Léa Salamé prise à partie par les remarques sexistes d'un invité : "Et on n'a pas le droit de s'embrasser ?"
Invité de Léa Salamé dans la matinale de France Inter, ce mardi 20 février 2024, l'écrivain et photographe François-Marie Banier s'est permis des remarques assez déplacées adressées à la journaliste.
Ce mardi 20 février 2024, François-Marie Banier, photographe, peintre et écrivain, condamné en 2016 pour abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt, était l'invité de la matinale de France Inter. Venu présenter son livre "Dialogues interrompus", le septuagénaire était interviewé par la journaliste Léa Salamé. Cette dernière a l'habitude de poser, en début et en fin d'entretien, des questions courtes qui appellent des réponses courtes.
"C'est tellement bête"
Un procédé qui n'a pas semblé plaire à François-Marie Banier. Ainsi, lorsque la journaliste lui pose la question, "Dali ou Picasso ?", l'invité lui répond "C’est tellement bête". "Je vous remercie… Ça veut dire quoi ? Picasso évidemment ?" rebondit Léa Salamé, sans se laisser démonter. "Mais je ne répondrai pas", a insisté l'écrivain. Quand la journaliste lui demande : "Cardin ou Yves Saint-Laurent ?", il déclare de nouveau : "tellement bête".
La journaliste mentionne ensuite une dédicace particulière que l'écrivain lui a adressée : "François-Marie Banier, lorsque vous m’avez envoyé votre livre à la radio, vous avez écrit une drôle de dédicace : 'La vie est un week-end, j’en suis à dimanche à 23h55.'" L'intéressé lui rétorque alors : "Je ne pensais même pas venir parce que d’abord je n’ai pas dormi de la nuit, en pensant vous voir. Vous me faites un peu peur. Vous faites peur aux hommes", lui a-t-il lancé. À la fin de cet échange musclé, François-Marie Banier se risque malgré tout à demander un baiser à son interlocutrice : "Et on n'a pas le droit de s'embrasser après ?" "Non, on n'a pas le droit", réplique Léa Salamé.
Vidéo. La minute de Léa Salamé
Les femmes renvoyées à leur genre
Cette échange lunaire traduit un certain sexisme, encore assez décomplexé dans les médias. En effet, il est très peu probable que cette interaction aurait eu lieu face à un journaliste de sexe masculin, à qui on ne dit pas qu'il "fait peur" lorsqu'il pose des questions qui fâchent (et ne fait donc rien d'autre que son travail), et à qui on demande rarement un baiser en direct, quand les femmes peuvent carrément être agressées sexuellement à la télévision, notamment à l'occasion de nombreux duplex, ou qualifiées d'hystériques lors de débats.
En février 2022, l'échange entre Apolline de Malherbe, et Gérald Darmanin, à la tête du ministère de l'Intérieur, dans la matinale de RMC avait fait beaucoup parler. Alors que la journaliste le questionne sur la hausse des coups et violences, des homicides, et l'"explosion" des violences sexuelles, en se basant sur les chiffres "de (son) propre ministère", en lui disant "essayez de démontrer le contraire" il lui rétorque : "Calmez-vous, madame, ça va bien se passer." Une manière de renvoyer son interlocutrice à ses émotions pour la décrédibiliser.
Selon Rose Lamy, autrice de l’essai "Défaire le discours sexiste dans les médias" interrogée par L'Obs, "la remarque 'calmez-vous, madame' représente un 'archétype du discours sexiste' qui vise à nier ses compétences à une femme en la renvoyant à son corps." Une différence de traitement qui semble malheureusement avoir encore de beaux jours devant elle...
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