« Miel aphrodisiaque » : en cas de troubles de l’érection, les conseils d’une spécialiste avant d’utiliser des produits

Disponibles sur ordonnance en France, les traitements contre les troubles érectiles sont très efficaces.
seksan Mongkhonkhamsao / Getty Images Disponibles sur ordonnance en France, les traitements contre les troubles érectiles sont très efficaces.

SANTÉ - Parlez-en d’abord à votre médecin. Dans un communiqué du 20 janvier, les douanes françaises s’inquiétaient de la hausse du trafic de compléments alimentaires aphrodisiaques illégaux contre les « problèmes d’érection » ou « d’impuissance sexuelle ». Dernier en date, le « miel érectile », vendu sur les réseaux sociaux ou sous le manteau, dont la police a saisi 13 tonnes en novembre dernier, et responsable de plusieurs intoxications.

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Un usage qui se répand alors qu’en France, plusieurs médicaments contre les troubles de l’érection sont efficaces et disponibles sur ordonnance. Pour Le HuffPost, la psychiatre et sexologue Céline Causse, autrice de La sexualité masculine dans tous ses ébats détaille la marche à suivre en cas de troubles de l’érection - et les choses auxquelles il faut faire attention quand on veut prendre des substances érectiles.

Le HuffPost. En consultation, constatez-vous ces recours à des substances érectiles illégales ?

Céline Causse. Je reçois beaucoup de patients qui ont déjà commandé des produits de ce type sur internet. Le problème, c’est que sur internet, il n’y a aucun contrôle. Dans la plupart des cas, on ne sait pas ce qu’on prend : au mieux, ça ne marche pas, au pire, il y a des effets secondaires. Ces substances peuvent aussi avoir des interactions avec des traitements qu’on prend déjà, interagir entre elles quand on en prend plusieurs… C’est un gros problème.

Qu’est-ce qui amène à se fournir en ligne plutôt que consulter ?

Il y a un vrai tabou, une vraie honte autour des troubles de l’érection. On dit qu’un homme qui n’a pas d’érection, ce n’est pas un vrai homme, qu’il n’est pas performant - notamment chez les jeunes, dont on pense qu’ils ne sont pas censés avoir de problème à ce niveau-là.

Il est difficile d’en parler, au point que même pour ceux qui consultent, je constate qu’il est parfois compliqué d’aller chercher un traitement pour les troubles de l’érection. Il arrive que des patients me demandent « Est-ce que le pharmacien va savoir ce qu’est ce médicament quand je vais aller le chercher ? »

Quelles sont les options de traitement pour les troubles érectiles ?

Les traitements fonctionnent très bien. Les plus prescrits sont ceux qui augmentent la durée de l’érection, ou plus précisément, qui retardent la détumescence - le moment de la fin de l’érection. Ce sont les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5, aussi appelés « IPDE 5 » : le viagra, le cialis, et tous leurs dérivés.

Il existe aussi des traitements qui répondent à différentes problématiques physiques. En cas de contre-indication aux IPDE 5 par exemple, il y existe des injections intra-caverneuse, directement dans le pénis. Et en cas de trouble hormonal, il est possible de le corriger.

Quel est le parcours pour s’en faire prescrire ?

Devant un trouble de l’érection, il est important de consulter un médecin et de faire un bilan de santé. D’abord, on essaie de savoir si le problème est d’ordre physique ou psychologique. Personnellement, je commence par un bilan sanguin, un bilan de la thyroïde, et un bilan hormonal. À partir de 40 ans, je demande quasi systématiquement un bilan cardiaque, car le trouble érectile peut être un signe avant-coureur de maladies cardiovasculaires.

En cas de doute, je renvoie mes patients vers un urologue. Enfin, si tous ces tests reviennent négatifs, il est probable que le trouble érectile soit d’ordre psychologique. Il faut alors en parler avec le patient : qu’est-ce que ce symptôme peut signifier ? Il faut aborder son histoire, ses relations, ses habitudes masturbatoires… C’est aussi le moment où on peut prescrire - ou non - des médicaments qui favorisent l’érection.

Mais il n’y a pas que les médicaments. Je donne à mes patients des exercices qui peuvent améliorer la qualité de l’érection. Je propose de travailler sur les habitudes masturbatoires et d’arrêter la pornographie, de travailler sur l’angoisse de la performance... Et si mes patients ne sont pas encore prêts à faire ce travail mais souhaitent des médicaments contre les troubles de l’érection, je leur en prescris. Le suivi dépend de la problématique de chacun.

Les traitements sont exclusivement sur ordonnance, renouvelables autant que nécessaire. On commence toujours par le dosage minimal.

Est-ce que ces traitements peuvent être dangereux, ou provoquer de l’accoutumance ?

Ces traitements peuvent avoir des contre-indications en cas de trouble cardiaque élevé. Mais s’ils ont été prescrits sans danger, il n’y a pas de problème physique ou d’accoutumance. J’ai des patients qui en ont pris pendant 20 ans.

Par contre, il peut y avoir une dépendance psychologique, au sens où, sans travail parallèle sur son symptôme, il est possible de ne plus être capable d’avoir un rapport sans médicaments. C’est pour ça que, notamment pour les hommes jeunes, j’accompagne toujours le traitement de questionnements, et je laisse la possibilité de faire face à son symptôme, d’évoluer.

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