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Une enquête de plusieurs années, 900 parties civiles et 28 millions d'euros de préjudice: le procureur Vincent Legaut revient mardi, dans ses réquisitions, sur "l'exceptionnelle" escroquerie aux diamants ou au cryptomonnaies dite "Carton rouge", jugée à Nancy jusqu'à vendredi.M. Legaut a souligné le caractère "exceptionnel" de cette affaire, par le nombre de victimes et l'ampleur du préjudice, mais surtout "par ce que l'enquête a permis de mettre en lumière", à savoir "une vaste organisation", répartie entre la France et Israël. Le magistrat a aussi regretté "l'absence totale d'empathie" ou de "prise de conscience des conséquences de leurs actions" de plusieurs prévenus lors des trois semaines de procès. Ils sont 22 à être poursuivis, dont trois en fuite sous le coup d'un mandat d'arrêt. Mais mercredi et jeudi, alors que les avocats de la partie civile plaidaient, "aucun prévenu" n'était présent. Ils ne sont que cinq à avoir fait le déplacement pour écouter les réquisitions.Pourtant, les agissements qui leurs sont reprochés ont porté atteinte à "l'intégrité patrimoniale" des victimes, certes, mais aussi à leur intégrité "morale", a souligné M. Legaut.Plusieurs dizaines de victimes écoutent attentivement la démonstration du représentant du ministère public à cette audience qui a été délocalisée au Centre de congrès, au vu du nombre de parties civiles mais aussi d'avocats, qui sont environ 150 à intervenir.La durée de l'instruction a été longue, a reconnu le magistrat, mais elle était nécessaire, alors que "plus de 200 comptes" en banque ont été ouverts dans 19 pays, a-t-il encore précisé. Et encore, "on est forcément passés à côté de beaucoup de comptes, c'est inévitable".Les prévenus avaient des rôles à différents niveau de l'organisation: certains étaient poursuivis pour "association de malfaiteurs", pour avoir notamment créé les sites internet frauduleux qui servaient d'appât aux victimes et de support aux escroqueries.- "Bourbier" -C'est sur ces sites que les victimes laissaient leurs coordonnées pour se renseigner sur les investissements dans les diamants ou les cryptomonnaies.Elles étaient très rapidement rappelées par les escrocs, souvent basés dans un centre d'appels en Israël.Il en existe de nombreux dans ce pays, selon un prévenu, Emmanuel F., qui dit que "des pères de famille" s'y pressent, pensant travailler légalement, mais que dans "90% des cas", ce sont des escroqueries, "un bourbier" dont ils ont du mal à s'extraire."Ces propos lui appartiennent", a déclaré M. Legaut. Ce dernier a toutefois pointé un travail de "conditionnement psychologique" dans les centres d'appels, avec "des pages et des pages" de documents remis aux employés pour "crédibiliser" des rendements extraordinaires."Cinquante à 70 adresses mails de commerciaux" ont aussi été créées, a souligné M. Legaut, "ce qui en dit long sur la force de vente des escrocs depuis Israël".D'autres prévenus, notamment ceux à qui il est reproché d'avoir appelé les victimes, sont aussi poursuivis directement pour les faits d'escroquerie. Des tentatives de fraudes ont aussi été étudiées à l'audience, qui ont visé des clubs de football professionnels: au total, une douzaine ont été ciblés mais l'instruction portait seulement sur six tentatives (contre Lorient, Marseille, Brest, Rennes, Nantes et Dijon).- Comptes en Bulgarie, à Malte -Trois autres clubs, Sochaux, Angers et Toulouse, ont chacun versé des sommes comprises entre 10.000 et 35.000 euros, après avoir été contactés par de faux agents de joueurs qui voulaient en détourner les salaires.Aussitôt virés, les fonds ont transité vers des comptes bancaires ouverts à Malte ou en Bulgarie.Des prévenus ont aussi servi de prête-nom pour ouvrir des sociétés ou des comptes en banque.Mais "les têtes pensantes" du réseau n'ont pas fait le déplacement à l'audience, selon des prévenus. L'un d'eux, Youval T., a écrit des courriels au tribunal, dans lesquels il nie toute implication dans ce réseau. Il a toujours refusé de se rendre en France pour être entendu et affirme s'être fait voler son identité par un autre prévenu, présent à l'audience.Le procès doit durer jusqu'à vendredi, mais la décision sera mise en délibéré.mlx/bar/mdv