Largué.e, délivré.e : "Je sais que je n’aurais jamais eu la force de la quitter"

Largué.e, délivré.e :
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Vous vous rappelez de ce sentiment de vide quand il ou elle prononce l’irrévocabilité ? Pourtant, les ruptures, si elles peuvent apparaître insurmontables, nous apprennent toujours. Largué.e, délivré.e raconte ces moments de la vie où il a été question de se réinventer pour vivre une vie plus belle encore.

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Manon a besoin de réfléchir pour se rappeler de beaux souvenirs avec son ex-compagne : "Avec le recul, je réalise que notre relation était abusive. Je crois qu’on parle de co-dépendance. On passait notre temps en crise à se crier dessus et à pleurer. L’une était toujours en colère contre l’autre. J’ai passé avec elle les années les plus dures de ma vie. L’appartement et nos souvenirs en commun n’étaient que des éléments supplémentaires de cette oppression au quotidien. Tout était lourd, douloureux, puant. Et pourtant on s’aimait. On s’est aimées à la folie. Quand il a été question de rupture, enfin, elle a été la plus courageuse. Je sais que moi, je n’aurais jamais eu la force de la quitter. Mes amies me pressaient pour que je le fasse depuis des mois, mais je n’y arrivais pas. Imaginer qu’on puisse ne plus être ensemble était insupportable. J’avais l’impression qu’elle était ma colonne vertébrale et que sans elle j’allais m’effondrer."

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Quand l'une a trop d'ambition et l'autre pas assez

Pour Manon, qui n’imagine pas la séparation possible, le moment où la rupture est verbalisée est un choc : "C’est arrivé à l’issue d’une énième engueulade sur notre avenir. Elle me reprochait de ne pas avoir assez d’ambitions et moi je lui reprochais l’inverse. Nos discussions sur le sujet ne menaient jamais nulle part. Là, c’est parti en sucette exactement comme d’habitude sauf qu’à un moment elle s’est mise à pleurer et à dire qu’elle ne pouvait plus continuer à vivre comme ça. Sur le coup je n’ai pas réalisé. Je suis restée sous le choc quand elle a fait son sac pour aller dormir ailleurs. Je me souviens que j’ai téléphoné à une amie pour lui raconter et que je ne pleurais pas. Je lui ai juste dit : 'Elle a fait son sac et elle est partie', comme ça, factuellement. Mon amie est venue tout de suite."

De la dépendance à la rupture

La jeune femme a besoin de soutien, de ses proches comme de professionnels de la santé : "C’est le lendemain que j’ai réalisé. Je me suis effondrée comme prévu. Mon amie a appelé SOS Médecin et on m’a donné un sédatif. J’ai été voir un psy aussi dès les premiers jours de la rupture. Je me souviens qu’à cette période, je dormais beaucoup. Je suppliais tout le monde de me laisser l’appeler. J’avais besoin de sa voix et de voir son visage. J’ai eu de la chance d’être bien entourée et que personne n’ait craqué. Ça fait un peu moins d’un an et je ne l’ai jamais revue."

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Perdre ses repères pour le meilleur

Elle revit quelques semaines plus tard quand on lui propose de rejoindre une colocation : "Mon déclic c’est quand des potes m’ont proposé d’entrer dans leur coloc. J’ai toujours trouvé leur appart super, mais je ne connaissais pas bien le quartier. Ça a été comme un nouveau départ. J’ai perdu tous mes repères, mais dans le bon sens du terme. Ça m’a permis de mettre mon ex derrière moi."

Mais les souvenirs sont encore vivaces pendant un temps : "Il a fallu un moment pour que j’arrête de pleurer le soir ou un peu n’importe quand. Pour que je recommence à m’amuser. Mais depuis le début de l’été, je sens bien que je suis sur la bonne pente. Je me pose à un café et je regarde les gens passer, je passe des heures à imaginer des plans pour le futur avec mes potes, j’écoute de la musique et j’ai envie de danser."

Fière de se rendre heureuse toute seule

Manon n’est pas en colère. Elle regrette juste le goût d’échec que lui laisse cette histoire : "Je sais depuis le départ que je n’ai pas croisé une mauvaise personne. On était juste les mauvaises personnes l’une pour l’autre. Je regrette de ne pas avoir su la rendre heureuse. À une époque, c’est ce que je voulais le plus au monde. Mais je me sens fière d’être en train de réussir à me rendre heureuse, moi. Je n’avais jamais fait ça. Je n’avais même jamais réfléchi que c’était possible. Ça me rend plus forte et je pense que c’est la meilleure base pour une prochaine histoire d’amour."

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