"Pendant le couvre-feu, je n’avais jamais vu autant de gens de toute ma vie"

Les amants du couvre-feu
Les amants du couvre-feu

Entre le samedi 16 janvier et le 20 juin dernier, un couvre-feu a été obligatoire dans toute la France. Dans Les amants du couvre-feu, célibataires et amants racontent comment ils sont arrivés à concilier les contraintes sanitaires avec leurs vies amoureuses et sexuelles.Si vous aussi vous voulez raconter vos belles histoires de vie, d'amitié et d'amour, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : lucilebellan@gmail.com.

Chez Jacky, la vie sentimentale a toujours été un enjeu : "Quadragénaire, je suis célibataire depuis toujours. Je n’ai jamais réussi à me caser. Depuis quelques années, j’ai un compte sur plusieurs applications de rencontre. Je discute avec des femmes quand j’ai le temps, je n’organise de rendez-vous que quand j’en ai vraiment envie. On ne peut pas dire que j’ai été très actif. Je pense qu’en 5 ans, je ne voyais jamais plus de 2 femmes dans l’année. Et puis la pandémie est arrivée et ça a tout changé pour moi."

Malgré les confinements et les couvre-feu, j’ai enchaîné les rencontres d’un soir

La pandémie lui donne un nouveau souffle et donne un nouveau sens sa recherche d’amour : "J’ai conscience que c’est un peu étrange mais le fait d’avoir des restrictions, d’avoir l’épée de Damoclès de la maladie au dessus de la tête et peut-être le sentiment que tout pouvait finir du jour au lendemain dans un service de réanimation d’hôpital, ça m’a fait vriller. Je pense que de nombreuses personnes peuvent me juger pour ça mais moi ça ne m’a pas fait me renfermer sur moi mais plutôt l’inverse. Malgré les confinements et les couvre-feux, j’ai enchaîné les rencontres d’un soir. Je n’avais jamais vu autant de gens de toute ma vie, le challenge m’a inspiré."

Vidéo. Durant cette crise, certains célibataires se mettent la pression pour rencontrer l'âme-soeur

Je me suis enfin intéressé aux autres

Alors qu’il se définissait comme plutôt réservé, Jacky se lâche : "Je ne me sens pas plus séducteur qu’avant et je ne me vois pas comme un "womanizer" pour autant mais la pandémie m’a libéré. J’ai recentré mes priorités dans la vie. Je ne vois plus mon travail comme la seule façon de m’épanouir. Et ce changement a concerné toutes mes relations. J’ai vu plus de femmes c’est sûr, mais j’ai plus appelé mes parents aussi et mon frère. J’ai pris le temps de prendre des nouvelles de ses enfants, ce que je ne faisais jamais avant. Je me suis enfin intéressé aux autres. Je sais que les restrictions ont eu un effet dévastateur sur le moral de beaucoup de personnes, mais pour moi c’est tout l’inverse. Il y a des moments ces derniers mois où je me suis senti vraiment heureux alors que ça n’arrivait jamais avant."

Je suis capable de préparer un bon dîner et d’être un amant attentif

Plus il fait de rencontres, plus Jacky affine ses désirs pour l’avenir : "Concernant les femmes, je me suis concentré sur les relations d’un soir parce que je ne savais pas très bien ce que je voulais et ce que j’avais à proposer vraiment. Je suis capable de préparer un bon dîner et d’être un amant attentif, c’est pour ça que je n’ai pas eu peur de préférer ce mode de rencontres. Certaines femmes ont voulu qu’on se revoit et j’en ai été ravi. Ça m’a permis de réfléchir aussi à mon envie ou pas de me mettre en couple. Ça aussi, je n’y avais jamais pensé. J’ai réalisé à quel point j’avais passé les 15 dernières années de ma vie dans mon bureau à avoir peur des autres."

Pendant la période de couvre-feu, ses rencontres sont facilitées par son confort de vie : "Le couvre-feu n’a pas été un problème pour moi parce qu’en plus de me libérer sur mes envies, j’ai la chance d’avoir un appartement assez grand pour accueillir quelqu’un pour la nuit sans qu’on soit obligés de dormir ensemble. Ça ne me dérangerait pas dans l’idée, et je l’ai même fait une poignée de fois avec des femmes qui en avaient envie, mais je trouve ça normal de n’obliger personne à ça."

J’ai l’impression de commencer à vivre

Jacky n’envisage plus de se refermer des autres : "Pour la suite, je pense que je vais continuer mes petites habitudes prises pendant la pandémie avec une rencontre par semaine environ. Mais j’ai réalisé que j'avais peut-être envie d’une relation suivie avec quelqu’un et donc je vais me concentrer sur ça cet été. Je vais refaire mon profil sur les applications, essayer aussi de rencontrer des gens directement dans la vie. J’ai l’impression de commencer à vivre. Tout ça, ça m’a vraiment libéré."

De la même autrice :

>>Largué.e, délivré.e : “Je suis allé me coucher et quand je me suis réveillé, elle avait pris ses affaires et elle était partie”

>> Le couple à l'épreuve du confinement : "Ça a fait grandir la frustration et on a souvent passé notre colère sur l’autre"

>> Le Grand Swipe : "Elle est arrivée à notre premier date avec 30 min de retard, j’ai failli partir mais j’ai eu une intuition"