Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Le travail du sexe a payé pour ma nymphoplastie"
Chirurgie de l'intime encore taboue, la nymphoplastie vise à modifier l'apparence de la vulve. Si elle se pratique souvent pour des raisons médicales, les nymphoplasties purement esthétiques sont également très répandues.
L'opération s'appelle la nymphoplastie, ou labioplastie. Son objectif ? Modifier l'apparence de la vulve en réduisant l'apparence des petites lèvres, lorsque ces dernières sont atrophiées. Ce "lifting de l'intime" est néanmoins de plus en plus populaire. En 2019, 4 772 opérations auraient été effectuées, selon les experts interrogés par l'AFP. Camille*, 27 ans, fait partie de ces jeunes femmes qui ont franchi le pas de cette opération, qui peut être coûteuse.
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"L'apparence de ma vulve a toujours été une source de complexes"
Comme beaucoup de personnes, la première représentation de vulve vue par la jeune femme était dans un film porno. "Je devais avoir 14 ou 15 ans, et ça a été un choc", confie-t-elle. "A l'époque, j'avais lu un conseil dans un magazine, qui disait d'observer sa vulve dans un miroir pour apprendre à se connaître. J'ai voulu comparer, et je suis tombée sur un film X. Et je me suis tout de suite demandé pourquoi la mienne ne ressemblait pas du tout à celle de l'actrice."
Au début, Camille pense qu'il s'agit d'une question d'épilation. "Forcément, dans le porno de l'époque, la mode était à l'épilation intégrale. Alors ce soir-là, moi qui ne me rasais même pas encore les aisselles, j'ai piqué le rasoir de mon père et je me suis attaquée à mon pubis. Je ne vous raconte pas la déception : au contraire, j'avais l'impression que mes lèvres étaient encore plus proéminentes. Je me rappelle en avoir pleuré."
Complexée, l'adolescente a eu du mal à se lancer dans la vie sexuelle. "J'avais tellement peur de montrer ma vulve que je refusais les cunnis. Pendant longtemps, je me contentais de sucer ou de masturber mes partenaires, puis j'ai beaucoup fait l'amour dans le noir avant d'oser allumer la lumière." Pourtant, elle l'affirme elle-même : "Je n'ai jamais eu le moindre commentaire déplacé de la part de qui que ce soit. C'était vraiment dans ma tête que j'avais un blocage à ce niveau-là."
"Quand j'ai commencé le travail du sexe, ça s'est empiré"
Début 2020, à 24 ans, Camille perd son emploi lors du premier confinement. "Mon CDD qui devait aboutir en CDI dans la vente n'a finalement pas fonctionné. Au chômage et confiné, j'ai commencé à faire quelques photos érotiques que je publiais sur OnlyFans. Mon compte a gagné en puissance et j'ai commencé à faire des vidéos en solo. C'est là que j'ai commencé à avoir des commentaires sur l'apparence de ma vulve. Pas beaucoup, mais suffisamment pour alimenter mes complexes. A ma grande surprise, j'ai aussi eu des compliments. Mais c'est surtout quand j'ai commencé à tourner mes premiers pornos avec d'autres acteurs et actrices que ça a empiré. Impossible pour moi de ne pas comparer ma vulve à celles, parfaites, de mes co-stars."
C'est à ce moment-là que la jeune femme prend sa décision : "J'avais entendu parler de la nymphoplastie. Je savais que la mienne ne serait pas remboursée parce que ce n'est pas vraiment une chirurgie réparatrice, alors j'ai décidé de mettre de côté. De faire en sorte que le travail du sexe paye ma nouvelle vulve en plus de mon loyer."
"J'en ai fait un jeu pour mes abonnés"
Après avoir longtemps hésité, Camille a décidé d'être honnête avec ses abonnés OnlyFans. "Je leur ai dit que je comptais me refaire la vulve, et je leur ai même proposé de me donner des idées pour m'inspirer pour accompagner leurs pourboires. J'en ai fait un jeu, pour eux (rires). Certains de mes réguliers ont essayé de me convaincre que je n'avais pas besoin de passer sur le billard, mais quand je leur ai dit que je ne comptais pas changer d'avis, ils n'ont pas insisté. Certains m'ont envoyé de belles sommes, et finalement, il ne m'a fallu que quatre mois pour économiser les 4 000 euros que j'estimais nécessaires pour mon opération."
Peu après, elle prend rendez-vous avec un chirurgien. "Finalement, ça m'a coûté un poil moins cher que ce que j'avais prévu. Par contre, le délai d'attente était un peu long à mon goût. Si j'avais su, j'aurais pris rendez-vous avant d'avoir l'argent, mais au moins c'était fait." Opérée fin 2021, Camille a été très satisfaite du résultat. "Passées les quelques semaines d'inconfort après l'opération, le résultat était largement à la hauteur de mes attentes. C'est bizarre, mais je ne me lassais pas de regarder ma vulve, de la toucher. Mes abonnés OnlyFans étaient ravis que j'enchaîne les contenus, et mes rapports sexuels étaient beaucoup plus plaisants, vu que je n'avais plus ce stress de mon apparence. Pour moi, c'était tout bénef, et je n'ai aucun regret", conclut-elle.
* Pour des raisons d'anonymat, le prénom a été changé.
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Un peu de botox par-ci, une augmentation mammaire par-là... La chirurgie esthétique est de moins en moins taboue. Ces opérations, longtemps cachées comme un secret honteux, sont désormais promues par les médecins qui les pratiquent comme par certaines stars et influenceurs ou influenceuses qui en ont bénéficié. À travers cette série "Chirurgie esthétique, à la vie à la mort", Yahoo tente de démystifier les raisons qui poussent les personnes à avoir recours à un acte de chirurgie, souvent irréversible, pour changer l'aspect de leur corps. Nous publierons une série de témoignages de personnes pour qui la chirurgie esthétique a changé la vie positivement ou négativement.
Si vous aussi vous voulez témoigner, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : laetitia.reboulleau@gmail.com.
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