Poly-Amours : Carine, 44 ans : "Je ne crois pas au couple enfermant avec une seule personne et qui dure toute la vie"

Poly-Amours : Carine, 44 ans :
Poly-Amours : Carine, 44 ans : "Je ne crois pas au couple enfermant avec une seule personne et qui dure toute la vie"

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Au regard des statistiques sur l’infidélité, de plus en plus de personnes se questionnent sur le bien-fondé d’une monogamie stricte ou sur la possibilité d’une histoire d’amour qui dure toute la vie. Les célibataires des années 2020 jonglent avec des codes qui rendent leurs vies amoureuses semées d’embuches. Parfois, un coup de coeur en simultanée d’une histoire pré-existante vient bouleverser les certitudes. Le polyamour est de plus en plus discuté, source de curiosité quand il n’est pas directement expérimenté. Rencontre avec des polyamoureux et polyamoureuses qui vivent cette alternative au quotidien.

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Carine a 44 ans et avant le polyamour, elle a toujours été célibataire : "Je n’ai jamais été en couple "classique". Je croyais que je ne faisais pas assez envie aux hommes, que je n’étais pas le genre de femme qu’on épouse. C’est le genre de conneries qu’on se dit quand on regarde trop de comédies romantiques. À cause de ça, j’ai longtemps cru que l’amour, c’était pour les autres. Je me suis refusé de prendre un chat parce que je ne voulais pas devenir une "célibataire à chat" et me donner encore moins de chance de trouver un homme. J’ai passé des années sur les sites puis les applications de rencontre, en vain. Jusqu’à ce que je rencontre un homme qui me parle de polyamour."

Une confusion courante

Carine croit que l’homme cherche à la convaincre de partager du sexe sans lendemain : "Les femmes qui sont longtemps sur les applications de rencontre le savent, il y a beaucoup de propositions de sexe et moins pour des relations amoureuses stables. Je me suis dit que ça ressemblait à un nouveau nom pour du sexe sans engagement et si j’ai continué à lui parler, sur le moment, c’était juste parce que je m’ennuyais. Et puis il a réussi à m’intéresser en m’expliquant ce qu’il faisait avec ses partenaires, c’est à dire littéralement tout ce qu’il y a dans une relation classique sans devoir bouleverser sa vie. Il faut que j’explique qu’au moment de notre rencontre, je suis en train de remettre en cause le fait d’avoir envie d’habiter avec un homme parce que j’adore mon appart, j’adore ma déco, j’ai passé des années à m’investir là-dedans et je ne veux pas que quelqu’un, même quelqu’un que j’aime, vienne tout bouleverser. Donc ça m’intéresse. Il m’invite à me poser la question de ce que je recherche vraiment chez un homme. Et ça, j’aime bien. Je commence une liste et on se dit qu’on en reparle plus tard."

Pendant la semaine qui suit cette conversation, Carine y pense souvent : "Je croyais que je voulais tout ce qu’on voit dans les films. Et en fait, je réalise que je ne veux pas quelqu’un qui habite chez moi, que je ne veux pas d’enfants, ni de chien. Mais peut-être un chat. Que ce qui me manque le plus, c’est d’avoir quelqu’un avec qui partager les bons moments comme les vacances. Que je veux du sexe mais aussi de la tendresse et que c’est pour ça que je vois très peu d’hommes pour une nuit, juste quand je suis vraiment désespérée. Quand on se reparle quelques jours plus tard, je lui raconte tout ça et il me propose un rendez-vous pour voir si le courant passe vraiment entre nous. Parce que c’est l’essentiel aussi. On ne se lance pas dans ce genre de relation sans sentiment."

Vidéo. Le grand A : polyamour

Carine et l'homme polyamoureux se voient trois fois avant leur premier baiser : "Je voulais être sûre. Je ne suis pas du genre à attendre mais je voulais vraiment ressentir les papillons. Et quand je l’ai embrassée, j’en avais vraiment envie. Il m’avait dit aussi que c’était important et j’ai compris pourquoi. Tout ce qu’on fait ensemble, j’en ai envie du fond du coeur et des tripes. Je ne suis pas en train de passer le temps ou de reproduire ce que je crois être la normalité. Même si je n’ai pas eu d’autre histoire depuis qu’on est ensemble, je me considère comme polyamoureuse parce que ce sont mes valeurs. Je ne crois pas au couple enfermant avec une seule personne et qui dure toute la vie. Je crois qu’il y a une infinité d’histoires différentes et qu’elles ont toutes une raison d’être. J’ai beaucoup lu sur le sujet depuis et plus j’en sais, plus je parle avec d’autres personnes polyamoureuses et plus je trouve ça beau et sensé. Je sais que ce n’est pas la solution à tout, j’ai vu dans mon entourage des polyamoureux avoir des ruptures difficiles ou se tromper et se faire du mal. Ce n’est pas une étiquette magique qui protège de tout ça. C’est toujours à chacun de faire l’effort du respect et de la communication. Parfois, certains font des erreurs. Personne n’est parfait. Mais ça ne m’empêche pas de faire confiance à mon amoureux."

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