son compagnon a réagi à la situation. "J’ai réalisé tout l’amour qu’il avait pour moi quand je l’ai vu pleurer parce qu’il avait peur de me rendre malade. Il n’avait pas peur de risquer de tomber malade lui au travail mais vraiment de ramener le virus à la maison. Il n’a pas arrêté de dire qu’il ne se le pardonnerait jamais, même si j’étais malade d’une forme bénigne. Ça m’a beaucoup touché", nous raconte-t-il. Les amoureux ont, pour l’instant, la chance de ne pas avoir été confrontés à une telle situation.
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Après qu’un collègue a commencé à développer des symptômes, le personnel de l’établissement où travaille l’enseignant est testé et il en résulte positif et asymptomatique. Son partenaire se fait tester à son tour et son test revient négatif. "Même si Marco n’avait pas d’autre symptôme qu’un peu de fatigue, et c’était certainement empiré par le stress, j’ai pu m’occuper de lui pendant quelques jours. Quand il a repris le travail, j’ai de nouveau passé un test, toujours négatif."
“Il n’a pas de prime de risques, personne ne l’applaudit à la fenêtre”
"Je pense que ce qui nous a surpris tous les deux c’est de réaliser à quel point son métier était à risques. Je veux dire que je ne suis pas en couple avec un pompier, un policier, un urgentiste ou démineur. Mon amoureux, c’est quelqu’un qui s’occupe et apprend des choses à des enfants. On n’imagine pas les risques qu’il prend aujourd’hui pour encadrer des activités puzzle et apprentissage de l’écriture. Et le personnel qui travaille avec lui aussi. Il n’a pas de prime de risques, personne ne l’applaudit à la fenêtre. Mais chaque matin, comme beaucoup trop de gens, il prend les transports pour aller travailler toute la journée."
Laurent est en colère de voir son conjoint aussi angoissé et aussi fatigué : "J’ai hâte qu’on puisse partir ensemble quelques jours en vacances, qu’il oublie tout ça et qu’on crée ensemble de nouveaux beaux souvenirs. D’ici là, je fais des blagues, je lui sers un apéritif les soirs où il est le plus à bout, j’ai acheté un livre pour apprendre à faire des cocktails pour varier les plaisirs et je ne refuse jamais une partie de jeu de société ou de cartes s’il veut se vider la tête. Dans quelques jours, j’ai prévu qu’on fasse un karaoké ensemble. Il a bien besoin de se défouler et moi aussi. Au quotidien, j’ai aussi plus peur pour lui que peur pour moi. Mais on traversera tout ça ensemble et ce qu’il y a après ne pourra être que très beau parce qu’on sera toujours ensemble."
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