Les amants du couvre-feu : "Je n’imagine pas ne plus voir ma maîtresse"

Les amants du couvre-feu
Les amants du couvre-feu

Depuis le samedi 16 janvier, un couvre-feu est obligatoire à 18h dans toute la France. Dans Les amants du couvre-feu, célibataires et amants racontent comment ils arrivent à concilier contraintes sanitaires avec leurs vies amoureuses et sexuelles.

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Philippe a 39 ans et est marié depuis 12 ans. Il est aussi en relation avec Monica depuis 2 ans : "Je n’aurais jamais pensé avoir une maîtresse. D’ailleurs je pense que je ne suis pas du tout le genre d’homme dont on peut imaginer qu’il a une maîtresse. Mais voilà, c’est comme ça, j’ai rencontré Monica en allant faire une mission dans le cadre de mon travail et depuis on n’a pas cessé de s’écrire puis de se voir" L’épouse de Philippe n’étant pas au courant des infidélités de son mari, l’histoire a été mise sous cloche pendant la majeure partie du premier confinement : "Je n’arrivais pas à trouver une raison valable pour aller la voir donc on a décidé de ne pas tenter le diable. On s’envoyait des messages quand on pouvait. Au bout d’un moment on s’est crée des boîtes mails anonymes pour continuer notre liaison épistolaire en toute sécurité. Mais elle comme moi, on a beaucoup souffert de la situation et on s’est juré de ne plus revivre ça."

"C’est une organisation d’agent secret, mais je n’imagine pas ne plus voir ma maîtresse"

Depuis, Philippe s’organise. Il s’est assuré la complicité d’un ami, qui couvre ses sorties auprès de son épouse et qui lui a fourni une attestation en rapport avec son travail pour faciliter ses déplacements : "C’est une organisation d’agent secret, mais je n’imagine pas ne plus voir ma maîtresse. On rattrape donc par ces manigances le manque de liberté lié à la situation. Et je n’en abuse pas. On a essayé de se voir à peu près une fois par semaine. Moins qu’en temps normal, mais quand même suffisamment au regard de l’actualité et des risques encourus."

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"J’ai eu la chance de ne pas m’être fait contrôler par la police jusque là"

Une fois par semaine depuis le début du couvre-feu, Philippe se rend ainsi chez sa maîtresse après le travail pendant quelques heures avant de rentrer chez lui : "Même si mon ami m’a fourni une attestation, je n’en ai jamais eu besoin. J’ai eu la chance de ne pas m’être fait contrôler par la police jusque là. Et pour l’instant, mon épouse ne suspecte rien."

Dans un futur proche, il envisage de clarifier la situation auprès de son épouse : "Je sais que tout ça n’est pas idéal. Ça ne l’est pour personne en fait. Je suis amoureux de ma maîtresse et je veux en faire ma compagne officielle et ma femme ne mérite pas que je la trompe comme ça. Mais je sais aussi que je ne suis pas capable de gérer une séparation ou un divorce avec une garde d’enfants pendant cette période. Je préfère gagner du temps jusqu’à ce que les choses se tassent au niveau de la pandémie."

"Je ne sais pas si je vais être capable de mentir comme ça pendant 6 mois de plus"

Ce choix de la temporisation, Philippe commence à le regretter : "J’ai choisi de vivre de cette manière au moment du second confinement en me disant que c’était ce qui était le mieux à faire. Et puis le temps passe et je réalise que personne ne sait vraiment quand tout ça va s’améliorer ou s’arrêter. Je ne sais pas si je vais être capable de mentir comme ça pendant 6 mois de plus. Et j’ai bien conscience que j’accumule du stress à devoir adapter mon comportement aux annonces du gouvernement. Rien n’est simple."

"Cette culpabilité en plus du stress lié au mensonge et à l’organisation un peu sportive, elle me ronge"

Il garde en tête que ce qui le fait tenir c’est bien l’amour : "Je me sens évidemment coupable. D’une part vis à vis de ma femme et de l’autre vis à vis des gens qui respectent les règles à la lettre, aussi stupides soient-elles. Moi, je m’arrange avec tout ça pour continuer à vivre ma vie et profiter de ma nouvelle relation. Dans un sens ce n’est pas juste du tout. Cette culpabilité en plus du stress lié au mensonge et à l’organisation un peu sportive, elle me ronge. Je ne dors pas très bien, j’ai perdu du poids. Tout ce que j’attends, comme beaucoup de gens je pense, même si mes raisons sont particulières, c’est de pouvoir mettre cet épisode derrière moi, de quitter ma femme et de commencer une vie officielle avec la femme que j’aime. Tout ça c’est pour elle. Et pour nous plus tard. J’espère juste ne pas oublier ça en cours de route, et qu’elle non plus."

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