Léa Seydoux revient sur un tournage traumatisant : "Je veux avoir le choix de décider ce que je veux montrer de mon corps"
À l'affiche du film "La Bête", en salles le 7 février, Léa Seydoux était l'invitée de "Totémic", sur France Inter, ce vendredi 2 février 2024. L'actrice est revenue sur sa carrière et sur ce qu'elle n'accepterait plus jamais sur un tournage.
Léa Seydoux, notamment connue pour son rôle dans "La vie d'Adèle" (2013) d'Abdellatif Kechiche, a donné une interview à Rebecca Manzoni, sur France Inter, ce vendredi 2 février 2024, alors que le film "La Bête", dans lequel elle tient le premier rôle, s'apprête à sortir au cinéma, le 7 février. L'occasion de revenir sur le tournage éreintant, dans des conditions particulièrement inconfortables, de "La vie d'Adèle". "Ce film a changé beaucoup de choses, parce que c'était plus qu'un film. Pendant un an, on devait être au service du film, et ensuite pendant le tournage, qui a duré très longtemps. C'est une expérience très particulière. Je ne regrette absolument pas de l'avoir vécue, au contraire, ça m'a rendue plus forte", a déclaré Léa Seydoux.
Vidéo. Léa Seydoux : 4 infos à connaître sur l'actrice
"On ne peut pas être maltraitée quand on part travailler"
L'actrice a eu le temps de réfléchir à ce que ce tournage lui avait laissé, et les leçons qu'elle en a tiré. "La vie d'Adèle" l'a marquée à vie : "C'était tellement dur à faire, très violent, et d'une certaine façon, résister à cette violence-là, avec Adèle (Adèle Exarchopoulos, qui partageait l'affiche avec elle ; ndlr), je pense qu'on s'est senties fortes parce qu'on a survécu à ce tournage. Mais aussi, c'était très très dur, et passionnant sur le jeu." Récompensé par la Palme d'or en 2013, le long-métrage est notamment remarqué pour ces scènes de sexe lesbien, très présentes et crues.
Léa Seydoux, qui s'est beaucoup impliquée et s'est livrée tout entière au bon vouloir d'Abdellatif Kechiche, explique qu'aujourd'hui elle pose davantage de limites sur les plateaux de tournage et concernant ce qu'on peut exiger d'elle : "Ce n'était pas tant sur le jeu. Quand on joue sur un plateau, on est protégée quand même. On est sur un plateau, dans un cadre bien défini. (...) Avec Abdellatif, ce qui était plus difficile, c'était le harcèlement moral. On a été maltraitées, surtout à cet endroit-là. Cette chose, je la refuse, et encore plus quand c'est dans le cadre du travail. On ne peut pas être maltraitée quand on part travailler, c'est inadmissible. Ça c'est une chose, que je ne revivrai plus jamais, enfin j'espère."
"Mon corps m'appartient"
Quant aux scènes de sexe qu'elle peut être amenée à tourner, l'actrice a également affirmé que l'expérience douloureuse de "La vie d'Adèle" lui avait permis de s'imposer davantage sur les plateaux. "J'en ai tiré une force. Ce film-là, c'était plus qu'un film, c'était une expérience, une partie de ma vie, quelque chose, qui, aujourd'hui, me constitue. (...) Il y avait des scènes (de sexe ; ndlr) dans le film qui étaient très difficiles à jouer et encore là, il n'y avait pas de respect dans la façon dont ces scènes ont été tournées. Ça, ce sont des choses qu'évidemment aujourd'hui, je n'accepterai plus jamais. (...) Mon corps m'appartient et je veux avoir le choix de décider ce que je veux montrer de mon corps. Et ça, ce n'était pas le cas dans le film d'Abdellatif Kechiche, je n'ai pas eu la possibilité de choisir telle ou telle scène. Aujourd'hui, si je fais des scènes de sexe dans un film, je demande à faire les rushs, et j'accepte ou non la scène. Si je suis représentée d'une façon qui ne me convient pas, je refuserai aujourd'hui, c'est sûr. À l'époque, j'étais une actrice plus jeune et je n'ai pas eu de pouvoir sur ce tournage. Nous les actrices on n'a pas été protégées, pas du tout. Et ça j'espère que c'est quand même quelque chose qui n'existera plus."
"À un moment, tu comprends que tu vas être nue tous les jours"
Marquées par le tournage intense de "La vie d'Adèle", Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos avaient toutes deux affirmé auprès du site américain The Daily Beast qu'elles ne comptaient pas travailler à nouveau avec Abdellatif Kechiche à l'avenir : "Jamais", avait affirmé Léa Seydoux, tandis qu’Adèle Exarchopoulos avait déclaré : "Je ne pense pas."
"Il nous a dit qu’il ne voulait pas cacher la sexualité des personnages car c’est une part importante de chaque relation" a expliqué Adèle Exarchopoulos, qui a ajouté : "Alors il m’a demandé si j’étais prête à le faire, et j’ai dit 'Oui bien sûr !' parce que je suis jeune et nouvelle dans le milieu du cinéma. Mais une fois sur le tournage, j’ai réalisé qu’il voulait vraiment qu’on lui donne tout. La plupart des gens n'oseraient même pas demander ce qu'il a demandé. Ils seraient plus respectueux. Vous êtes normalement rassuré pendant des scènes de sexe, et elles sont chorégraphiées, ce qui désexualise l’acte. (...) "À un moment, tu comprends que tu vas être nue tous les jours et dans différentes positions sexuelles, et c'est assez difficile."
À lire aussi :
>> Léa Seydoux, Sophie Marceau, Carole Bouquet… Ces Françaises qui ont été James Bond girls
>> Léa Seydoux tacle le mouvement #MeToo : "Je pense que les hommes ont peur"