Shaïna Hansye : une pétition lancée pour honorer le souvenir de la jeune fille violée en réunion, poignardée et brûlée vive

Violée, puis poignardée et brûlée vive, Shaïna Hansye est morte à l'âge de 15 ans, en 2019, à Creil. Suite à ce drame symptomatique des violences faites aux femmes, le maire de la commune avait annoncé en 2021 la création d'un jardin en hommage à Shaïna. Mais deux ans plus tard, toujours rien. La famille de la victime a donc lancé une pétition en ligne pour honorer la mémoire de la jeune fille.

Shaïna
Shaïna Hansye : une pétition lancée pour honorer le souvenir de la jeune fille violée en réunion, poignardée et brûlée vive. Photo : capture d'écran / change.org

Shaïna a vécu l'enfer depuis ses treize ans. À cet âge-là, en 2017, elle fréquentait Ahmed*, son aîné de un an. Violent, il frappe et humilie sa petite amie, la presse pour obtenir des faveurs sexuelles et des images pornographiques. Un après-midi, il lui donne rendez-vous dans une clinique désaffectée où deux jeunes les rejoignent bientôt. Ils la maintiennent et lui font subir une pénétration digitale puis avec un tube de Labello, comme l'a décrit l'adolescente lorsqu'elle a porté plainte pour dénoncer les faits.

En mai 2019, elle croise par hasard son ex dans la rue. Elle est passée à tabac pour avoir "osé" porter plainte. Quelques temps plus tard, à l'été 2019, elle rencontre son nouveau petit ami, âgé de 17 ans, qui a reconnu être là pour sa réputation de "fille facile". Deux mois après leur premier contact, le 27 octobre 2019, le corps nu de Shaïna, poignardé à trois reprises, en partie calciné, sera découvert dans un cabanon de Creil (dans le département de l'Oise, au nord de Paris ), où elle vivait. Elle était enceinte d'une dizaine de jours lorsqu'elle a été tuée. En juin 2023, la cour d'assises pour mineurs de l'Oise a prononcé une peine de 18 ans de réclusion criminelle à l'encontre de l'ex petit ami de la jeune fille.

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"Ma petite sœur est devenue un symbole des violences faites aux femmes"

Aujourd'hui, sa famille se mobilise pour honorer sa mémoire, en lançant une pétition. En effet, voilà deux ans que le maire de Creil a annoncé la création d'un jardin du souvenir sur la commune, en hommage à Shaïna. Mais les proches de la victime attendent toujours "ne serait-ce qu’une plaque commémorative". C'est pourquoi ils ont décidé de créer une pétition sur change.org, afin qu'une plaque existe bel et bien, et même une rue à son nom. "Pour nous, avoir un endroit où l'on pourrait commémorer Shaïna, symboliquement sur les lieux du drame, serait un moyen de transformer cet endroit empli de souvenirs douloureux en un lieu de mémoire. Pour nous, avoir une rue qui porte le nom de ma petite sœur à Creil serait un moyen de perpétuer son souvenir, pour que personne n'oublie jamais qui était Shaïna Hansye, 15 ans, victime de ce que l'humanité peut faire de pire", a expliqué Yasin Hansye, le frère de la victime, sur change.org.

La pétition a trouvé un écho remarquable, puisqu'elle a dépassé les 25 000 soutiens en moins de 24 heures. "Avec mes parents ce que nous voulons c'est que personne n'oublie Shaïna. Car malgré elle, ma petite sœur est devenue un symbole des violences faites aux femmes. (...) Aujourd'hui, on a la sensation d'être seuls, et surtout, que ma petite sœur tombe dans l'oubli. C'est pourquoi nous avons décidé de lancer cette pétition, pour demander des actes à la ville de Creil" poursuit Yasin Hansye. Il insiste également : il a à coeur que "toutes les jeunes filles qui subissent des violences ne se sentent pas seules."

"Ne pas respecter une femme, c'est ne pas se respecter soi-même"

Dans les commentaires, l’un des signataires de la pétition, explique les raisons de sa mobilisation : "C'est la moindre des choses de respecter la promesse qu'on a faite à cette famille endeuillée. Ils demandent juste un lieu de mémoire pour Shaïna, quel manque d'empathie !". Une autre invite la mairie à être "humaine, un minimum !", "Personne ne doit oublier Shaïna", "Ne pas respecter une femme pour des raisons religieuses, communautaires, idéologiques, voire même familiales est un non-sens, cruel, abject et absolument intolérable, de plus c'est ne pas se respecter soi-même !", "Une plaque de rue interpellerait les gens pour savoir qui était cette personne, et sachant sa terrible histoire, permettrait d'éveiller les consciences à mon avis, de toute manière pour moi, cela ferait écho", pouvait-on également lire.

La famille de Shaïna est notamment soutenue dans sa démarche par Vakita, le média lancé par Hugo Clément, qui avait consacré un documentaire à la jeune femme.

*Le prénom a été modifié.

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