Amelle Chahbi : "Être une femme arabe et monter sur scène, ça dérange"

French actress Amelle Chahbi poses during a photocall as part of the 46th US Film Festival of Deauville, Normandy, on September 11, 2020. (Photo by LOU BENOIST / AFP) (Photo by LOU BENOIST/AFP via Getty Images)
Amelle Chahbi : "Être une femme arabe et monter sur scène, ça dérange". (Photo by LOU BENOIST/AFP via Getty Images)

À l'affiche d'"Entre ses mains", ce lundi 5 juin sur TF1, Amelle Chahbi a une longue carrière derrière elle. Comédienne, réalisatrice et autrice de théâtre, elle a évoqué les remarques et les critiques qu'elle avait pu recevoir en tant que femme arabe et médiatisée.

Amelle Chahbi brûle les planches depuis longtemps. Propulsée sur le devant de la scène par le "Jamel Comedy Club", sur Canal+, au début des années 2000, elle se lance ensuite dans le monde du cinéma. D'origine marocaine, elle signe son premier documentaire, "Pourquoi nous détestent-ils ?"en 2016. Le film s'interroge notamment sur la place des arabes en France et les relations que le pays entretient avec cette tranche de sa population. Une manière de se questionner également sur sa propre identité.

"Je reçois des menaces de mort"

"Le fait d'être une femme et de monter sur scène, c'est déjà un peu politique, et ça dérange", lâche Amelle Chahbi dans Boomerang, en 2016. La réalisatrice ajoute : "Et d'être rebeu. Tu montes sur scène, t'es rebeu et ton conjoint [l'humoriste et acteur Fabrice Eboué, de qui elle est désormais séparée; ndlr] est renoi, comment dire, là, c'est la complète !"

Vidéo. Amelle Chahbi séparée de Fabrice Eboué : "Il me trouvait insupportable", leur romance n'avait pas bien commencé

Interrogée par Augustin Trapenard sur les réactions violentes qu'elle a pu évoquer dans son documentaire vis-à-vis de ses positions pacifistes et antiracistes, y compris de la part d'arabes, Amelle Chahbi le reconnaît : "Dans ma communauté, il y a des incompréhensions. Heureusement, ce sont 10 imbéciles. Ce n'est pas tout le monde, mais oui je reçois des messages sur les réseaux sociaux. 'Tu es la honte !'... Mêmes des menaces de mort, des trucs incroyables, invraisemblables. Je pense que quand ces personnes-là sont derrière leur ordinateur, ça dit tout et n'importe quoi, mais je pense que si je les rencontre, ils vont changer d'avis."

"Mon cœur s'est brisé"

Amelle Chahbi en est convaincue : le dialogue et la patience peuvent permettre de lutter contre les préjugés. Et ce, même lorsqu'elle se retrouve nez-à-nez avec une personne qui se déclare ouvertement raciste, lors d'une manifestation en l'honneur de Jeanne D'Arc. La réalisatrice est revenue sur cette séquence de son documentaire : "Je lui demande. (...) Est-ce que vous êtes raciste ? Il me répond 'oui', il me répond même qu'il est révisionniste. Je luis dis clairement 'si vous ne voulez plus d'arabes, comment voulez-vous procéder ?' Il me dit 'c'est simple, il faut procéder à une épuration.' Ce mot... Mon cœur est brisé, je me dis 'calme-toi, il ne faut pas que tu t'énerves, il faut vraiment instaurer le dialogue.' (...) J'ai l'impression que la clé d'un changement positif, c'est de passer par l'empathie." La comédienne analyse : "Je pense que ce gars-là fantasme les "arabes méchants", les arabes "caillera" qui vont te voler ton portable dans le métro... Il y a de ça, mais ce n'est pas que ça, et il bloque là-dessus."

Pour porter ses messages, Amelle Chahbi compte sur "l'art et le rire en général" : "Ce sont des armes incroyables. (...) Elles permettent, en douceur, de faire changer les a priori et surtout de prôner ce vivre-ensemble."

À lire aussi :

>> Rachida Brakni : "Il y en a marre des racistes contre les banlieues et les Algériens"

>> Claudia Tagbo : "Femme, noire et ronde… On m'a déjà dit que j'étais ‘trop présente pour la caméra'"

>> Camélia Jordana : "Quand j'étais petite, j'avais hyper honte de mon identité arabe"