Je milite donc je deviens lesbienne : "Ce que je vis avec ma coloc, je ne l'ai jamais vécu avec un homme"

Je milite donc je deviens lesbienne : "Ce que je vis avec ma coloc, je ne l'ai jamais vécu avec un homme"
Je milite donc je deviens lesbienne : "Ce que je vis avec ma coloc, je ne l'ai jamais vécu avec un homme"

Dans les années 70, le lesbianisme politique est un courant de pensée issu du féminisme radical. Il se définit par un refus de partager des relations avec des hommes dans l’optique de combattre le patriarcat. Pour certaines femmes aujourd’hui, il est question de sortir de schémas toxiques et de se donner l’opportunité de vivre des histoires d’amour équilibrées. C’est ces histoires que nous allons raconter.

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Elsa a 34 ans et elle a derrière elle une grande relation de presque 8 ans avec un homme : "On s’est quittés parce qu’on n'avait plus rien à partager ensemble. On était des gamins quand on s’est mis ensemble, et on a juste grandi l’un à côté de l’autre mais avec de plus en plus de différences. Ça a duré aussi longtemps parce qu’on a cru que le couple c’était aussi ça. Mais en réalité, je n’ai pas été triste quand on a décidé que c’était fini." Elsa s’inscrit sur une application de rencontre quelques mois avant la pandémie : "J’ai eu quelques mois pour en profiter avant qu’on soit confinés. J’ai vu plusieurs hommes mais ils m’ont tous semblé immatures. J’avais choisi des hommes de mon âge et aucun ne voulait vraiment se poser. Ils voulaient tous se comporter comme des grands ados avec des budgets de trentenaires. Je n’avais aucune envie d’une vie chacun chez soi ou de relation "sans étiquette" soi-disant pour pas s’enfermer. Moi je veux aimer et construire un truc. J’ai donc eu une poignée de plans cul en me disant que ce ne serait jamais avec eux que j’allais faire ma vie."

Une colocation pour le confinement qui dérape

Quand le confinement est annoncé, Elsa s’installe chez son amie Bérengère : "On habitait pas loin et on n'avait pas envie de vivre le truc seules. Ne serait-ce que du niveau de l’organisation du quotidien. Et puis on a pensé aussi que si l’une tombait malade, l’autre pourrait s’occuper d’elle. Donc au départ, c’était un choix très pragmatique." Au fur et à mesure, les deux femmes se rendent compte que leur cohabitation se passe parfaitement : "On avait jamais d’engueulade ou le sentiment d’être sous l’eau au niveau ménage et courses. Comme si on découvrait à la trentaine que c’est plus facile de s’occuper de tout ça vraiment à deux. Et pas seule ou à une personne et un quart. Au quotidien, on s’organisait des soirées un peu cool de temps en temps, des rewatch de séries qu’on aime ou des bons dîners. Je me suis rendu compte que ça faisait longtemps que je n’avais pas été aussi heureuse de rentrer chez moi le soir."

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Un soir, tout bascule : "J’ai eu envie de la prendre dans mes bras et puis de l’embrasser. Évidemment, je lui ai demandé si elle était d’accord et elle en avait envie aussi. On a eu une conversation sur le fait qu’on flippait toutes les deux d’aller plus loin, par inexpérience principalement. On y a été étape par étape et toujours en se demandant si nos envies coïncidaient, si on était consentantes. C’était la première fois que je vivais ça aussi. C’est une sacrée étape de verbaliser à ce point, de s’écouter sur ses envies et de prendre le risque de se prendre un stop. Il faut du courage et en même temps, c’est la preuve que l’autre compte vraiment, qu’on essaye de vivre quelque chose de vrai. Le premier soir, on s’est fait des câlins et on a juste dormi ensemble. Et puis petit à petit on a commencé à se faire des massages et puis à vouloir se donner du plaisir. Je n’ai plus jamais dormi seule après ça."

Une relation unique

Elsa estime qu’elle n’est pas lesbienne : "Je n’ai jamais désiré d’autre femme. Je ne suis pas sûre de pouvoir tomber amoureuse d’une femme. Ma relation avec Bérengère est unique. C’est parce que c’est elle et moi, à ce moment-là de nos vies. C’est en dehors des étiquettes et ça ne me donne pas du tout envie de faire la Gay Pride. Je ne me sens pas légitime pour ça. Je sais que Bérengère n’a pas la même vision du tout. Pour elle, c’est un cap qui est passé et qu’elle ne veut plus du tout avoir de relations avec des hommes. Moi, je veux juste vivre notre histoire le plus longtemps possible. Et si ça dure toute la vie, franchement tant mieux. Je sais que c’est le cliché de la coloc de femmes qui a bien tourné, le fantasme cliché de l’hétéro beauf de base. Moi, je vois ça comme ma plus belle histoire. Je n'ai jamais vécu ça avec un homme. Je suis convaincue que je ne pourrais jamais vivre ça avec un homme. Si des personnes veulent fantasmer ou nous juger, tant mieux pour elles. Moi je sais que c’est sincère et beau. Et je ne regrette rien."

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