Le Grand Swipe : "J'ai matché avec William. Je n’ai pas compris que c’était un homme trans"

Le Grand Swipe
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Vous connaissez forcément des couples autour de vous qui se sont formés grâce à une application de rencontre. Peut-être même en avez-vous fait l’expérience. Le Grand Swipe raconte ces grandes histoires d’amour ou d’amitié 2.0 qui commencent avec un swipe, un like ou juste un message.

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Caroline a eu un coup de cœur pour le profil de William sur Tinder il y a un an : "J’étais célibataire depuis peu de temps et je ne savais pas si j’avais envie de me remettre en couple tout de suite ou pas. Mais j’ai quand même réactivé mon compte sur Tinder au cas où un profil me plaisait tout particulièrement. C’est la phase où je suis toujours la plus difficile. Je n'ai "swipé" quasiment personne… Le seul profil qui m’a tapé dans l’œil c’est celui de William. J’ai adoré ses photos, qui me donnaient envie d’y être, son ton pas trop agressif ou faussement cynique. Il avait l’air d’être quelqu’un qui se sent bien et ça m’a donné envie. J’ai passé quelques heures à espérer lui plaire aussi."

Des échanges simples et naturels

Quand Caroline commence à parler avec William, elle est étonnée de la simplicité de leurs échanges : "On était deux personnes qui cherchent à se connaître mieux. Il n’y avait pas de rôles, pas de peur de me faire manipuler de mon côté, comme ça m’est déjà arrivé avec d’autres mecs. William, c’est le mec simple. On a parlé comme ça quelques jours avant que je me rende compte qu’il y avait un truc de vraiment différent chez lui. Et j’avais senti qu’il avait quelque chose à me dire. Il repoussait un peu le rendez-vous."

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Caroline finit par se douter de quelque chose : "Je n’ai pas compris tout de suite que c’était un homme trans, ce qui n’est pas du tout un problème pour moi, mais à l’époque il ne pouvait pas le savoir. Plus on parlait et plus je le sentais sur la défensive, tout en me disant que je lui plaisais. J’ai commencé à m’imaginer des choses, qu’il avait déjà une autre femme dans sa vie, qu’il avait des enfants mais avait peur de me le dire, qu’il m’avait menti sur quelque chose. Je lui ai posé un ultimatum : je veux te voir, tu me plais, mais il faut que tu sois honnête avec moi. C’est là qu’il m’a expliqué son histoire et qu’il m’a dit qu’il avait peur que ça me dégoûte. Il avait déjà eu le cas de femmes qui avaient refusé de le rencontrer quand elles avaient appris, d’une autre à qui il l’avait caché jusqu’au bout et qui l’avait mal pris aussi. Il ne savait plus comment faire pour ne pas griller ses chances."

Un homme trans est un homme

Mais Caroline n’a aucun problème à accepter William tel qu’il est : "C’est un homme trans, c’est comme ça. Je n’ai même pas à aborder la question avec mes proches ou à prévenir la planète entière. Pour moi, c’est un homme, point. J’ai été étonnée de découvrir, en en parlant avec quelques amies, que ma réaction n’aurait pas été partagée par toutes. Il y a eu beaucoup de curiosité malsaine, en particulier en ce qui concerne notre intimité et son corps à lui. Ça ne regarde personne. C’est pour ça que je n’en parle jamais de moi-même. Je refuse que ce soit un sujet."

Le couple est très amoureux : "Je n’ai jamais été comme ça avec qui que ce soit. Je rougis, je fais ma gamine. Il me fait complètement craquer alors que ça fait presque un an qu’on est ensemble. De son côté, il est très romantique et me fait des tonnes de petites attentions. Je me sens aimée comme ce n’était jamais arrivé. Je ne me dis jamais que c’est parce qu’il est trans que c’est comme ça mais que c’est juste lui, avec sa personnalité et sa façon d’aimer. Je comprends qu’il ait eu peur de m’en parler, les gens peuvent être très cons avec ça, mais à partir du moment où je l’ai su, j’ai décidé de m’en foutre. Ou plutôt de le soutenir dans les moments où c’était difficile et de ne pas m’en préoccuper le reste du temps. On est un couple normal. On s’aime, on a des projets. J’espère avoir des enfants avec lui. Je suis heureuse d’être à ses côtés et je sais que lui aussi. Je ne juge pas les gens qui critiquent, parce que je pense que c’est surtout par méconnaissance. Nos proches se sont habitués à force de nous voir très amoureux. Personne ne pose plus de question gênante depuis longtemps. Et c’est tant mieux."

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