Sabrina Ouazani se confie sur ses origines dénigrées : "Vous voulez jouer Juliette, avec votre accent de banlieue !"
Sabrina Ouazani est au casting de la série "Prière d'enquêter", ce mardi 20 juin sur France 3. Révélée dans "L'Esquive", en 2003, l'actrice a depuis su se faire une place dans le paysage audiovisuel français et s'affirmer. Si les portes de la comédie lui sont désormais grandes ouvertes, l'actrice n'a jamais oublié les remarques qu'elle a reçues à ses débuts. L'une d'elles, qui évoquait ses origines, l'a particulièrement blessée.
Née à Saint-Denis de parents algériens, Sabrina Ouazani grandit dans un HLM de La Courneuve. Elle a été propulsée sur le devant de la scène dès son premier film, "L'Esquive". C'est sa mère qui l'inscrit pour une audition afin de décrocher un rôle dans le long-métrage d'Abdellatif Kechiche, sorti en 2003. Son interprétation lui vaudra une nomination dans la catégorie meilleur espoir féminin, en 2005.
Depuis, elle s'est illustrée dans "La Graine et le Mulet", "La source des femmes" ou bien encore, dans un tout autre registre dans les séries "Plan Coeur" et "Validé", réalisée par son compagnon Franck Gastambide. Malgré sa réussite professionnelle, l'actrice s'est heurtée à des remarques particulièrement dures, notamment en début de carrière.
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"Je me suis sentie rabaissée, humiliée"
Invitée en mars 2022 dans "En aparté", sur Canal+, Sabrina Ouazani s'est remémorée une critique très dure d'un journaliste à son égard : "Pour la promotion de "L’esquive", je faisais une interview. Et un jour, un journaliste m’a demandé quel était le rôle que je rêvais d’interpréter. Et j’ai répondu Juliette, de "Roméo et Juliette". Ce journaliste s’est mis à me rire au nez, comme vous n’avez pas idée", a-t-elle décrit.
Ce dernier lui aurait alors rétorqué : "Mais enfin, Juliette, vous, faire du théâtre, avec votre diction, avec votre accent de banlieue !" Profondément touchée, la comédienne n'a jamais oublié cette réflexion stéréotypée, qui l'a poussée à s'autocensurer un temps, par la suite : "Ça m'a fait tellement de mal, ça m'a tellement rabaissée, humiliée, que je n'ai plus jamais répondu cette réponse", s'est-elle désolée.
"Être actrice, pour moi, c'était comme être princesse !"
Sabrina Ouazani a néanmoins pu prendre sa revanche : "Je commence un peu à reprendre confiance en moi. Surtout, ce qui m'a donné confiance en moi, ça a été la rencontre avec Abd al Malik, le fait qu'il m'offre ce rôle de Dora (dans la pièce "Les Justes", d'Albert Camus; ndlr), c'est un cadeau de pouvoir jouer au théâtre du Châtelet, les mots d'Albert Camus sous l'oeil bienveillant d'Abd al Malik. C'était un beau challenge, c'était incroyable pour moi et c'était quelque chose dont je rêvais."
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Aspirant plutôt à devenir professeure de sport ou journaliste, Sabrina Ouazani ne s'est jamais imaginée au cinéma : "Je n’avais jamais osé penser devenir actrice. Pour moi, c’était comme être princesse ! ", a-t-elle expliqué à Paris Match, en 2017. Mais elle trouve rapidement sa voie, dès sa première fois sur les plateaux : " À partir du moment où une caméra s’est posée sur moi, j’ai su que je voulais continuer."
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