Sabine Azéma : "Cette obsession de la jeunesse et de la minceur fait du mal aux femmes et des dégâts atroces sur les jeunes filles"
Au casting de "Tanguy, le retour" ce vendredi 21 avril sur M6, Sabine Azéma occupe les planches et le grand comme le petit écran depuis plusieurs décennies. Lassée des questions des médias sur son physique, l'actrice de 73 ans a dénoncé l'injonction à la jeunesse et à la beauté dont les femmes faisaient l'objet et leurs conséquences dévastatrices.
"Cette obsession des médias, je ne la supporte plus !" a lancé Sabine Azéma lors d'une interview pour Marie-Claire. Le magazine féminin l'avait invitée à réagir à certains sujets, et c'est le mot "lifting" qui l'a faite sortir de ses gonds. "En tant que femme, je trouve humiliant et dégradant que ça prenne une telle place. Quel est l'intérêt que telle ou telle ait fait rectifier ceci ou cela ? On s'en fiche ! C'est réduire les gens à leur apparence, s'intéresser passionnément à leur aspect physique. Mais la vie, le corps, l'amour, la séduction, c'est tellement autre chose ! En plus, cette obsession de la jeunesse et de la minceur fait du mal aux femmes. Il y a là-dedans une telle méconnaissance de la vie ! Ça fait des dégâts atroces sur les jeunes filles", a-t-elle déclaré. Un autre mot, d'ailleurs, l'agace : "pétillante", dont ont l'a souvent affublée. "Vous pouvez le rayer, ce mot-là ? Souvent, on me dit : 'Oh ! comme vous êtes pétillante ! Vous êtes une actrice pétillante, une fille pétillante'. Ça me fait penser au "Pschitt citron", au "Pschitt orange"...", a-t-elle confié.
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"C'est une autre sur l'écran, ce n'est pas moi"
Sabine Azéma semble, à titre personnel, être assez à l'aise avec son image, elle affirme ne pas être nostalgique et regarder toujours vers l'avant. Pour autant, pas question se se confronter à sa "vie d'avant". Ainsi, elle ne regarde pas les films dans lesquels elle a joué, et n'accroche pas de photos, chez elle, sur ses murs, comme l'a-t-elle confié à Augustin Trapenard dans "Boomerang", sur France Inter, en 2022.
"Je vis totalement dans l'instant présent. Le passé, c'est terminé. Vous venez chez moi, il n'y a pas de photos au mur, c'est fait. Je veux vivre la journée, l'avenir, je ne sais pas ce que ce sera... Je vis vraiment l'instant présent, c'est incroyable ! C'est incroyable même par rapport aux autres. Ce qui a été vécu, c'est fini et c'est une autre qui, peut-être, a vécu ça. (...) L'autre jour, je me suis vue. (...) Je regarde, mais c'est une autre sur l'écran, ce n'est pas moi. Tous mes films, c'est fini, c'est mort tout ça", a-t-elle résumé.
"Il faudrait remplacer le mot vieillir par grandir"
Au contraire, Sabine Azéma se félicite du temps qui passe, des années partagées avec les comédiens Pierre Arditi et André Dussollier, avec qui elle a travaillé à plusieurs reprises. "Ce sont pour moi des frères, les frères que je n'ai pas eus. Avouez que j'aurais pu plus mal tomber ! Il y a quelque chose de très profond entre nous, qui a grandi avec le temps. Nous aussi avons grandi, nous sommes devenus plus intéressants...", s'est-elle réjouie dans Marie-Claire. Et d'ajouter : "Si la vie n'a pas été trop méchante, on est de plus en plus intéressant. Mûrir, c'est passionnant. Il faudrait remplacer le mot vieillir par grandir. J'ai connu des personnes très âgées harcelées par des jeunes avides d'apprendre à leur contact. C'est cela la réussite d'une vie."
Sabine Azéma a conscience de la vitesse à laquelle filent les années, et, occupée à vivre l'instant présent et à construire sa carrière, elle reconnaît ne pas avoir trouvé le temps d'être mère, sans pour autant l'avoir réellement choisi, mais sans regrets non plus : "La vie passe vite. Si vous pouvez être mère, travailler, être une amante, c'est beaucoup. Il y a des gens capables de faire mille choses. Moi, pas. Je me donne souvent à fond. Sans doute suis-je plus amante que mère. Mais la question des enfants dépend des rencontres que l'on fait, à quel moment, et puis c'est à deux que ça se passe. Je n'ai pas "choisi" de ne pas en avoir, c'est la vie qui m'a menée sur un autre chemin."
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