Annelise Hesme dénonce les comportements sexistes de certains producteurs à ses débuts
Le monde du showbusiness a été largement touché par le mouvement #MeToo. Actrices, réalisatrices, productrices... Des centaines de femmes ont dénoncé les comportements sexistes dont elles ont été victimes. Annelise Hesme, à l'affiche du téléfilm "Le canal des secrets", ce jeudi 2 mars 2023 sur France 3, en fait partie. Dans un témoignage glaçant, elle a raconté comment son agent et un producteur avaient tenté de la convaincre de se prostituer à ses débuts.
Être une femme dans le monde du showbusiness, c'est encore malheureusement trop souvent être considérée comme une cible facile ou/et une personne prête à tout pour obtenir son heure de gloire. Par le passé, nombreux sont les hommes de pouvoir, producteurs et réalisateurs, à en avoir abusé. La preuve avec Harvey Weinstein, mis en cause par plusieurs dizaines de victimes et condamné à une lourde peine de prison pour viols et agressions sexuelles. Mais le harcèlement sexuel a pris une autre forme pour Annelise Hesme, comme elle l'a confié sur Instagram, en décembre dernier.
"Faire mon métier mais sans caméras"
Annelise Hesme a 46 ans, et elle est notamment connue pour avoir joué dans la série française "Nina", ainsi que dans de nombreux projets francophones. Elle a fait ses débuts dans le film "Tanguy", en 2001, alors qu'elle n'avait qu'une vingtaine d'années. Pleine de rêves pour l'avenir, la comédienne confie avoir rapidement déchanté. "J'étais fragile et gentille mais il fallait l'être encore plus et pas de la façon dont ma mère m'avait élevé... Je rêvais d'être Antigone et de défier l'ordre établi, ils m'ont vu en Ismène (dans la mythologie grecque, elle est la soeur docile d'Antigone; ndlr) rose et dorée comme un fruit, qu'ils ont tous voulu croquer. Sauvagement."
Dès 2001, elle se retrouve confrontée à du harcèlement à peine dissimulé : "Arrive enfin ma première vraie expérience cinématographique, la réalisatrice est une femme, nous sommes fin 2001. À l'issue de la journée de tournage, elle m'invite à dîner avec 'des présences masculines qui adoreraient m'avoir à leur table', je décline poliment. J’étais fiancée amoureuse et enceinte de quelques semaines. J'avais échappé à une bataille mais pas à la guerre : quinze jours après le tournage, je suis envoyée par mon agent, une femme elle aussi (ce serait donc une question de pouvoir, d’entre-soi et pas de genre…) dans le bureau du producteur du film, et là, après m'avoir rappelé ma condition de pauvre 'c'est pas facile de commencer hein ?', il me propose littéralement de "faire mon métier mais sans caméras"."
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"Libre à moi de me faire plus d'argent le soir"
L'homme lui explique alors qu'il organise des "dîners, déjeuners, petits-déjeuners, avec des acteurs, réalisateurs, producteurs, distributeurs (la version féminine de ces métiers n'a bien sûr jamais été évoquée), qu’ils aiment avoir de jolies femmes à leur table, que bien sûr c'est rémunéré et puis si dans le lot il y en a un qui me plaît, libre à moi de me faire plus d'argent le soir..." Sous le choc, elle refuse. "J’ai des difficultés à respirer, il sent mon refus imminent et tandis que je sors, me hurle rageur : "Qu’est-ce que tu veux les putes ça leur suffit plus !"
Cette histoire, Annelise Hesme n'a pas voulu la garder secrète. Mais quand elle en parle à son agent, elle se retrouve face à un nouveau mur. "J’en sors détruite, c’est un système, mon agent me déconseille d’aller chez les flics : 'C’est ta parole contre la sienne.' J’ai eu peur et je n’ai rien dit alors que ce producteur avait été mis en examen et incarcéré pour des faits similaires allant jusqu’au viol en 1997." Et de conclure : "Le cinéma français avait aussi son Weinstein et grâce à la justice française et à l’omerta du milieu, tout ce beau petit monde n’a jamais été inquiété. La poupée qui dit non n’aura plus d’autres belles propositions et surtout mauvaise réputation."
Depuis, la comédienne a su prouver son talent, mais elle en a conscience : son refus de se plier aux demandes de ce producteur a sans doute été un frein au début de sa carrière...
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