"Vous êtes devenu chiant" : Les propos "choquants" de Léa Salamé "sur un plateau de télévision, dans une émission du service public"
Ce samedi 27 avril 2024, Léa Salamé a évoqué la sobriété de l'acteur Artus en lui affirmant qu'il était "devenu chiant". Des propos qui ont fait bondir les internautes, qui jugent la séquence irrespectueuse, pour ne pas dire dangereuse. Pour cause, les personnes sobres sont, encore et toujours, victimes d'un véritable stigma sociétal.
"Oh ça va, c'est pas un verre de vin qui va te faire du mal !" Cette phrase, Lily, 34 ans, l'a entendue à chaque repas de famille ces huit dernières années. "J'ai arrêté l'alcool en 2016 parce que j'avais l'impression de perdre de plus en plus facilement le contrôle. De boire pour la moindre occasion", explique la jeune femme. "Depuis, je me retrouve constamment confrontée à des gens insistants, qui veulent me pousser à boire, ou qui me disent que je suis une rabat-joie. Et ce, alors que je n'interdis rien à personne", regrette-t-elle.
Alors forcément, la jeune femme fait partie des personnes offusquées par la pique de Léa Salamé, adressée à Artus sur le plateau de "Quelle époque !", le 27 avril 2024. Alors que l'acteur et réalisateur évoquait le fait d'avoir arrêté de boire et de fumer, l'animatrice lui a balancé : "Ah vous êtes devenu chiant. Je veux dire, vous n’êtes plus angoissé mais vous êtes chiant." Ce à quoi le principal intéressé a répondu, avec franchise : "C’est très français ça, de dire, dès qu’on dit qu’on a arrêté de boire, qu’on devient chiant. Alors que, putain, c’est bien en fait de ne pas boire de l’alcool !"
Vidéo. La minute de Léa Salamé
Des remarques constantes qui mettent en péril la sobriété
Pour Lily, Artus a très bien réagi : "Il a rappelé que l'alcool était mauvais pour la santé, ce qui aurait dû être fait par Léa Salamé dans le cadre de la loi Evin, soit dit en passant. Mais surtout, il a rappelé que c'était effectivement très français, comme réaction. Quand je dis que je suis sobre aux Etats-Unis, par exemple, on ne me dit jamais que je suis chiante. On me félicite."
Même son de cloche du côté de Val, qui avoue avoir été "saoûlée" par la séquence, diffusée sur une chaîne du service public. "Je me dis qu’en 2024, avec toutes les informations qu’on a sur l’impact de l’alcool sur la santé, on ne devrait plus entendre ce genre de propos. Qui plus est, je trouve largement moins chiantes les personnes sobres, que celles éméchées qui se permettent de crier dans les bars, à 3 cm de ton visage", affirme-t-elle. "Ça m’a d’autant plus énervée que ça fait écho à des choses que j’entends depuis que j’ai arrêté de boire. Pas plus tard qu’il y a deux semaines, mon oncle que je n'avais pas vu depuis des années, qui me sort : 'Ah toi aussi t’es malade' quand j’ai dit que je ne buvais pas d’alcool, en faisant référence à une de ses connaissances qui a fait pareil."
François, lui, va même plus loin : "Je suis un ancien alcoolique. Mon entourage le sait, je ne m'en cache pas, au contraire. Mais ce que plein de gens ne réalisent pas, c'est que quand on me dit que je suis chiant à ne pas boire, ou qu'on insiste de me convaincre pour "juste un verre", ça risque de détruire tout le travail que j'ai fait pour devenir, et surtout pour rester sobre." Et d'affirmer : "Personne n'aurait l'idée de proposer "juste un rail de coke" à un ancien drogué. Pourquoi c'est différent pour l'alcool ? Parce qu'en France, c'est socialement encouragé de picoler."
L'alcoolisme, un vrai problème de santé publique
Pour le jeune homme, bon nombre de personnes ne réalisent pas à quel point ils entretiennent une dépendance à l'alcool. "Si vous n'êtes pas capable de passer une soirée sans boire au moins une bière ou un verre de vin, c'est qu'il y a un problème", estime-t-il. En effet, d'après les données du Baromètre de Santé publique France, en 2020, 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans dépassaient les repères de consommation d'alcool.
"Ça fait presque une personne sur quatre qui consomme de l'alcool plus que de raison", note-t-il. "Dans mon groupe de potes, il y en a encore plein qui trouvent ça normal de s'enquiller une bouteille de rouge en solo le soir, là où ils s'interdisent une deuxième tartine de pâte à tartiner au petit-dej. L'alcool est tellement accepté et encouragé socialement que, même quand on ne sort pas, on peut se vanter de picoler en solo."
Raphaëlle, 32 ans, partage ce point de vue : "Les propos de Léa Salamé ne m'ont pas surprise, mais je trouve ça choquant qu'ils soient tenus sur un plateau de télévision, dans une émission du service public. Ça va totalement à l'encontre des politiques préventives contre l'alcool et de la santé publique en général, c'est irresponsable", dénonce la jeune femme, qui rappelle qu'il n'y a "rien de transgressif" dans le fait de boire de l'alcool, et que les personnes sobres sont "loin d'être chiantes" : "Je suis tellement plus heureuse depuis que je suis sobre, la seule chose chiante, ce sont les remarques constantes. J'ai l'impression d'être la meilleure version de moi-même depuis que j'ai arrêté de boire, je suis en meilleure santé, et je sais que bon nombre de personnes sobres partagent le même point de vue."
Sobriété : pas besoin de la commenter
Comme le rappelle Lily, la France fait partie des rares pays à avoir une telle culture de l'alcool. Ailleurs dans le monde, la sobriété est souvent saluée, et elle ne fait en aucun cas l'objet d'interrogations déplacées. "Personnellement, je pense que les gens devraient juste proposer une boisson sans alcool quand quelqu’un dit qu’iel est sobre, et ne pas épiloguer sur le pourquoi du comment. Notre sobriété, on en parle si on en a envie, et on a certainement pas envie de se faire forcer la main", affirme Val.
"C'est sûr qu'on n"a pas toujours envie d'étaler sa vie privée", rappelle Thomas. "Moi, je n'ai aucun problème à dire que j'ai été alcoolique, mais ça reste un mot qui fait peur. Chacun et chacune a le droit de se justifier ou non sur sa sobriété. Quand on propose de l'alcool à une personne et que cette dernière répond 'Non merci', la bonne réponse c'est : 'Je peux te proposer autre chose ?', et non 'Bah, pourquoi ?'", conclut-il.
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