Différents d’âge - Georges, 62 ans et Maéva, 34 ans : "Je suis tombé amoureux de mon infirmière"

Différents d’âge - Georges, 62 ans et Maéva, 34 ans : "Je suis tombé amoureux de mon infirmière". Photo : Getty Creative.
Différents d’âge - Georges, 62 ans et Maéva, 34 ans : "Je suis tombé amoureux de mon infirmière". Photo : Getty Creative.

Selon une étude de l’INSEE, 6 hommes sur 10 sont plus âgés que leurs conjointes mais seuls 8% des couples ont plus de 10 ans de différence d’âge. On constate ces dernières années une évolution : l’écart d’âge moyen semble se creuser. Comment vivent ces couples que presque une génération oppose ? Est-il possible de vivre une relation équilibrée quand les deux partenaires ne sont pas au même moment de leurs vies ?

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Georges a 62 ans quand il commence à ressentir une gêne au niveau de son genou et à avoir des difficultés à marcher : "J’ai été en couple pendant quelques années mais la majorité de ma vie, je l’ai passée seul. Je ne suis pas un "homme à femmes", ce n’était pas pour garder ma liberté. Je suis plutôt quelqu’un de timide et je n’ai jamais su me mettre suffisamment en avant pour conquérir les femmes qui avaient pu me plaire. Avec les années, je me suis même mis en retrait. Quand j’ai commencé à avoir des soucis de santé, ma solitude est devenue un problème. À 62 ans et à la retraite depuis peu, je me suis retrouvé à devoir organiser ma vie comme un grabataire avec des visites chez le médecin avec quelqu’un pour me véhiculer, des courses faites par les proches, une femme de ménage chez moi et la visite d’une infirmière."

"L’infirmière a fini par venir passer un peu plus de temps avec moi"

Le moral de Georges est touché : "Je n’avais rien de vraiment grave. Je savais que j’allais remarcher normalement quelques mois plus tard avec un peu de rééducation. Mais cette impression d’être une charge pour plusieurs personnes, de dépendre de plusieurs personnes, parfois inconnues, m’a rappelé à quel point j’étais seul dans la vie et qu’on ne peut pas être vraiment seul dans la vie. J’ai commencé à parler un peu plus avec les personnes qui m’entouraient à ce moment-là, les amis venus aider, ma soeur, la femme de ménage et l’infirmière. Pour ces deux dernières, je savais que leur temps était compté. Mais l’infirmière, Maéva, a fini par venir à la fin de sa journée de travail pour passer un peu plus de temps avec moi. On buvait une tisane ensemble, on parlait, mais pas toujours. Parfois, on passait du temps l’un avec l’autre en silence et c’était bien."

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Maéva prend de plus en plus de place dans la vie et le coeur de Georges : "Je savais qu’elle était célibataire puisqu’on en avait parlé. Mais elle avait 34 ans, donc la différence d’âge me bloquait, en plus de ma timidité naturelle, donc ça faisait beaucoup de barrières. C’est elle qui a fait le premier pas. Elle m’a dit que je lui plaisais, ce n’était pas longtemps avant qu’elle doive arrêter de venir chez moi pour le travail. Il fallait prendre une décision. Je lui ai proposé de continuer à venir prendre le café ou une tisane, qu’on garde nos habitudes et qu’elle ne devait pas se sentir obligée de changer notre relation si elle n’en avait pas envie. Mais elle en avait envie. Ce soir-là, elle m’a embrassé."

"Ils se sont permis des réflexions salaces sur son âge et sa profession"

Les deux amoureux prennent leur temps : "Ça a mis des mois pour qu’on le dise à qui que ce soit. C’est à ma soeur que j’en ai parlé en premier. Je lui ai dit 'je suis tombé amoureux de mon infirmière' et elle a éclaté de rire. Elle avait croisé Maéva plusieurs fois et elle savait que si j’en parlais, c’est que c’était sérieux. C’est la seule personne, de mon côté, qui a eu une attitude positive. Mes quelques amis ont été dans le jugement, se sont permis des réflexions salaces sur Maéva, son âge et sa profession. De son côté à elle, on lui a demandé si elle n’en avait pas marre de faire des heures supplémentaires. Il y a eu peu de bienveillance."

Le couple décide de donner une chance à leur histoire : "Après toutes ces réflexions, je me suis demandé si c’était une bonne chose pour Maéva de rester vivre avec moi. Moi, j’avais l’habitude d’être seul même si un chagrin d’amour n’est jamais agréable. Mais elle, elle avait la vie devant elle. Elle a refusé d’être mise de côté. Elle s’est installée chez moi et on a continué notre vie. On a traversé la crise du Covid ensemble. Elle a eu très peur de me contaminer mais on prenait nos précautions. Ça nous a rendu encore plus forts. On a survécu à ça. On sait que la suite ne sera pas joyeuse, avec la récession et la crise écologique, mais on a décidé de vivre ça ensemble. C’est tout ce qui nous reste et le seul choix qui nous reste vraiment. C’est Maéva qui m’a dit ça et je pense qu’elle a raison. On a le droit de choisir avec qui on veut vivre la fin du monde, ou la fin de notre vie. Moi, c’est avec elle."

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