Poly-Amours : Daphné, 27 ans : "J'en veux à mes parents de ne pas vouloir rencontrer mes deux amoureux"
Au regard des statistiques sur l’infidélité, de plus en plus de personnes se questionnent sur le bien-fondé d’une monogamie stricte ou sur la possibilité d’une histoire d’amour qui dure toute la vie. Les célibataires des années 2020 jonglent avec des codes qui rendent leurs vies amoureuses semées d’embuches. Parfois, un coup de coeur en simultanée d’une histoire pré-existante vient bouleverser les certitudes. Le polyamour est de plus en plus discuté, source de curiosité quand il n’est pas directement expérimenté. Rencontre avec des polyamoureux et polyamoureuses qui vivent cette alternative au quotidien.
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Daphné a 27 ans et s’est toujours considérée comme polyamoureuse : "J’ai mis longtemps à me mettre en couple et je n’ai pas eu de copain au lycée. Mais dès la fac, je parlais déjà de polyamour. J’ai découvert le principe sur internet avant de faire mes recherches moi-même. J’ai pas mal échangé en ligne avec des personnes concernées. Plus je me renseignais, plus j’avais l’impression que c’était ce que j’avais envie de vivre. L’idée de passer des années avec une seule personne, de tout faire peser sur le dos de cette pauvre personne, ça me faisait très peur. Au début, on me disait que j’allais rentrer dans le rang et que quand j’allais faire la bonne rencontre, la monogamie serait une évidence. Mais non. Je m’y suis tenue. Même très amoureuse, j’ai laissé la porte ouverte à d’autres rencontres. Maintenant, je suis en couple avec deux hommes et je suis très heureuse."
Des parents qui désapprouvent
Daphné n’a qu’un seul regret : que ses parents ne reconnaissent pas ses compagnons : "Mes parents refusent de rencontrer mes amoureux. Ils connaissent le premier qui est arrivé et qui est pour eux l’amoureux "officiel" mais le second n’existe pas dans leurs têtes et ça me fait beaucoup souffrir. Je ne veux pas qu’il puisse être vu comme un amant et moi comme une femme qui trompe l’homme que j’aime. J’aime les deux. Et ils ont autant de place dans ma vie. C’est d’autant plus ridicule que le second est arrivé juste 2 mois après le premier. Ça s’est joué à pas grand-chose. C’est ce que je dis à mes parents aussi mais ils se ferment dès que j’aborde la question. C’est arrivé que je décide de moins les voir parce que je ne supportais pas de mentir sur ma vie."
Vidéo. Le grand A : polyamour
Cela fait 2 ans que Daphné est avec ses deux compagnons : "On a le projet d’habiter tous ensemble. Qu’est ce qu’on fera à ce moment-là ? Il faudra que mon deuxième compagnon aille au café pendant que mes parents nous rendent visite ? Est-ce qu’il faudra qu’on le fasse passer pour un colocataire ? Ces questions me prennent beaucoup la tête parce que je trouve que cette absurdité manque de respect aux hommes que j’aime et que je ne veux pas cacher au monde. D’ailleurs, dans leurs familles, il n’y a aucun problème avec ça. On va souvent à trois chez les uns ou chez les autres. J’avoue que j’en veux un peu à mes parents d’être les seuls à avoir un problème avec ma vie."
À trois, on y va
Daphné a trouvé son équilibre avec deux hommes dans sa vie : "Je sais que le polyamour ne me limite pas mais je ne pense pas avoir besoin d’une histoire supplémentaire. C’est une question de temps et de disponibilité aussi et je trouve qu’à trois, c’est à la fois pratique et équilibré. Ils me rendent heureuse tous les deux. On est comme une famille. À part les problèmes avec mes parents, je n’ai rien à changer. Je suis heureuse aussi d’avoir attendu de faire les bonnes rencontres pour vraiment me mettre en couple. Je pense que j’aurais pu faire comme beaucoup de femmes et me mettre en couple avec quelqu’un en sacrifiant ma liberté. Maintenant, j’ai deux hommes avec moi et j’ai toujours du temps pour moi. C’est ce que j’ai appris du polyamour : le couple n’est pas tout. Ce qui compte c’est le bonheur de soi et le bonheur et tous. Et ça passe aussi par des moments de solitude."
Daphné n’envisage pas de faire un enfant : "Je n’ai jamais voulu d’enfant même si je sais que c’est tout à fait possible d’être polyamoureuse et d’avoir des enfants. Moi, je veux consacrer le temps que je ne consacre pas à mes amoureux à ma personne et c’est tout. Je pense que si j’ajoutais un enfant, je finirais par me perdre de vue. J’ai la chance, encore une fois, d’être avec des hommes qui me respectent et me comprennent : aucun des deux n’a envie de devenir père. En tout cas si ça arrive un jour, ce ne sera pas avec moi. J’ai toujours été claire là-dessus."
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