Sans emploi, ils vivent "aux crochets" de leur compagne : "C'est vraiment trop la honte, je l'ai suppliée de ne rien dire"
Dans notre société actuelle, et malgré l'évolution des moeurs, il reste encore aujourd'hui classique dans un couple hétérosexuel, que les hommes gagnent plus d'argent que leur compagne. Mais parfois, le rapport de force s'inverse, et ce n'est pas toujours au goût de ces messieurs.
Le 27 août 2024, Benjamin Castaldi était l'invité de l'émission "La piscine", de Jordan de Luxe. L'occasion pour l'animateur de faire le point sur sa vie, et de révéler : "Je suis chômeur. Je ne travaille plus (...) J'ai plus de revenus depuis maintenant six mois." Et de préciser que c'était son épouse, Aurore Aleman, qui avait "pris le relais" sur leurs finances.
Au même titre, dans l'émission de téléréalité "La vie secrète des épouses mormones", qui fait couler beaucoup d'encre, ce sont les jeunes femmes qui assurent le train de vie de leur famille grâce aux réseaux sociaux.
Une récente étude présentée ce lundi 30 septembre par l’Institut national d’études démographiques (Ined) démontre que lorsqu’une femme contribue plus fortement au revenu commun que son partenaire masculin, elle encourt un "risque plus élevé" de séparation. L'étude de l'Ined précise que "les couples dans lesquels la part de revenu apporté par la femme est supérieure à 55 % sont plus instables que les autres couples, de manière significative", avec un "risque de séparation" supérieur de 11 % à 40 % par rapport aux couples aux revenus égaux.
En France, les hommes continuent à gagner, en moyenne, bien plus que les femmes pour un poste équivalent. Si ces messieurs n'ont aucun problème à gagner davantage d'argent que leur compagne, la situation est difficile à vivre quand les choses s'inversent.
"Dans notre société, c'est un stigma de vivre aux crochets de son épouse"
Thomas*, 41 ans, est sans emploi depuis un peu plus de quatre ans. "Avant, je travaillais dans la construction, à mon compte. Je gagnais bien ma vie, car j'enchaînais les chantiers", explique-t-il. Malheureusement, une blessure l'a contraint à ralentir son activité. "Un accident con, une chute, et je me suis bousillé le dos", regrette-t-il amèrement.
Puisqu'il était auto-entrepreneur, le quadragénaire n'a pas eu droit au chômage, et le poids des finances de leur couple repose désormais sur les épaules de son épouse. "Pour elle, ce n'est pas un problème. Elle est architecte, et gagne largement assez bien sa vie pour que nous puissions offrir une belle vie à nos enfants. Et moi, de mon côté, je me suis glissé dans le rôle du père au foyer, qui fait le ménage, les courses, la cuisine."
Pour Thomas et son épouse, le problème n'est ni financier, ni personnel. "Pour être honnête, j'adore être père au foyer. Mais je viens d'un milieu où un homme est censé s'occuper de sa famille, tenir les cordons de la bourse. Dans notre société, c'est encore un vrai stigma de vivre aux crochets de son épouse, et je sens bien que nos familles n'apprécient pas."
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A défaut de pouvoir continuer à travailler dans sa branche d'origine, le quadragénaire a décidé de faire des formations en informatique, pour espérer retrouver un emploi. "C'est à la fois pour m'occuper, et pour avoir un back-up au cas où il arriverait quelque chose à ma femme. Mais je ne me fais pas trop d'illusions : qui voudra embaucher un quadra sans la moindre expérience ? Sans doute pas grand-monde."
"Mon entourage ne sait pas que j'ai perdu mon emploi"
Si Thomas n'a eu aucun problème à annoncer à son entourage son nouveau statut de père au foyer en reconversion professionnelle, ce n'est pas le cas de Martin*, 32 ans, et ancien banquier. "Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais j'ai perdu mon emploi pour faute grave, alors que je gagnais très confortablement ma vie. Bien sûr, j'ai touché le chômage, mais mon CV est marqué au fer rouge et mes droits se sont terminés sans que je ne retrouve quoi que ce soit."
Le trentenaire, qui vit avec sa compagne depuis près de 10 ans, s'estime chanceux : "Nous ne sommes pas mariés, mais elle m'a soutenu malgré mes erreurs, et c'est elle qui paye le loyer, les factures, mes sorties. Nous avons dû réduire notre train de vie, mais on arrive à s'en sortir." Toutefois, l'entourage du couple ignore tout de la situation.
"Je l'ai suppliée de ne rien dire à personne tant que je n'avais pas retrouvé un emploi", explique Martin. "Pour moi, c'est vraiment trop la honte, à tous les niveaux. J'ai perdu mon job par ma propre faute, je fais peser le poids de nos finances sur ma compagne, et on a nettement moins d'argent : je ne pourrais pas assumer ça aux yeux de mes proches, donc mon entourage ne sait rien." Un paramètre de plus avec lequel son épouse doit jongler : "Je sais que je lui impose beaucoup de choses. Je mesure ma chance. Mais je suis incapable de m'asseoir sur mon ego."
"L'époque où je gagnais plus que ma femme est loin derrière moi"
Richard*, 38 ans, n'a quant à lui pas perdu son emploi, même s'il ne travaille désormais plus, du moins, au sens pratique du terme. "Avec mon épouse, nous avons toujours eu des carrières similaires. Nous étions tous deux commerciaux, avec de belles rentrées d'argent, de quoi assurer une belle vie à nos enfants." Jusqu'à la naissance de leur troisième fille, née handicapée.
"Je sais que dans les familles comme la nôtre, ce sont généralement les femmes qui arrêtent de travailler pour s'occuper d'un enfant handicapé. Mais pas chez nous, et ce, pour deux raisons. D'abord, ma femme avait besoin de se sortir la tête de la culpabilité qu'elle ressentait après la naissance de notre bébé, et en plus, son salaire et ses perspectives d'avancement étaient meilleurs que les miens."
Richard a donc commencé par prendre un congé parental, avant de finalement négocier une rupture conventionnelle. "Notre choix a définitivement été le bon. Cinq ans après la naissance de notre fille, ma femme a doublé son salaire, sans parler des bonus qu'elle gagne. Aujourd'hui, elle gagne plus que nos deux salaires combinés à l'époque, la période où je gagnais plus qu'elle est loin derrière moi. Et moi, je m'éclate avec nos filles à la maison, malgré mon rôle d'aidant qui n'est pas toujours facile. Nous savons que notre petite dernière aura besoin d'un accompagnement à vie, et moi, ça me va."
Le stigma qui touche bon nombre d'hommes ne semble pas l'atteindre. "C'est leur problème s'ils voient ça comme de vivre aux crochets de leur femme. Moi je vois ça comme un partenariat, où on a tous les deux fait des sacrifices", conclut-il avec force.