Simon Vendeme : "On peut être sur OnlyFans sans faire du porno"

Difficile de passer à côté d'OnlyFans, la plateforme de contenus par abonnement qui a fait un buzz monumental à l'occasion du premier confinement. Notamment de par son côté sulfureux, puisque bon nombre de créateurs et créatrices de contenu s'en servent pour partager des photos et vidéos non-censurées. Simon Vendeme fait partie des rares hommes à tirer leur épingle du jeu sur la plateforme, où les femmes sont largement plus populaires. Et pour lui, OnlyFans et les personnes qui l’utilisent souffrent du manque d'ouverture d'esprit des Français.

Sur les réseaux sociaux, et depuis maintenant plusieurs mois, il ne se passe quasiment plus une semaine sans qu'OnlyFans ne se retrouve au centre de l'actualité. Que ce soit à cause de l'arrivée d'une star, des problèmes de TVA de la plateforme ou encore des critiques à l'encontre de ceux – et surtout de celles – qui l’utilisent. D'autant que les galères économiques rencontrées à travers le monde entier par des particuliers à cause du coronavirus ont encouragé bien des personnes à tenter leur chance, dans l'espoir de se faire un peu d'argent.

Une jolie rentrée d'argent pour les comptes populaires

Simon Vendeme ne s'en cache pas : "Ce qui m'a motivé à me lancer, outre le fait qu'il n'y ait aucune censure, c'est l'apport financier." Très populaire sur les réseaux sociaux comme sur YouTube, le jeune homme âgé de 20 ans n'a pas eu beaucoup de mal à gagner des abonnés sur la plateforme, d'autant qu'il est l'un des premiers Français à s'être lancé dans l'aventure. L'un des rares hommes, aussi. Aujourd'hui, les photos qu'il poste régulièrement lui permettent un revenu stable et plutôt confortable : "Ça me rapporte entre 4 000 et 6 000 euros par mois. J'ai déterminé le prix de mon abonnement sur plusieurs critères : ma notoriété, mais aussi le prix que j'estimais qu'il fallait mettre pour accéder à mon contenu." À cela peuvent parfois se rajouter des pourboires, même si cela reste rare, dans son cas : "Ça dépend un peu des contenus que je poste. Pour les gens, ce n'est pas un automatisme, et puis ils payent déjà un abonnement, donc ils n'ont pas forcément envie de donner en plus un pourboire. Mais quand j'en reçois, ça me fait toujours très plaisir. Apparemment, ça fait parler, ça peut faire polémique, mais je pense que les gens ne sont pas forcés à donner un pourboire. Je pense que tant qu'il y a un consentement mutuel, il n'y a pas de problème."

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Mais n'allez pas croire pour autant que n'importe qui peut se faire une telle somme grâce à des contenus postés sur OnlyFans. Nico, lui, a très vite déchanté : "Je me suis rendu compte qu'en tant que mec cis hétéro, je ne déchaînais pas les foules", raconte ce fan de fitness. "Je poste aussi bien des nudes que des conseils de sport, d'entraînement, histoire de me diversifier. Mais si je me fais 150 euros dans l'opération, une fois que j'ai payé l'Urssaf, c'est le maximum. Vraiment pas la panacée. Et je sais que la plupart de mes abonnés sont des hommes gays, donc clairement, je ne fais pas ça pour attirer un public féminin." Il faut dire que les hommes sont rares sur OnlyFans, et ceux qui ont du succès, en France, le sont encore plus. Pourquoi ? Certains répondront que les femmes sont moins consommatrices de ce type de contenus, mais ce n'est pas vraiment le cas, selon les concernées, à l'instar d'Emeline, abonnée à plusieurs comptes : "Parmi mes 12 ou 13 abonnements, on retrouve majoritairement des nanas et des hommes gays, alors que je suis une femme hétéro. Je trouve simplement leur contenu plus beau, plus original, il m'inspire. Je pense que les hommes cis, eux, souffrent de leur mauvaise réputation d'être nuls pour faire des nudes. Payer pour voir des photos de b*tes moches ? Très peu pour moi..."

Nudité rime-t-elle toujours avec pornographie ?

En grande majorité, les créateurs et créatrices présent·e·s sur OnlyFans semblent proposer de la nudité, sous une forme ou une autre. C'est le cas de Simon Vendeme qui l'explique : "Ma première photo, c'était du nude, parce que je fais principalement ça sur OnlyFans. C'est ce que les gens attendent majoritairement sur cette plateforme, de nos jours." Mais le jeune homme souhaite qu'une distinction soit faite entre la nudité et la pornographie. Le site souffre en effet de sa réputation d'"Instagram du cul", mais cela ne signifie pas que ceux qui y postent des photos sont obligatoirement des pornstars, apprenties ou confirmées : "De façon générale, je fais en sorte de ne pas montrer mes parties génitales. On peut les montrer de façon très suggestive, très suggérées, mais ça ne va jamais être de façon directe, car je ne veux jamais tomber dans le pornographique. Je respecte absolument les personnes qui font ça, mais ce n'est pas ma voie de prédilection."

Au même titre, il refuse certaines demandes spécifiques de ses abonnés : "J'estime que ce n'est pas parce que la personne a payé un abonnement qu'elle a payé ma dignité, qu'elle a payé tout de moi. C'est juste un abonnement pour un contenu privé, et ça ne veut en aucun cas dire que je suis à ta merci et que je vais t'offrir tout ce que tu me demandes. Par exemple, une photo de mes pieds. Je sais que, moi, je ne sexualise pas mes pieds, donc je m'en fous d'envoyer une photo de mes pieds. Mais si c'est quelque chose, une vidéo où je me masturbe ou un contenu vraiment sexuel, je ne vais sûrement pas répondre."

Mais qu'il s'agisse de pornographie ou de nudité, le revers de médaille est le même, selon le vingtenaire : "On n'est pas dans le pays le plus ouvert d'esprit. On est un pays qui est encore très conservateur, et qui a beaucoup de tabous. Vu que j'ai été l'un des premiers à faire ça, j'ai eu toute la médiatisation autour de moi, tous les médias qui ont fait appel à moi pour parler de cette plateforme, ouvertement et sans tabou. En plus de ça, je suis LGBT, donc ça a été très compliqué. Beaucoup de haine, beaucoup de menaces de mort..." La préconception selon laquelle OnlyFans serait un site porno fait en effet partie des choses qui bloquent de nombreuses personnes qui aimeraient s'y lancer : "Je trouve le concept super", raconte Léo. Mais j'ai peur d'être tout de suite catalogué ‘acteur porno’ si je décide de vendre des nudes, et que ça me ferme des portes, tellement le porno est mal vu en France. Alors forcément, ça ne donne pas vraiment envie."

Une possibilité de se protéger

Simon Vendeme ne s'en cache pas : "Il y a toujours un risque que les photos fuitent sur OnlyFans." Même si la plateforme appose un copyright sur les contenus, il existe toujours un risque, mais selon le principal intéressé, il existe des moyens de réagir en cas de vol de contenu : "On est quand même bien protégés par rapport à ça. On peut contacter la plateforme, et il y a des sanctions qui sont appliquées à ceux qui ont fait fuiter le contenu. Puis, après, on peut évidemment faire appel à la justice française. Je pense que c'est super important d'alarmer et d'avertir quand une photo fuite, parce que ça peut avoir de grandes répercussions. Alors, personnellement je n'en ai pas honte, mais ça peut quand même nuire à mon image." D'ailleurs, il tient à donner un conseil à celles et ceux qui voudraient se lancer : "D'abord, réfléchir longuement. Il faut être prêt à se confronter au regard des gens, ce qui peut être compliqué à gérer pour certains. Ensuite, il ne faut jamais se forcer à faire des choses que l'on n'est pas à l'aise de faire. Et que vous soyez surtout en accord avec votre contenu."

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