TABOU - Leurs conjoints les ont poussées à avorter : "Il m'a dit que je lui avais fait un bébé dans le dos"
"Il ne voulait pas être papa." Voilà ce qu'affirme Britney Spears dans son autobiographie, où elle révèle plus de 20 ans après les faits avoir subi un avortement, à l'époque où elle était en couple avec Justin Timberlake. A l'époque, le chanteur l'aurait encouragé à mettre un terme à cette grossesse. Une situation loin d'être rare, malheureusement.
Les mémoires de Britney Spears n'ont pas encore été publiés, mais ils font déjà grand bruit. Dans un extrait publié en avant première par le site américain People, la chanteuse révèle être tombée enceinte de Justin Timberlake, qu'elle a fréquenté de ses 17 à ses 20 ans. "C’était une surprise, mais pour moi, ce n’était pas une tragédie. J'aimais tellement Justin. Je m'étais toujours attendue à ce que nous fondions une famille ensemble un jour. C'était juste beaucoup plus tôt que prévu", explique-t-elle, avant de préciser qu'elle a rapidement déchanté : "Justin n'était pas content de cette grossesse. Il disait que nous étions beaucoup trop jeunes, que nous n'étions pas prêts à avoir un bébé dans nos vies. Si j'avais pu prendre la décision toute seule, je ne l'aurais jamais fait. Et pourtant, Justin était tellement sûr qu'il ne voulait pas être papa."
Le tout avant de conclure, évoquant son avortement : "À ce jour, cela reste l'une des expériences les plus traumatisantes de toute ma vie."
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"Je ne me sentais pas prête à avoir un enfant dont le père rejetait la présence"
La star américaine n'est pas la seule à avoir décidé d'avoir recours à un avortement par peur de se retrouver mère célibataire. Cloé a connu une situation similaire en 2020, alors que la France entière était confinée. "La maternité était une question que nous n'avions jamais évoquée avec mon conjoint de l'époque, et ça a été un moment compliqué parce que quand j'ai découvert que j'étais enceinte, j'étais très heureuse de l'être. Mais parallèlement, j'avais très peur de l'annoncer à mon partenaire", confie-t-elle.
Durant les premiers jours, son partenaire a eu une attitude tout à fait correcte : "Au début, il me disait que mon choix était le plus important, qu'il respecterait ma décision, qu'il serait à mon écoute. On en a discuté, je lui ai dit que j'étais heureuse, et que je me sentais prête à avoir un enfant. Je venais d'avoir 25 ans à l'époque. Que je n'attendais pas ça, mais que c'était peut-être un beau cadeau inattendu. Mais petit à petit, lui s'est renfrogné, il était de moins en moins compréhensif. Il y avait de plus en plus de jugement."
De compréhensif, le jeune homme devient froid, colérique. "Les conversations ont vite coupé court à cause de son attitude. Un matin, je lui ai dit : "Il faut qu'on se décide", et il a commencé à pleurer toutes les larmes de son corps. Il m'a dit qu'il ne se sentait pas prêt à être père, qu'il ne voulait pas être père et qu'il ne voulait pas de cet enfant. Là, ça a été très difficile parce que ses émotions ont commencé à prendre toute la place, je n'avais plus de place pour m'exprimer. Je suis tombée dans la dépression, car je ne me sentais pas écoutée, pas comprise, en incapacité de demander de l'aide." Cloé précise que sa propre mère était elle-même issue d'une grossesse non désirée, et qu'elle avait été abandonnée par son père. Pas question pour elle de répéter le schéma familial.
La jeune femme prend alors la décision d'avorter. Mais là encore, c'est seule qu'elle affronte toutes les démarches nécessaires, compliquées par le confinement. "Mon conjoint de l'époque a décidé de ne pas du tout me soutenir durant cette période. J'ai dû prendre rendez-vous seule. Quand je lui ai demandé de m'accompagner, il m'a dit qu'il n'avait pas le temps, qu'il était en incapacité de m'apporter le moindre soutien émotionnel. J'ai dû assumer les rendez-vous, l'avortement, qui a été particulièrement douloureux. Il a eu le mérite d'être physiquement présent, mais ça s'arrête là."
Cet avortement a marqué la fin de leur relation : "Quelques semaines plus tard, je l'ai quitté, notamment parce qu'il me reprochait d'être tombée enceinte, et que je lui avais fait un bébé dans le dos, que c'était de ma faute. J'ai appris plus tard qu'il ne s'était pas protégé non plus avec sa nouvelle compagne, qu'il l'avait également mise enceinte, avant de lui dire qu'il ne souhaitait pas garder l'enfant. Le schéma s'est répété : il lui a dit que si elle décidait de garder l'enfant, il ne le reconnaîtrait pas. C'est moi qui l'ai épaulée pendant son avortement, qui l'ai accompagnée à l'hôpital."
"J'ai bien conscience que c'est moi qui ai pris la décision finale d'avorter, mais je ne me sentais pas prête à avoir un enfant dont le père rejetterait la présence, je pense que ça aurait été traumatique pour lui", précise-t-elle.
"Il m'a dit : "Ah bon, tu y penses encore ? Moi j'avais oublié""
En 2017, Louise a elle aussi été confrontée à la froideur de son partenaire, pendant une grossesse non désirée. La jeune femme est tombée enceinte alors qu'elle portait un stérilet. Inquiète du retard de ses règles, elle a décidé de faire un test, qui s'est avéré positif. "Pendant le laps de temps entre la découverte de ma grossesse et le moment de lui dire, soit quelques heures, j'ai vraiment envisagé de devenir mère, d’élever un enfant ensemble. On avait une situation sociale et financière adaptée, on avait 25 ans, bref, c’était possible et même si ce n'était pas prévu j’étais prête à prendre la vie comme elle vient."
Pourtant, au moment d'annoncer la nouvelle à son conjoint, elle comprend très vite qu'il ne partage pas son enthousiasme. "Il s'est pris la tête dans les mains en disant 'C'est vraiment la merde'". On n'en a pas énormément parlé puisque pour lui, c’était hors de question d’être père à ce moment-là, ce que je respecte totalement. Il avait bien sûr le droit de ne pas vouloir d’enfant, c’est complètement normal. Par contre je lui en ai un peu voulu d’être catégorique à ce point, alors que c’était moi qui avais l’entière charge de la contraception, et que ça ne l’avait jamais dérangé de pratiquer le sexe sans préservatif ou autre sécurité de son côté."
Le lundi suivant, la jeune femme prend rendez-vous pour se faire avorter, ne souhaitant pas mener cette grossesse en solo. "Le jour J, il m’a emmenée à l’hôpital en voiture pour l’IVG médicamenteuse, je pensais qu’il allait rester avec moi puisque ce n’était pas une intervention chirurgicale et ça ne durait que quelques heures, mais il m’a déposée devant en disant qu’il était un peu mal à l’aise et ne se sentait pas de venir avec moi." J'ai vécu ça toute seule, c'était horrible. J'ai perdu connaissance à cause de la douleur, et les infirmières étaient super désagréables jusqu’à ce qu’elles apprennent que j’avais un stérilet. Les jours qui ont suivi, alors que j'étais fatiguée et déprimée, il a été très peu présent." Et surtout, fermé à la discussion. "De mon côté, j’ai vécu une forme de deuil. De son côté, je ne sais pas trop", avoue-t-elle.
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"Des mois plus tard, un jour où j’avais mes règles et je pleurais un peu pour aucune raison apparente, on s’est un peu disputés et je lui ai parlé du fait que parfois, j’étais triste en repensant à l’IVG", se remémore Louise. "Et il a eu l’air très surpris, il m’a dit "ah bon, tu y penses encore ? Moi j’avais oublié". Ça m’a un peu choquée de voir à quel point on avait vécu ça très différemment. Pour moi, c’est un tournant très important dans ma vie, un choix que j’ai fait qui a changé plein de choses, un deuil dans ma chair. Pour lui, c’était un jour où il l’a échappée belle, une frayeur passagère."
Aujourd'hui, la jeune femme est séparée de son ancien conjoint. "Je crois que suite à ça, je lui en ai beaucoup voulu, non pas de ne pas vouloir d’enfant, mais de n’avoir rien fait pour éviter d’en avoir, et de ne pas du tout avoir mesuré à quel point j’aurais eu besoin qu’il m’accompagne dans ce moment. Je pense que ça a fait partie des raisons pour lesquelles je l’ai quitté quelques années plus tard." "Aujourd’hui je suis en couple et je n’ai pas du tout envie d’avoir d’enfant. Mais si un jour par hasard je tombe enceinte, j’espère que mon partenaire m’accompagnera au moins émotionnellement quel que soit ce que je ressentirai et quel que soit le choix qu’on fera collectivement…", conclut-elle.
"Le stigma autour des mères célibataires était trop fort pour moi"
"On dit souvent que si les femmes le souhaitent, elles ne sont pas obligées d'avorter, même si le géniteur du bébé ne tient pas à les soutenir. Mais dans les faits, la réalité est bien différente", témoigne de son côté Marie. A deux reprises, et alors qu'elle prenait la pilule avec assiduité, la jeune femme est tombée enceinte. "Je suis hyper-fertile, je l'ai découvert au moment de ma première grossesse non désirée. A l'époque, j'ai fait le choix d'avorter seule, car c'était après un coup d'un soir, et que je me trouvais trop jeune. Par la suite, j'ai toujours prévenu mes partenaires de mon hyper-fertilité, mais pour certains, comme je prenais la pilule, les préservatifs étaient inutiles", explique-t-elle.
A 28 ans, en couple depuis trois ans avec son conjoint, elle tombe enceinte malgré sa contraception. "C'était l'époque où l'on commençait à parler de fonder une famille. On comptait encore attendre quelques années, mais la nature en a décidé autrement. Quand j'ai découvert que j'étais enceinte, j'étais extatique. Lui, il a paniqué." Son conjoint l'a d'abord accusée d'avoir voulu "lui faire un enfant dans le dos", avant de commencer à lui mettre la pression. "Il a voulu prendre rendez-vous pour moi, moins de 10 minutes après l'annonce de ma grossesse, pour un avortement. Quand j'ai voulu en discuter avec lui, il m'a dit qu'il était hors de question pour lui de devenir père maintenant. Que je pouvais bien faire ce que je voulais du bébé, mais que lui ne serait pas présent dans sa vie. On s'est séparé le jour même."
Pendant deux semaines, Marie a envisagé de poursuivre sa grossesse, avant de changer d'avis. "J'avais une carrière stable, j'étais propriétaire de mon appartement, des parents prêts à jouer les nounous. Mais je connais le stigma qui pèse sur les mères célibataires. C'est toujours à elles qu'on reproche de ne pas pouvoir fourni un père à leurs enfants. Je n'avais pas envie de me battre contre la société, pas envie de perdre des mois pour obtenir une pension alimentaire. Le stigma était trop fort, et moi j'étais trop faible." Et de conclure : "L'avortement était ma décision, mais dans une société où les femmes sont les égales des hommes, et où les mères ne sont pas toujours pénalisées, ma décision aurait été différente.".
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