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Largué.e, délivré.e : "J’ai eu l’impression d’être un monstre"

Largué.e, délivré.e :
Largué.e, délivré.e :

Vous vous rappelez de ce sentiment de vide quand il ou elle prononce l’irrévocabilité ? Pourtant, les ruptures, si elles peuvent apparaître insurmontables, nous apprennent toujours. Largué.e, délivré.e raconte ces moments de la vie où il a été question de se réinventer pour vivre une vie plus belle encore.

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Désiré a 52 ans et s’est retrouvé célibataire l’année dernière après 25 ans de relation avec sa compagne : "On n'avait pas une vie très excitante mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me quitte. Pour moi, on quitte pour des choses graves, pas parce qu’on s’ennuie. Mais elle a décidé qu’elle méritait mieux et je ne peux pas lui en vouloir pour ça."

La rupture est abrupte : "Elle m’a parlé comme si elle avait peur de moi et de mes réactions. Mais je n’ai pas été en colère, juste choqué. J’aurais aimé qu’on se donne une chance que ça marche mais je peux comprendre qu’elle n’attende rien de plus de moi après 25 ans. Sa réaction, sur la défensive, m’a quand même blessé. J’ai eu l’impression d’être un monstre alors qu’elle n’avait rien à me reprocher au fond. J’imagine que c’était aussi plus facile pour elle de le vivre comme ça. Pour moi, ça a été un déchirement. Je m’en fichais de savoir comme j’allais vivre seul mais je n’ai pas supporté son attitude. Notre histoire, c’est juste deux personnes qui ne savent plus trop si elles s’aiment et qui ont souffert des épreuves de la vie. C’est terriblement banal et ce n’est pas le drame qu’elle a voulu que ce soit."

Un célibat qui ne change pas grand chose à son quotidien

Désiré s’accommode bien de son célibat : "Comme on vivait côte à côte depuis longtemps, je n’avais pas le sentiment de partager grand-chose avec qui que ce soit. Et je suis quelqu’un de plutôt autonome. Je me fais à manger, j’ai mes loisirs. Je n’ai pas envie de qui que ce soit dans ma vie pour l’instant et je ne suis pas sûr que ça revienne un jour. Il y a des jours où je me dis que je suis heureux, ça me va très bien comme ça."

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Cette rupture, plutôt que de le rendre solitaire, lui a plutôt apporté une plus grande vie sociale : "Avec les années, on avait pris des habitudes. On se suffisait l’un à l’autre sans se demander vraiment si c’était satisfaisant. On avait juste quelqu’un avec qui regarder la télé tous les soirs. Être seul m’a donné envie de revoir des gens, d’avoir de vraies conversations, de me soucier du bien-être de mes proches. Ça m’a rapproché de mon fils et de ma famille, dont ma soeur à qui je ne parlais plus trop depuis 10 ans sans raison. Mon fils est adulte et a bien vécu la rupture, il est content que ça nous permette de passer du temps ensemble. Et lui, comme moi, espère que sa mère va être un peu heureuse maintenant."

Une rupture "pour le mieux"

Pour la suite, Désiré est serein : "Je vais continuer à mener ma petite vie tranquille. Je suis bien dans mon travail, bien dans ma vie. Il n’y avait pas de place pour la passion et ça ne me dérange pas. Ça ne m’a jamais manqué. J’envisage de prendre un chien pour avoir un compagnon à qui parler le soir et j’ai commencé à faire du vélo avec une association locale. Je vis ma vie à mon rythme, je me sens plus léger. Ça m’arrive de regretter que ça n’ait pas marché avec ma femme surtout au moment des fêtes et des anniversaires, mais je sais que cette rupture c’était pour le mieux. Je ne lui en veux pas et je la remercie même. Je ne m’en rendais pas compte mais avec elle, je me sentais souvent coupable. Je m’installais à ses côtés dans le canapé et je m’en voulais de ne pas avoir d’idée de conversation ou de proposition plus passionnante à faire. Je m’en voulais de ne pas avoir envie de voyager pendant les vacances ou de ne pas avoir envie d’aller au restaurant. Cette vie-là, je ne pouvais pas lui donner, ou pas suffisamment. C’est bien qu’elle la cherche par elle-même ou qu’elle trouve quelqu’un d’autre pour la partager. On n’a qu’une vie, elle a raison d’en profiter. Moi, j’en profite. J’ai juste d’autres besoins qu’elle. C’est juste dommage qu’elle ait mis 25 ans à s’en rendre compte mais je n’en suis pas fâché, avec elle j’ai eu un fils formidable."

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