Poly-Amours : Jeanine, 67 ans : "Ça m’arrange bien d’être avec un homme de 73 ans qui a deux femmes"
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Au regard des statistiques sur l’infidélité, de plus en plus de personnes se questionnent sur le bien-fondé d’une monogamie stricte ou sur la possibilité d’une histoire d’amour qui dure toute la vie. Les célibataires des années 2020 jonglent avec des codes qui rendent leurs vies amoureuses semées d’embuches. Parfois, un coup de coeur en simultanée d’une histoire pré-existante vient bouleverser les certitudes. Le polyamour est de plus en plus discuté, source de curiosité quand il n’est pas directement expérimenté. Rencontre avec des polyamoureux et polyamoureuses qui vivent cette alternative au quotidien.
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Jeanine a 67 ans et est veuve depuis 4 ans : "J’ai été avec mon mari pendant plus de 40 ans, nous avons eu 3 enfants ensemble qui sont partis de la maison il y a longtemps. Mon mari est tombé malade il y a 5 ans et après un an de maladie, il est décédé. J’ai été soulagée qu’il ne souffre pas plus, je n’ai pas honte de le dire. J’ai mis des mois avant de réussir à vivre normalement. Je m’étais complètement habituée aux soins et à m’occuper de lui sans arrêt que je ne savais plus m’occuper de moi. Et avant ça il y avait eu les enfants. En fait, me retrouver seule, ça m’a déprimée. Avoir seulement ma propre responsabilité, je ne savais pas faire."
Les précieux conseils d'une amie
C’est sur les conseils d’une amie, que Jeanine commence à sortir : "Je passais mon temps chez moi à faire le ménage ou à ne rien faire du tout. Je n’arrivais pas à me faire à manger juste pour moi. Alors ma voisine m’a dit d’aller à la bibliothèque, au cinéma, au café. Tout ce que, normalement, je ne fais jamais." C’est au cinéma qu’elle rencontre l’homme qui fait battre son coeur depuis 4 ans : "On s’est mis à se parler après une séance et puis il m’a invitée à prendre un café. J’ai eu un vrai coup de coeur pour lui, même s'il est un peu plus âgé que moi. Ça m’a fait un peu peur d’apprendre qu’il avait 73 ans parce que je ne voulais pas revivre ce que j’avais vécu avec mon mari. Mais il m’a rassurée en me disant qu’il était en parfaite santé et j’ai bien vu à quel point il était énergique. Il avait l’air plus jeune que moi."
Vidéo. Le grand A : polyamour
Jeanine tombe amoureuse mais s’étonne le jour où l’homme de ses pensées lui apprend qu’il y a déjà une autre femme dans sa vie : "J’ai cru qu’il me proposait d’être sa maîtresse, j’étais furieuse. Et puis il s’est expliqué et il a proposé que je rencontre l’autre femme pour que je comprenne mieux. Je n’en ai pas eu envie mais j’ai fini par accepter le fait que personne ne trompe personne. Chacun garde son domicile, sa liberté et on n’est jamais tout à fait seuls aussi. Je sais que j’ai toujours quelqu’un avec qui aller au cinéma, aller au restaurant ou même ne rien faire à la maison si j’en ai envie. Il a rencontré mes enfants mais ils savent qu’il ne viendra jamais habiter avec moi et qu’il n’y aura pas de mariage, même s'ils en parlent souvent."
Une relation avantageuse
Jeanine considère que cette situation est la meilleure pour elle actuellement : "J’ai bien conscience que c’est une relation qui me va en ce moment parce que je suis en bonne santé et lui aussi. Je sais que c’est mieux d’habiter avec quelqu’un quand le quotidien est plus dur et qu’on est diminué. Mais pour l’instant, je profite. J’ai appris à apprécier d’avoir du temps pour moi. Et toute cette liberté qui m’embarrassait maintenant je ne veux plus l’échanger contre le fait de devoir nettoyer derrière un homme. Avec lui, je ne prends que le meilleur. Je le dis tout le temps à mes amies : ça m’arrange bien d’être avec un homme qui a deux femmes. Le polyamour, ça me permet d’être sûre qu’il n’y a pas une femme qui souffre derrière. Je ne fais de mal à personne. On vit notre vie, c’est tout."
Elle regrette les commérages autour de son histoire : "Ça fait 4 ans et je ne dois rien à personne. Mais je sais que ça a pas mal jasé autour de moi. Les voisines et certaines amies mal intentionnées ont parlé. Je pense que c’est principalement des femmes qui sont frustrées dans leurs vies. Et je les comprends, je l’ai été aussi. Moi aussi j’ai passé des années à nettoyer le derrière mes enfants et mon mari. Peut-être aussi que ça m’aurait fait râler de savoir qu’il y en a qui ont tout. Mais maintenant je me dis que j’ai mérité ce que je vis. C’est comme la retraite, j’ai payé ma part à la société pour quelques années de bonheur. Je compte bien en profiter le temps que ça dure."
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