"J'avais peur qu'on voit mon sang qui coule dans mon slip" : qualifiée pour les demi-finales des Mondiaux d'athlétisme, Rénelle Lamote évoque ses règles sans tabou
Les championnats du monde d'athlétisme battent leur plein à Budapest, en Hongrie. Ce mercredi 23 août ont eu lieu les séries du 800 mètres femmes pour accéder aux demi-finales. Trois Françaises étaient encore en lice, dont Rénelle Lamote, double championne de France, qualifiée pour la suite de la compétition. L'athlète s'est exprimée sur la difficulté d'avoir ses règles en tant que sportive de haut niveau, surtout durant un championnat. Une parole nécéssaire et encore trop rare.
À 29 ans, la double championne de France vient tout juste de se qualifier pour les demi-finales des Mondiaux d'athlétisme de Budapest dans sa catégorie, le 800 mètres femmes. Ce mercredi 23 août dans la matinée, Rénelle Lamote s'est classée troisième de sa course, se sauvant in extremis. "Sur le terrain d'échauffement, ça allait plutôt bien, mais en arrivant sur la piste, j'ai pris un gros coup de chaud. Je me suis sentie touchée par la chaleur", a-t-elle expliqué au micro de France Télévisions. "C'était une course un peu difficile, je ne suis pas très contente, mais je passe en demi-finales, c'est ce qu'il fallait. Je savais que je pouvais me qualifier à la place, donc j'ai assuré, sans en ajouter pour être absolument devant".
"J'avais mal au ventre, j'étais en stress"
Toujours très sincère, Rénelle Lamote n'hésite pas à aborder certains sujets souvent passés sous silence. Ainsi, il y a un mois, la sportive s'est exprimée dans sa story Instagram, expliquant que ses menstruations l'avaient gênée pendant une course. "C’était mon premier jour de règles et ce premier jour est très compliqué. Sur la ligne de départ, j’avais envie de p*ter, c’était chaud. Je suis ballonnée, j’ai pris plus d’un kilogramme d’eau cette semaine donc je ne me sentais pas en top forme. J’avais mal au ventre, j’étais en stress car j’avais peur qu’on voit mon sang qui coule dans mon slip. Ce sont des choses que le public ne sait pas mais qu’on doit gérer", avait-elle alors écrit.
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Douleurs, inconfort, appréhension, voire peur du jugement, les femmes doivent toutes composer avec leurs règles, une fois par mois. En tant que sportive, il est difficile d'accepter que ses performances soient impactées, d'autant plus lorsqu'il s'agit de disputer une compétition importante. C'est pourquoi Rénelle Lamote s'est d'ailleurs réjouie lorsqu'elle a reçu le calendrier des mondiaux : "Je compte beaucoup sur la chance que ça ne tombe pas le jour J". (...) Là par exemple je suis en fin de règles et je suis contente car je sais que je ne serai pas handicapée pour ça pendant la course". Elle écrit ensuite ne pas avoir, malheureusement, toujours cette chance et réellement pâtir du fait d'être indisposée quand elle pratique son sport. "Quand j'ai mes règles, je peux prendre deux kilos. C'est très inconfortable pour courir : des douleurs en bas du dos, des ballonnements, des diarrhées, des douleurs musculaires...", énumère-t-elle.
"Ça touche toutes les femmes"
Depuis plusieurs années, Rénelle Lamote tente de contrer le plus possible les désagréments liés aux règles. "J'essaie de manger plus de fibres, de ne pas manger trop salé, de boire des tisanes", détaille-t-elle, d'autant plus que la prise d'anti-douleurs est très encadrée chez les sportives. "Moi je m’en sors bien mais la semaine dernière, j’ai croisé une athlète qui avait tellement mal au ventre qu’elle ne pouvait pas se lever. Elle devait juste attendre que la douleur passe et que ça aille mieux. Et encore, je ne parle pas des filles qui font de l’endométriose avec le sport… Les gars, je suis désolée, je sais que ça ne vous intéresse pas ce qui se passe dans mon slip mais c’est important de vous ouvrir l’esprit et de vous sensibiliser".
Son post a visiblement parlé à de nombreuses femmes, puisqu'elles sont nombreuses à l'avoir remerciée, notamment du côté des sportives, qu'elles soient ses coéquipières ou ses concurrentes. "J'ai eu beaucoup de retours de sportives confrontées aussi au même problème. Ça touche un peu toutes les femmes", a-t-elle assuré.
Heureusement, les conséquences des règles sur les résultats sportifs sont de plus en plus prises au sérieux. Depuis deux ans, la fédération inclut les problématiques menstruelles dans son suivi médical des athlètes et renforce le dépistage de l’endométriose, comme le précise France Inter. Et le mouvement dépasse le monde de l'athlétisme : côté vestimentaire, les footballeuses Françaises ont pu, à leur demande, troquer leur short blanc pour un short bleu. Le début d'une révolution ?
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