Avec son physique, Sydney Sweeney est la nouvelle idole des conservateurs (malgré elle)

L'actrice américaine Sydney Sweeney, révélée dans la série "Euphoria", s'est retrouvée malgré elle au coeur d'une polémique. Selon certains conservateurs américains, son succès symboliserait "la fin du wokisme".

BEVERLY HILLS, CALIFORNIA - MARCH 10: Sydney Sweeney
attends the 2024 Vanity Fair Oscar Party Hosted By Radhika Jones at Wallis Annenberg Center for the Performing Arts on March 10, 2024 in Beverly Hills, California. (Photo by Jamie McCarthy/WireImage)
Avec son physique, Sydney Sweeney est la nouvelle idole des conservateurs (malgré elle). (Photo by Jamie McCarthy/WireImage)

L'actrice Sydney Sweeney est valide, jeune, blanche, blonde aux yeux bleus, mince, et a une forte poitrine. Elle correspond donc parfaitement aux standards de beauté traditionnels. Et certains conservateurs américains ne s'y sont pas trompés. Alors que la comédienne connaît actuellement un grand succès (elle est à l’affiche de la comédie romantique "Tout sauf toi", du film Marvel "Madame Web", et du film d'horreur "Immaculée"), elle s'est retrouvée malgré elle au coeur d'une théorie capillotractée, ni plus ni moins qu'une grossière récupération politique.

"Le wokisme est mort"

En effet, selon certains conservateurs américains, le "succès" de Sydney Sweeney, qui représente un certain idéal féminin, symbolise pour eux la fin de ce qu'ils appellent le "wokisme", comme l'ont rapporté Les Inrocks, le vendredi 22 mars 2024. Le corps de Sydney Sweeney, et surtout la manière que l'actrice a de le cacher ou de ne pas le cacher depuis qu'elle est exposée (elle a notamment été révélée dans les séries "The White Lotus" et "Euphoria"), fait l'objet de nombreuses spéculations. Sur les réseaux sociaux, elle est parfois très sexualisée (et son succès réduit à cela), parfois accusée de mettre elle-même son corps (notamment sa poitrine) en valeur, et donc de desservir la cause féministe.

Dernièrement, c'est le tweet de Richard Hanania, le 2 mars 2024, qui a propulsé l'actrice au rang de célébrité favorite des Républicains. Alors qu'elle présentait l'émission "Saturday Night Live" dans une robe noire décolletée, le conservateur, suivi par près de 100 000 followers, a ainsi tweeté, en accompagnant son commentaire d'un extrait du show que la comédienne animait : "le wokisme est mort."

"Nous avons passé des années à être réprimandés"

Une phrase qui a mis le feu aux poudres et fait le tour du net et déclenché de nombreuses théories. Quelques jours plus tard, précisent Les Inrocks, le quotidien canadien National Post publiait un article qui avait pour titre "Le bonnet D de Sydney Sweeney est-il annonciateur de la mort du wokisme ?" dans lequel la journaliste Amy Hamm a écrit : "Nous avons passé des années à être réprimandés pour avoir désiré ou admiré la beauté – parce que la beauté est rare et excluante, et qu’exclure c’est haïr – ou du moins c’est ce que les fanatiques actuels de la diversité, de l’équité et de l’inclusion nous ont appris à accepter. Nous ne sommes pas censés admirer la beauté de Sweeney, mais nous l’avons fait quand même. Les temps changent. N’est-ce pas ?"

Le fait que Sydney Sweeney soit célébrée malgré le fait qu'elle soit à l'opposé des modèles valorisés par le body-positive, qui vise à rappeler que tous les corps sont beaux, suffit pour l'ériger en symbole victorieux du traditionalisme. Or, pourquoi dire d'une femme qu'elle est belle signifierait qu'elle est plus belle, ou mieux qu'une autre ?

"Mon corps ne définit pas qui je suis"

De son côté, Sydney Sweeney n'a jamais cessé de lutter contre les clichés qui lui collent à la peau. Ainsi, dans un entretien accordé en mars 2024 à Variety, elle a évoqué les commentaires dont elle faisait sans cesse l'objet : "Je les vois mais je ne peux pas me permettre de réagir. Je ne sais pas comment l’expliquer – j’essaie encore de le comprendre moi-même. Les gens se sentent libres de parler de moi comme ils l’entendent, parce qu’ils croient que j’ai renoncé à ma vie. Que je ne suis plus un être humain, parce que je suis une actrice", a-t-elle déploré. Auprès de GQ UK, toujours en mars 2024, l'actrice s'est désolée : "Il y a tellement de gens qui se disent, oh, elle est célèbre parce qu'elle a montré ses seins."

Déjà, en 2022, elle insistait auprès de la version britannique de GQ, en expliquant avoir toujours dû composer avec son corps et avoir trouvé dans sa "différence" une motivation et une ambition pour se dépasser : "J'avais des seins avant les autres filles et je me sentais ostracisée pour cela. (...) J'étais gênée et je ne voulais jamais me changer dans les vestiaires. Je pense que j'avais une image bizarre que les autres avaient de moi à cause de mon corps. J'ai donc pratiqué tous les sports, j'ai étudié très dur et j'ai fait tout ce que les gens ne pensaient pas que je ferais, pour leur montrer que mon corps ne définit pas qui je suis."

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