Non, avorter ne rend pas stérile, mais les opposants à l'IVG veulent faire croire le contraire

Dans une récente interview, l'actrice et autrice Macha Méril raconte être devenue stérile après un avortement clandestin. Mais attention : de nos jours, les avortements pratiqués dans de bonnes conditions ne posent pas ce type de problème. Pourtant, les militants anti-avortement continuent à matraquer cette idée.

Non, avorter ne rend pas stérile, mais les opposants à l'IVG veulent faire croire le contraire © Getty Images
Non, avorter ne rend pas stérile, mais les opposants à l'IVG veulent faire croire le contraire © Getty Images

Invitée sur le plateau de "C à Vous" ce mercredi 6 mars 2024, Macha Méril est revenu sur un épisode traumatique de sa jeunesse. Si la liberté des femmes de recourir à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) a été inscrite dans la constitution, elle n'a pas pu en bénéficier lorsqu'elle est tombée enceinte, à l'âge de 17 ans. "Je suis une des victimes de cette époque-là", raconte-t-elle. "Je crois que toutes les femmes de mon âge ont subi un avortement au cours de leur jeunesse. Parce que ce n'était pas autorisé, parce qu'on allait en Suisse ou en Belgique… Quelques fois, on se faisait charcuter, ça a été mon cas. Moi, j'ai payé à un prix très cher parce que je suis devenue stérile à cause de ça (...) J'aurais voulu être mère. Et c'est une des choses qui me manque et qui me manquera toujours."

Vidéo. Tabou - Claire, 26 ans : "Même si c’est un droit en France, il y en a toujours pour te rappeler que "l’avortement, ce n’est pas bien, que tu tues quand même quelqu’un""

L'avortement rend-il vraiment stérile ?

Les propos de Macha Méril témoignent d'une réalité peut-être ancienne pour la France, mais à laquelle bon nombre de femmes sont confrontées aujourd'hui encore, à travers le monde. Oui, les avortements clandestins, pratiqués dans de mauvaises conditions, peuvent non seulement rendre les personnes enceintes stériles, mais aussi les tuer.

En revanche, pratiqué dans de bonnes conditions, une interruption volontaire de grossesse n'a aucune influence sur la fertilité de la personne concernée. Ce point est rappelé sur le site officiel du gouvernement sur l'IVG, qui rappelle que "L'avortement (IVG), réalisé dans de bonnes conditions (personnel formé, matériel stérile, établissement équipé, etc.) comme cela est possible en France, n'a pas d'impact sur la fertilité" de la personne qui avorte, femme, non-binaire ou homme transgenre.

L'information est confirmée par la Haute Autorité de Santé depuis 2001 : "Toutes les études qui ont évalué le risque d'infertilité ultérieure suggèrent qu'il n'y a pas d'augmentation du risque dans les pays où l'IVG est légale", affirme l'organisation.

Un argument matraqué par les militants anti-IVG

Toutes les sources officielles concordent pour dire que l'avortement, pratiqué dans de bonnes conditions, ne représente pas un danger pour la fertilité. Pourtant, cet argument est encore souvent entendu dans les discours des militants anti-avortements, en France comme à l'étranger. C'est en effet un argument facile, qui peut convaincre les personnes qui ne veulent pas d'enfant maintenant, mais qui pourraient en vouloir sur le long terme : "Et si le fait d'avorter aujourd'hui t'empêchait d'avoir des enfants dans quelques années ?" Un argument soutenu par des chiffres généralement détournés, puisqu'ils se basent sur les données des avortements clandestins, mais aussi sur des témoignages souvent montés de toute pièce.

Sur Reddit, notamment, comme sur d'autres plateformes, des forums entiers sont dédiés à la question, qui fait d'ailleurs l'objet de nombreuses interrogations sur les forums médicaux et de jeunes parents.

En France, sachez que si une personne tente de vous convaincre de ne pas avorter, et utilise ce type d'argument, elle se rend coupable d'un délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse. Un délit passible de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende, en vertu de l'Article L2223-2 du Code de la Santé Publique.

Vidéo. Line Papin au sujet de l’avortement : "Je voulais mais je ne le pouvais pas. Je ne pouvais pas faire grandir cet enfant"

A lire aussi

>> TABOU - Leurs conjoints les ont poussées à avorter : "Il m'a dit que je lui avais fait un bébé dans le dos"

>> Avortement - "Si on tombe, on tombe ensemble" : la solidarité contre l'interdiction s'organise à l'échelle mondiale

>> Avortement illégal : "Si quelqu'un apprend que je me suis fait avorter, je risque la peine de mort"