Sylvie Testud se confie sur ses débuts difficiles : "On me disait que j'étais atypique, j'avais l'impression d'être un objet"

LA ROCHELLE, FRANCE - SEPTEMBER 15: Sylvie Testud attends the
Sylvie Testud se confie sur ses débuts difficiles : "On me disait que j'étais atypique, j'avais l'impression d'être un objet". (Photo by Sylvain Lefevre/Getty Images)

Sylvie Testud, actrice et réalisatrice du film "Maman, ne me laisse pas m'endormir", diffusé ce mercredi 26 avril sur France 2, a construit une belle carrière, que ce soit au cinéma ou sur les planches, devant et derrière la caméra. Pour autant, comme de nombreuses comédiennes, elle a connu des débuts difficiles, où on a voulu la ranger dans une case en se basant sur son physique.

Sylvie Testud est rompue à l'exercice de la promotion. Alors qu'elle s'apprête à présenter son deuxième film, "Maman ne me laisse pas m'endormir", ce mercredi 26 avril sur France 2, la réalisatrice fait le tour des plateau télé et des médias. Un moment que certains acteurs exècrent, car ils répètent toujours la même chose, mais un moment aussi où ils peuvent être surpris par les questions, qui s'éloignent parfois du film dans lequel ils jouent.

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"Il ne faut pas plier face à ce que les gens disent de vous"

Lors d'une interview à l'occasion de la sortie de la comédie "Tamara", en 2016, pour le site Madmoizelle, Sylvie Testud, qui joue la mère de l'héroïne, s'est confiée sur ses débuts difficiles en tant qu'actrice et sur combien elle avait souffert du fait d'être mise dans une case en fonction de son physique. "Au tout début, on me sortait tout le temps un mot, c'était "atypique". Moi, j’entendais, "rien", c’est affreux. Il y a des mots, qui n'arrêtent pas de tourner, qui tournent dans le cinéma mais qui tournent aussi dans la vie. Il y a un côté terrible, il faut être comme ci, pas comme ça, elle est trop comme ci, pas assez comme ça... Et à un moment, vous avez l’impression que vous êtes un objet, et là il faut lutter et dire 'pense ce que tu veux, je te donne le droit, mais moi je vais essayer de ne pas rentrer là-dedans.' C'est l'obstacle principal, de ne pas plier face à ce que les gens disent de vous."

L'actrice estime que le sexisme ne s'arrête malheureusement pas aux plateaux de cinéma : "Dans la vie de tous les jours, on est matraquées. 'Oh t'as vu, elle n'a pas un beau c*l, oh t'as vu, ses cheveux...' Il y a un moment, on a envie de dire 'retournons-nous et regardons ta tronche, tu n'as pas de conseils à donner, à personne, donc maintenant tu te tais.' Il y a un moment on en a marre." Et d'ajouter : "On peut aussi avoir le droit de ne pas forcément concourir pour un concours de mannequinat. (...) Jean-Louis Trintignant disait tout le temps 'bah t'as qu'à t'en foutre', je trouvais ça très bien, c'est un bon conseil."

"Harvey Weinstein m'a regardée de haut en bas"

Dans sa carrière et dans sa vie, Sylvie Testud a donc été confrontée au sexisme, très présent dans le milieu du septième art. Elle a ainsi notamment croisé la route du producteur Harvey Weinstein, condamné pour viol et agressions sexuelles, au coeur du mouvement #MeToo. "Je n'ai pas connu la promotion canapé. Mais un nombre incalculable de copines m'ont raconté", a-t-elle confié au magazine Paris Match, en 2022. Est-ce son physique qualifié d'"atypique" qui l'a sauvée ? "Avec Harvey Weinstein, j'ai vécu la même chose que Valérie Lemercier : il m'a regardée de bas en haut, il m'a souri, et il s'est détourné. Je n'étais pas son genre ! (...) Ou peut-être qu'il n'a pas senti la faille."

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Celle qui a également fait le choix de réaliser des films a dû batailler aussi pour être derrière la caméra, et pour que ses projets voient le jour. "Avec les producteurs, pour monter mes films, je dois me bagarrer plus qu'un homme. Je ne suis pas dans la séduction. Mais je vois qu'il me faut vingt minutes de plus qu'un mec pour développer mes arguments. Démontrer que j'ai autant de poids qu'un homme", a constaté Sylvie Testud, endurcie, pour qui "l'auto-dérision reste (son) refuge."

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