Les amants du couvre-feu : "Je ne veux pas qu’elle me quitte parce que la situation la fait trop souffrir"
Depuis le samedi 16 janvier, un couvre-feu est obligatoire à 18h dans toute la France. Dans Les amants du couvre-feu, célibataires et amants racontent comment ils arrivent à concilier contraintes sanitaires avec leurs vies amoureuses et sexuelles.
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Olivier a 34 ans. Il est en couple depuis trois ans avec Sabrina. Depuis le début de leur histoire, ça a toujours été clair, ils vivraient chacun de leur côté : "On avait tous les deux des raisons différentes de préférer cette configuration. Elle ne sait pas dormir correctement avec quelqu’un et moi j’ai besoin de mon espace pour vivre et travailler, où je me sente tout à fait libre de faire ce que je veux. Ça a toujours très bien marché comme ça."
Vidéo. Pour Véronique Kohn : "Il y a une détresse chez certains célibataires et puis, il y a les autres..."
Mais depuis le mois de mars dernier, les tourtereaux ont été obligés de revoir son mode d’organisation : "Au premier confinement, on pensait que ça allait être facile de vivre séparément. On a voulu respecter les règles, on s’est croisés deux fois en allant faire des courses synchronisées. Ça a été une épreuve, autant pour elle que pour moi. Et à la fin, le soir, on pleurait tous les deux au téléphone. Pendant le premier couvre-feu et le second confinement, on a décidé de revoir notre copie. Sam s’est procurée une attestation de travail pour venir me voir même à des horaires impossibles. On a continué tout de même à dormir chacun chez soi. Et puis là, c’est une nouvelle épreuve."
"On doit devenir des hors-la-loi pour se voir"
Comme beaucoup de français et de françaises, Olivier souffre particulièrement du manque de visibilité sur la situation : "On est obligés de prévoir sur du long voire très long terme, puisque le gouvernement ne communique sur rien. Pour notre santé mentale à tous les deux, on a donc décidé de s’organiser une nouvelle routine : on se voit à quelques déjeuners quand c’est possible, le week-end et le mercredi et le vendredi soir". Les amants ont conscience qu’ils enfreignent la règle, en se déplaçant en dehors des horaires prévus mais refusent d’y sacrifier leur bien-être et leur couple : "Je ne veux pas qu’elle me quitte parce que la situation la fait trop souffrir et que c’est plus simple pour elle. Je souffre de ne pas la voir, de partager moins d’intimité avec elle comme on le faisait avant. Le temps où on se retrouve après une journée de travail pour faire le point et retrouver la sérénité et le calme ensemble est tellement important pour nous."
Vidéo. Vincent nous parle de ses difficultés amoureuses et sexuelles avec une stomie :
S'il essaye de ne pas trop y penser, le jeune homme trouve que les mesures prises n’avantagent que celles et ceux qui ont fait des choix, de vie et de couple, conventionnels : "Est-ce que quelqu’un pense aux amoureux qui n’habitent pas dans le même pays ? Dans la même ville ? À ceux qui, comme nous, ont fait le choix de ne pas partager le même domicile ? Ça me rend dingue qu’on doive se conformer à un modèle qui ne nous ressemble pas du tout. Je regarde ce qui se fait dans d’autres pays et j’ai l’impression qu’il y a des endroits où on pense un petit peu plus au bien-être des gens en général. Tout en respectant des consignes de sécurité, évidemment. Nous, on doit devenir des hors-la-loi pour se voir alors qu’on demande juste à faire les choses bien."
"Voir son sourire le soir en dehors d’un écran, ça n’a pas de prix"
Ces moments de soirée ensemble, volées au quotidien, les deux amoureux n’en garderont pas vraiment un bon souvenir : "Il y a toujours le stress de se faire contrôler à l’aller et au retour, même si on a des attestations professionnelles. Au final, on a toujours autant besoin de ce temps ensemble, mais on parle beaucoup de ce qui se passe autour de nous, de ce stress ambiant et ce n’est pas vraiment joyeux. Mais au moins, je peux la tenir dans mes bras, on peut se tendre des mouchoirs quand on craque. Juste voir son sourire le soir en dehors d’un écran, pour moi ça n’a pas de prix."
Pour eux, la routine est désormais installée et ils redoutent un changement de règles : "S'il y a un nouveau confinement, je ne sais pas comment on fera. On essaiera certainement de trouver de nouvelles habitudes, histoire de nous protéger dans notre propre carcan. Mais je n’ai pas hâte du tout. J’ai surtout envie qu’on reprenne nos vies comme avant. Et je sais déjà que les premiers soirs, j’en pleurerai sûrement."
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