Largué.e, délivré.e : "Je ne réalisais pas du tout à quel point mon couple était une prison"
Vous vous rappelez de ce sentiment de vide quand il ou elle prononce l’irrévocabilité ? Pourtant, les ruptures, si elles peuvent apparaître insurmontables, nous apprennent toujours. Largué.e, délivré.e raconte ces moments de la vie où il a été question de se réinventer pour vivre une vie plus belle encore.
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Ce que Maeva retient de leur histoire, c’est une somme d’éléments qu’elle analyse aujourd’hui à l’aune de son engagement féministe : "Sur le coup, je ne voyais rien. Et puis maintenant je réalise combien il surveillait ce que je dépensais, ce que je faisais de mon temps libre, qui étaient mes amis. Il n’a jamais été violent mais il a toujours été maître dans l’art de la petite réflexion qui fait mal. On est restés ensemble trois ans et en trois ans, j’ai tout fait pour que notre couple perdure, pour qu’il soit content, parce que l’amour c’est plus fort que tout. J’ai réalisé depuis à quel point cette relation était nulle et que je n’étais pas heureuse."
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S’ils se séparent en octobre 2019, c’est parce que la jeune femme se rebelle : "J’avais envie de consacrer du temps à mon groupe d’amies. En parallèle, j’étais très touchée par le nombre grandissant de féminicides publiés par le collectif Nous toutes. J’avais envie de m’engager, de m’instruire. Ça ne lui a pas plu du tout." Le compagnon de Maeva n’accepte pas de voir opposer à ses réflexions une pensée construire et forte de sincérité. Quand il lui suggère de rester à la maison plus souvent et de passer plus de temps avec lui plutôt que perdre du temps avec "ces trucs de féministe", elle craque : "Je lui ai dit que c’était ce que j’étais et qu’il avait le choix entre s’habituer et me soutenir ou me quitter. J’ai bien mis l’accent sur le fait que ce n’était pas une passade ou une crise ou quoi que ce soit du genre. On a fini par convenir ensemble qu’on n’était plus compatibles." Ce soir là, Maeva remplit une valise et s’installe chez une amie qui deviendra plus tard officiellement sa colocataire.
Une liberté retrouvée
"Ce que cette rupture a changé chez moi, c’est que ça m’a libérée de tous les projets que j’avais avec lui et qui étaient plus des obligations sociales comme le fait d’habiter ensemble assez vite, d’envisager d’acheter un appartement ou de faire un enfant à terme. Toutes ces évidences ont explosées quand je me suis retrouvée seule et j’ai enfin pu me demander ce que je voulais faire de ma vie." Maeva savoure chaque espace de liberté qui compose sa vie désormais et réalise à quel point les possibilités qui s’ouvrent à elle sont quasiment infinies.
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"Je suis indépendante et ma carrière marche plutôt bien malgré les temps difficiles, je pourrais en profiter pour aller vivre quelques mois à l’étranger. Et j’ai envie de me lancer dans le don d’ovocytes au printemps prochain. Ce dont je suis le plus heureuse, je crois, c’est que je n’ai besoin de négocier et de justifier ces décisions avec personne. Quand j’en ai une envie, je fonce. C’est con mais la première fois que j’ai pris conscience de cette liberté, c’était pour un truc nul du quotidien et ça m’a fait pleurer. Je ne réalisais pas du tout à quel point mon couple était une prison", nous confie-t-elle.
“Les larmes ont commencé à couler comme ça”
Quelques jours après la rupture, la jeune femme a peur d’avoir pris une décision qui la desservira au long terme : "C’est ce que n’arrêtait pas de me répéter ma mère et je commençais à la croire". Elle est en train de faire les courses dans un supermarché de son nouveau quartier et réalise qu’elle ne sait pas complètement quoi acheter. "Par réflexe j’ai commencé par remplir le panier avec les trucs que j’achetais pour notre vie à deux. Ce qu’il mangeait pour le petit déjeuner, des dosettes de café…" Elle replace les produits dans les rayons et commence à réfléchir à ce dont elle a besoin et envie : "J’avais envie de m’acheter des biscuits pour le goûter, ceux en forme de Dinosaures. Et du Yop, et des brocolis. Quand je suis passée en caisse, j’ai entendu dans ma tête une petite réflexion de mon ex qui se moquait de ces achats. Mais dans la rue, j’ai ouvert le paquet et j’ai commencé à manger des gâteaux. On était en milieu de matinée, ça n’avait aucun sens. Les larmes ont commencé à couler comme ça, en me disant que c’était un gros f*ck à ce type et que j’avais le droit de manger ce que je voulais quand je voulais sans avoir peur d’être jugée par quelqu’un qui était censé m’aimer."
Aujourd’hui, elle se sent tout à fait libre : "Je ne suis pas prête à me mettre en couple tout de suite et surtout pas avec un homme. J’ai réalisé ces derniers mois que plein de ces mécanismes qui nous avaient conduits là où on était étaient dû au simple fait que j’étais une femme et qu’il était un homme. Parce que je ne veux plus jamais revivre ça, j’envisage soit le célibat volontaire soit de m’engager avec une femme. On verra ce que l’avenir me réserve. En attendant, je suis heureuse."