Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Je voulais devenir Miss France, mais mes bras étaient trop grassouillets"

Chirurgie esthétique, à la vie à la mort :
Chirurgie esthétique, à la vie à la mort : "Je voulais devenir Miss France, mais mes bras étaient trop grassouillets". © Getty Images

Un peu de botox par-ci, une augmentation mammaire par-là... La chirurgie esthétique est de moins en moins taboue. Ces opérations, longtemps cachées comme un secret honteux, sont désormais promues par les médecins qui les pratiquent comme par certaines stars et influenceurs ou influenceuses qui en ont bénéficié. À travers cette série "Chirurgie esthétique, à la vie à la mort", Yahoo tente de démystifier les raisons qui poussent les personnes à avoir recours à un acte de chirurgie, souvent irréversible, pour changer l'aspect de leur corps. Nous publierons une série de témoignages de personnes pour qui la chirurgie esthétique a changé la vie positivement ou négativement.

Si vous aussi vous voulez témoigner, vous pouvez envoyer un message à cette adresse : laetitia.reboulleau@gmail.com.

"Quand j'y repense : je me demande ce qui m'est passé par la tête." Prune a 34 ans, et pour ses 20 ans, elle a décidé de s'offrir une liposuccion des bras. La pratique est moins connue que celle qui vise à affiner la taille ou encore les cuisses, et pourtant, cette opération de chirurgie esthétique qui consiste à aspirer les graisses localisées n'est pas si rare. Elle est simplement peu évoquée.

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"Elle a des bras grassouillets"

C'est un concours de beauté qui a poussé Prune vers la chirurgie esthétique. "Quand j'étais jeune, je rêvais de devenir Miss France, et j'avais participé à quelques élections locales, sans jamais remporter la première place. C'est en entendant les membres du jury discuter que j'ai retenu une phrase qui m'a complexée à mort : "Elle a des bras grassouillets, c'est dommage." Je sais que ça peut paraître stupide, d'autant que je suis mince, mais ça m'a créé un véritable complexe. Je n'osais plus porter de manches courtes."

Si la jeune femme s'était tournée vers les concours de Miss, c'est parce que sa silhouette s'y prêtait. "1m74, une taille 36", énumère-t-elle : "Trop grosse pour être mannequin, mais assez grande pour être Miss France. Comme je rêvais de faire du mannequinat, je me suis dit que des titres de Miss pourraient m'ouvrir les portes des agences. Je ne pensais pas qu'elles m'ouvriraient celles d'un chirurgien esthétique. Avant ce commentaire, je n'avais jamais vraiment eu de complexes. Mes bras, c'est devenu mon obsession."

D'abord du sport, le bistouri comme recours

Après ce commentaire désagréable, Prune a commencé par se mettre au sport. "Je pensais que la musculation me permettrait de sculpter mes bras. J'ai fait tous les exercices recommandés par les magazines féminins, au milieu des régimes express, mais je ne voyais pas une grande différence", raconte-t-elle. "En y repensant, je me dis que c'est sans doute parce qu'il n'y avait rien à changer, en réalité. Mais à 20 ans, c'est pas si facile de se débarrasser de ses complexes, il n'y a pas la libération de la parole qu'il y a aujourd'hui."

Faute de résultats, elle décide alors d'opter pour la liposuccion des bras. "J'ai découvert ça par hasard, dans je ne sais plus quelle interview de star. La technique n'est pas très invasive, elle se fait en ambulatoire, sous anesthésie générale, mais avec des cicatrices minimes. J'avais des économies de côté, alors j'ai décidé de prendre rendez-vous avec un spécialiste." Ses parents, avec qui elle vivait à l'époque, ont été étonnés par sa démarche. "Mon père trouvait ça franchement ridicule. Ma mère était plus nuancée, elle avait sans doute plus conscience de l'impact des diktats sur la confiance en soi. Et puis, elle s'est fait faire une liposuccion du ventre, donc bon, elle ne voyait pas le problème, même si elle me répétait que j'étais très belle."

Un "examen express", et un rendez-vous pris

L'année de ses 21 ans, en octobre, Prune a pris sa décision. "Les élections locales pour devenir Miss se déroulaient au début printemps. Je me suis dit que ça laisserait le temps aux cicatrices d'être moins visibles. J'ai donc pris rendez-vous pour une première consultation. Le chirurgien qui m'a accueillie m'a oscultée en trois minutes chrono, m'a demandé pourquoi je faisais ça, et m'a dit que ça me permettrait de perdre quelques centimètres de tour de bras. Il m'a donné quelques semaines pour réfléchir, m'a fixé un rendez-vous avec l'anesthésiologiste, et c'était parti."

Après l'opération, la Miss aspirante se souvient de ne "pas avoir beaucoup vu de différence". "Au début, je pensais que c'était à cause des oedèmes, puis j'ai réalisé que c'était parce qu'il n'y avait pas grand chose à retirer." Les cicatrices sont minimes, elles passent presque inaperçues. Un résultat satisfaisant, donc, mais qui ne lui permet toujours pas d'être choisie pour représenter sa région à l'occasion du concours Miss France. D'autant que l'élection interdit les procédures de chirurgie esthétique ! Consciente de la situation, Prune concède : "Je comptais ne rien dire si j'étais élue, les cicatrices sont quasi invisible, je ne vois pas comment ils auraient su. A l'époque, je ne m'étais pas davantage posé la question pour être honnête, d'autant que le cas ne s'est même pas présenté. Cet échec supplémentaire m'a éloignée des concours de beauté. Je me suis tournée vers des études de communication, et c'est toujours ce que je fais aujourd'hui, précise-t-elle."

Plus de 10 ans plus tard, elle porte un oeil différent sur son passage sur le billard dans sa jeunesse. "J'aurais aimé que cette opération change ma vie, mais ça n'a pas été le cas. Aujourd'hui, même si je comprends pourquoi je l'ai fait à l'époque, la moi actuelle trouve ça ridicule, et se demande comment j'ai pu me laisser me convaincre qu'il y avait un problème avec mes bras." Loin de l'univers des concours de beauté, elle travaille désormais au côté de marques "qui font la promotion du body-posi". "Forcément, j'ai un oeil sur ça, et j'essaye de mettre mon grain de sel pour que les campagnes de com tiennent leur promesse. Je bosse sur des spots dans lesquels j'aurais aimé participer dans ma jeunesse, mais pour laquelle j'étais cataloguée "trop grosse". Ça me permet de réaliser à quel point les moeurs ont changé. C'est plutôt chouette", conclut-elle.

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