Les amants du couvre-feu : "Le sexe, c’est le seul truc qui me fait tenir aujourd’hui"
Depuis le samedi 16 janvier, un couvre-feu est obligatoire à 18h dans toute la France. Dans Les amants du couvre-feu, célibataires et amants racontent comment ils arrivent à concilier contraintes sanitaires avec leurs vies amoureuses et sexuelles.
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Luna a 26 ans. Elle se définit comme une fille romantique "qui a vrillé". Comme pour beaucoup, la pandémie de Covid-19 a modifié ses projets et lui a révélé des facettes insoupçonnées de sa personnalité. Depuis un an, sa recherche d’amour s’est transformée en soif de sexe sans lendemain, une quête qu’elle poursuit en fonction des contraintes gouvernementales.
Vidéo. Véronique Kohn nous parle de la pression que ce mettent certains célibataires pour être en couple à cause de la crise sanitaire :
"Au début, je pensais que ça ne durerait pas. Le premier couvre-feu n’avait pas duré. Et comme beaucoup, j’attendais qu’ils annoncent un nouveau confinement. Alors, j’ai un peu mis mes envies entre parenthèses. Pendant les deux premières semaines, j’ai viré mes applis, je ne répondais pas aux sms, je ne voulais pas organiser des trucs, me prendre la tête avec des plans qu’il faudrait, de toute façon, annuler. Et puis, comme beaucoup de monde, j’ai compris que ça risquait de durer et qu’il allait falloir s’habituer. J’ai réfléchi à ce dont j’avais envie (des histoires sans conséquences où on ne parle pas du virus quand on est ensemble) et j’ai tout mis en place pour en profiter un maximum malgré les contraintes du couvre-feu", nous explique la jeune femme.
"Je veux juste du sexe, du plaisir et surtout pas de discussion super lourde"
Elle échange peu avec les hommes avec qui elle organise ses rendez-vous et partage très vite ses "règles du jeu" : "Je suis super claire dans mes échanges, je n’attends rien, je veux juste du sexe, du plaisir et surtout pas de discussion super lourde. Si je veux entendre les avis de n’importe qui sur l’actualité, je n’ai qu’à prendre le taxi ou aller acheter le pain. Et j’organise mes dates pendant la pause méridienne chez moi, chez eux ou au bureau de l’un d’entre eux (c’était fun mais je ne sais pas si je le referais)."
Luna met un point d’honneur à respecter les règles le plus possible : "Le but de tout ça c’est d’être chez moi tous les soirs à 18h, de ne pas m’engager ni prendre des risques outre mesure ni pour moi ni pour mes proches. Idéalement, je n’embrasse pas. Je privilégie les positions où on n’est pas face à face et je ne vois aucun membre de ma famille depuis des mois."
Vidéo. Lou Sarabadzic nous explique pourquoi il faudrait davantage parler du lubrifiant :
Au fond, elle lutte pour préserver sa santé mentale dans un monde qui rend tout cela bien difficile. "Le sexe, c’est le seul truc qui me fait tenir aujourd’hui. J’avais l’habitude d’aller au cinéma avant leur fermeture, pour me vider la tête après le travail. Je voyais des copines, j’étais inscrite sur des applis pour trouver l’amour. Mais la situation a changé mes priorités. J’essaye juste de tenir", lâche la célibataire.
"On gère tous de la manière qui nous semble la plus simple"
Selon elle, sa solution personnelle à la déprime serait partagée par de nombreuses personnes. C’est ce qui rendrait si facile sa recherche d’amants et l’acceptation sans discussion de ses conditions : "À en croire les gens que je rencontre ou ceux à qui j’en parle, je ne suis pas la seule à avoir juste besoin de contact, même si c’est un peu impersonnel et que ça ne mène nulle part. J’ai autour de moi des gens qui ont commencé des histoires sérieuses depuis que tout ça a commencé mais moi je ne m’en sens pas capable. Je me focalise sur mes besoins primaires pour tenir, je cherche un peu de plaisir dans tout ça, j’essaye de ne pas craquer. Ça peut choquer des gens mais c’est comme ça. Je n’ai pas le sentiment que j’ai vraiment le choix. C’est comme prendre des somnifères, des anti-dépresseurs, se lancer dans le yoga ou la boulange. On gère tous de la manière qui nous semble la plus simple."
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