"Notre présentatrice n'assurera pas la météo parce qu'elle a ses règles" : le spot qui dénonce la précarité menstruelle
L’association Règles Élémentaires signe une campagne vidéo afin de sensibiliser le public sur un sujet tabou mais bien réel : la précarité menstruelle en France. Un spot court et efficace, qui rappelle que ce phénomène concerne de nombreuses femmes, et empiète sur leur vie scolaire et professionnelle.
1,7 million. C’est le nombre de femmes françaises qui n’ont pas les moyens de s’acheter des protections périodiques lorsqu’elles ont leurs règles, selon un sondage Ifop datant de 2019. Pour que les choses changent, l’association Règles Élémentaires se bat depuis 2015 contre la précarité menstruelle, notamment en collectant des produits d'hygiène intime, qui ne sont pas considérées comme un produit de première nécessité donc qui ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. Mais elle se bat aussi pour mettre en lumière une vérité : ce péhnomène entraîne de l’absentéisme dans le milieu scolaire et dans le monde professionnel.
Oui, en 2020, les jeunes filles qui ont leurs menstruations ne se rendent parfois pas à l’école ou sur leur lieu d’études à cause de leur cycle menstruel. Tout comme bon nombre de femmes ne peuvent pas aller travailler plusieurs jours dans le mois parce que du sang qui coule entre leurs jambes.
Une campagne vidéo pour lutter contre la précarité menstruelle
C’est pourquoi, l’organisme a décidé de frapper un grand coup en signant une campagne de sensibilisation, soutenue par les chaînes Canal+ et France Ô. Au début, on croit à un petit jingle comme on peut en voir juste avant la météo à la télé. Un champ de blé, les oiseaux qui chantent, le coucher du soleil... Et puis on comprend vite qu’on va nous parler d’autre chose que de la pluie et du beau temps. "Notre présentatrice n'assurera pas la météo. Non pas pour cause de distanciation sociale mais parce qu'elle a ses règles", entend-on en voix off avant de découvrir le message de sensibilisation. Ça a le mérite d’être clair et d’éveiller les consciences.
Les règles sont toujours aussi taboues et il est encore très délicat pour les personnes réglées d’évoquer ce sujet avec leurs professeurs ou leur employeur. Une étude menée aux Pays-Bas et publiée dans la revue anglaise British Medical Journal révélait que 14% des interrogées ont déjà déserté leur lieu de travail parce qu’elles étaient indisposées et 3,5% le font presque tous les mois. L’enquête affirmait aussi que les jeunes filles de moins de 21 ans sont trois fois plus susceptibles d’être absentes de leur poste que les collègues plus âgées.
Des protections mensuelles gratuites pour les femmes précaires
Pourtant, il semblerait que la précarité menstruelle soit enfin prise en considération par les pouvoirs publics. Lors de la journée mondiale de l'hygiène menstruelle le 28 mai dernier, le gouvernement français a annoncé la distribution gratuite de protections hygiéniques aux femmes précaires. Cette “expérimentation”, dévoilée dans une tribune publiée sur le site du Huffington Post, aura lieu dans le Haut-Rhin en septembre 2020. Les tampons et serviettes hygiéniques seront disponibles “dans les épiceries sociales, accueils de jour, les foyers et les centres d’hébergement, les établissements d’incarcération, mais aussi les établissements du second degré et les universités” tandis que “des maraudes permettront de distribuer des protections aux femmes en difficulté”.
Le communiqué annonçait aussi que Règles Élémentaires allait recevoir une dotation de 60 000 euros “pour soutenir les collectes et la distribution de produits d’hygiène, sensibiliser, informer et former les intervenants sociaux et bénévoles et intervenir auprès des femmes en situation de précarité”.
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