Tampax : le "tampon gate" au sein de la famille royale britannique a marqué l'histoire de la marque de tampons la plus utilisée en France

Selon l'AFP, environ 28 000 protections hygiéniques sont vendues chaque année en France. Mais que sait-on de l'histoire de ces marques actives dans l'hygiène et l'émancipation féminine. Focus sur la marque de tampons Tampax.

Tampax : le
Tampax : le "tampon gate" au sein de la famille royale britannique a marqué l'histoire de la marque de tampons la plus utilisée en France. (Photo : Alexander Sayganov/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

Déposé en 1931 par le Dr. Earl Haas, le brevet du premier tampon en coton est finalement racheté en 1934 par la femme d'affaires américaine Gertrude Tenderich. Elle décide alors de créer Tampax, une marque de protection hygiénique dirigée par des femmes, pour des femmes. Deux ans plus tard, l'entreprise lance ses premiers modèles de tampons sur le marché. L'objectif est de fournir aux femmes des protections beaucoup plus pratiques que les serviettes hygiéniques de l'époque. Quelques années après le lancement de la marque, en 1940, l'université Tampax voit le jour. L'objectif principal étant d'informer les femmes sur les différentes méthodes de protection et populariser le tampon. Après plusieurs années d'indépendance, la marque américaine est ensuite rachetée par le grand groupe américain P&G (Procter & Gamble).

Un scandale britannique des années 90 fait son retour sous le feu des projecteurs en 2022, après une reprise par la très célèbre série Netflix "The Crown". En 1993, une nouvelle ombre entache l'image de la famille Royale. Le 17 janvier 1993, une conversation téléphonique, pour le moins osée, entre le Roi Charles et sa femme actuelle Camilla Parker-Bowles est diffusée par le tabloïd anglais The People. Au cours de cet échange supposé secret, Charles III déclare "Je veux vivre dans ton pantalon". Amusée, Camilla Parker-Bowles répond "Tu veux devenir une culotte ?", ce à quoi le Roi d'Angleterre rétorque "Ou, que Dieu me pardonne, un Tampax".

La diffusion de cette conversation fait double scandale puisque, lors de l'enregistrement en 1989, le Roi Charles III n'était pas encore séparé de Lady D et Camilla était toujours en couple avec l'officier britannique Andrew Parker-Bowles. Buckingham Palace n'a jamais fait de commentaire sur le sujet, mais la presse locale s'en est donnée à cœur joie.

Illustration du premier tampon inventé en 1931 par le Dr.Earl Haas
Illustration du premier tampon inventé en 1931 par le Dr.Earl Haas

La Seconde Guerre mondiale a joué un rôle important dans la popularisation des tampons. En effet, après le départ des hommes pour le front, nombreuses sont les femmes qui se sont lancées dans le monde du travail. Pour simplifier au possible la vie de ces femmes d'affaires et de ces travailleuses acharnées, Tampax a mis au point des tampons plus pratiques, disponibles en quantités illimitées.

Mais la marque américaine n'a pas uniquement rendu service aux femmes. En 1941, l'usine du Nouveau-Brunswick s'est aussi spécialisée dans la production de bandages en coton et pansements chirurgicaux réservés à l'armée américaine. Ces accessoires de premiers soins ont rapidement été distribués dans les hôpitaux locaux et les bases militaires.

Le tout premier tampon inventé par le Dr. Earl Haas n'était rien de plus que du coton comprimé dans un tube en papier avec une ficelle en son centre. Une fois le brevet racheté par Gertrude Tenderich, la forme des tampons et la méthode de fabrication ont quelque peu évolué. Un peu avant l'achat des premières machines à coudre dans les usines au milieu des années 30, les protections menstruelles étaient fabriquées à la main. Ce n'est qu'après le rachat de Tampax par le groupe P&G en 1997 que le design des tampons a considérablement évolué. Contrairement aux croyances du passé, le vagin n'est pas cylindrique, ce qui signifie que les anciennes protections cylindriques n'étaient pas efficaces à 100 %. En se basant sur les résultats de différentes études, Tampax a alors créé un tampon qui se dilate en largeur.

En 2002, le premier applicateur en plastique aux bords arrondis fait son apparition. L'entreprise américaine s'est appuyée sur la célèbre technologie FormFit pour se dilater et s'adapter à la forme de chaque vagin. La tresse anti-fuite LeakGuard à base de rayonne garantie un risque zéro en ce qui concerne les fuites, et ce, peu importe les mouvements. 13 ans plus tard, les nouveaux Tampax Pearl (que nous connaissons toutes aujourd'hui) s'installent dans nos rayons. Ils ont été pensés pour être plus petits, plus confortables et plus simples à installer. En 2019, la marque de protection hygiénique conçoit un guide permettant de mesurer votre flux (léger, régulier, super, super plus, ultra) afin de trouver le tampon idéal pour vous.

La première usine de tampons Tampax
La première usine de tampons Tampax

Quelque mois après l'apparition de Tampax sur le marché, Gertrude Tenderich lance la première campagne publicitaire dans les pages d'un magazine féminin afin d'inviter les femmes "dans une nouvelle ère de la féminité grâce à une protection sanitaire qui se porte de l'intérieur". La Seconde Guerre mondiale a elle aussi permis à la marque de gagner en popularité. En effet, pour palier la demande et sensibiliser les femmes à l'utilisation de protections hygiéniques, Tampax créé son programme éducatif en 1941. Surnommées les "Tampax Ladies", les éducatrices vont même jusqu'à se déplacer dans les écoles, les collèges, les lycées et les conventions.

L'année 1972 marque la diffusion de la première publicité télévisée de Tampax aux États-Unis, ce qui instaure un tournant vers la normalisation du discours autour des règles. Dans les années 80, le syndrome du choc toxique est malheureusement de plus en plus répandu. La marque américaine décide alors d'imaginer une campagne d'abord nationale afin de sensibiliser et d'éduquer au maximum les femmes sur les causes, les symptômes et les différents traitements existants. Autre avancée, ce n'est qu'en 1985 que le mot "règles" est mentionné dans une des pubs télévisées. Bien des années plus tard, dans les années 2010, le groupe P&G actualise son site internet et ses réseaux sociaux en proposant des articles autour des premières règles, de l'utilisation de tampons pendant la grossesse, mais aussi du premier rendez-vous gynécologique. Question collaboration, le géant des protections hygiéniques sait y faire. En aout 2021, l'ancienne Miss France 2013, Marine Lorphelin, fait la promotion de la nouvelle gamme 100 % organique de Tampax.

Nous avons toutes et tous déjà entendu parler de Lauren Wasser. En 2012, cette jeune mannequin américaine de 24 ans a contracté le syndrome du choc toxique alors qu'elle porte un tampon. Elle frôle la mort et se retrouve amputée de deux jambes. Cette maladie infectieuse est due à la présence d’une bactérie dans la flore des personnes menstruées. Elle n'est normalement pas dangereuse, mais peut le devenir lorsqu'une femme porte une protection hygiénique interne (cup menstruelle ou tampon) trop longtemps.

Marquée par l'histoire de cette jeune américaine, Mélanie Doerflinger, une étudiante française de 19 ans lance en 2015 une pétition pour obliger Tampax à faire apparaître sur ses emballages la composition des tampons. Cette dernière obtient en quelques mois plus de 300 000 signatures. Soutenue par de nombreuses associations féministes et par 60 millions de consommateurs, la pétition de Mélanie n'est pas restée sans réponse. Alerté et touché par cette initiative, le groupe P&G a finalement affiché la composition de ses produits sur leurs emballages.

VIDEO - Sandrine Graneau, quadri-amputée après un choc toxique : "Vous avez 36 ans et là on vous dit : "On coupe tout""

À lire aussi :